“Je t’en supplie, n’oublie pas, n’oublie rien, jamais, jamais… Et crie la vérité, même si elle dérange, même si elle déplaît… Sans haine donc, en seule Justice, comme en toute Humanité… Pour que dans le monde entier triomphent enfin l’Homme et la Liberté. »
C’est par ces mots qu’Eugène Marlot, un ancien déporté du camp de concentration de Natzweiler, s’exprime. Un message universel de vigilance et d’espoir face à la barbarie nazie dont il a été victime. Et ce sont ces mots qui ont été choisis pour débuter la visite du Centre Européen du résistant déporté. Un prélude à la visite du tristement célèbre « KL-Natzweiler » (Konzentrationslager Natzweiler) : le « Struthof ».
Le Struthof, bien plus proche qu’on ne pourrait le croire !
Seul camp de concentration présent sur le territoire français actuel. Le KL-Natzweiler, situé dans ce qui était alors l’Alsace annexée, a fait partie d’un réseau de 70 camps annexes. 52 000 personnes y sont déportés et plus de 22 000 y trouvèrent la mort entre 1941 et 1945. Lieu de travail pour alimenter en granit les grands travaux du Reich et lieu d’expérimentations « scientifiques », le KL-Natzweiler a été l’un des camps les plus meurtriers du système nazi.
C’est dans ces lieux d’histoire, de mémoire et de souffrance, qu’on invite le visiteur à découvrir ce qu’était l’insoutenable réalité du système concentrationnaire nazi.
Le CERD, passerelle entre histoire et mémoire
En préambule de la visite du site historique, le Centre Européen du résistant déporté, inauguré en 2005, évoque le vaste et organisé système de camps mis en place par l’Allemagne nazie. Il aborde les 14 principaux camps de concentration et d’extermination avec des bornes interactives présentant des centaines de documents (l’origine du camp, l’arrivée des déportés, les journées de travail, la mort, …). Cette plongée dans l’horreur est d’autant plus saisissante que de nombreux objets témoins l’illustrent parfaitement. Des anciens déportés ou les familles de disparus les prêtent régulièrement pour alimenter le travail de mémoire.
Contre la barbarie, s’engager, résister, combattre
La visite se poursuit avec l’exposition permanente sur les résistances au régime nazi et le passage dans la « Kartoffelkeller » qui signifie la « cave à pommes de terre » en allemand. Ce grand vaisseau de béton constitue le cœur du CERD. Construit sur ordre des SS à partir de 1943, la « Kartoffelkeller » est véritablement devenu le symbole de l’oppression et de l’avilissement des déportés par le travail et de la volonté d’anéantir toute résistance.
Le site historique, protégé et classé
Ensuite, le visiteur entre sur les vestiges de l’ancien camp, classés aux Monuments historiques. Un musée a été spécialement créé sur l’histoire du lieu afin de permettre une meilleure compréhension de ce qui est vu sur le site.
Pourquoi le camp a été créé ? Qui sont les déportés ? Comment était administré le camp ? Quelles étaient les « expérimentations scientifiques » auxquelles se livraient les nazis ? Quelle était la vie quotidienne des déportés ? Comment s’est passée l’évacuation du camp lors des avancées des Alliés vers l’Est ? Toutes ces questions y sont abordées et permettent de contextualiser ces vestiges. Quatre baraques, un four crématoire, une chambre à gaz, des miradors, la place d’appel et une enceinte barbelée témoignent encore des crimes commis en ces lieux.
Pourquoi l’appellation « Struthof » ?
Le camp KL-Natzweiler n’a jamais eu l’appellation Struthof dans les documents officiels nazis. Ce nom a été accolé usuellement au camp car les déportés, qui étaient en train de le construire, résidaient avec l’administration nazie à l’hôtel du lieu-dit du Struthof, une ancienne station de ski réputée au début du XXe siècle.
Le Struthof devenu un haut lieu de mémoire
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’histoire et la mémoire du site ont évolué au rythme de la conscience collective française. Des aménagements architecturaux ont vu le jour pour commémorer le souvenir des déportés.
Ainsi, le Mur du Souvenir est devenu le principal lieu de recueillement à l’intérieur de l’enceinte du camp. Une cérémonie nationale du souvenir est également organisée chaque année. Dans ce travail de mémoire, la sensibilisation et la transmission aux nouvelles générations est essentielle. Recevant près de 90 000 scolaires par an, le CERD a une importante mission pédagogique : celle de susciter chez les jeunes visiteurs la conscience de leur rôle de citoyens et de les appeler à la vigilance face aux menaces extrémistes qui font encore l’actualité…
Par Ségolène Lhommée,
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1 Comment
Lire votre article me replonge dans la visite de ce site abominable qui m’a fait cauchemarder bien des nuits…l’homme est d’une violence et d’un sadisme extrême !!!