La comtesse de Ségur publie Les Malheurs de Sophie en 1858. Les générations d’enfants qui se sont succédé depuis ont toutes en tête quelques-unes de ses bêtises et des corrections mémorables qu’elle collectionne.

Sophie Rostopchine, Comtesse de Ségur
Sophie Rostopchine, Comtesse de Ségur

Les Malheurs de Sophie est en fait le premier tome d’une trilogie 

Lui succèdent ainsi Les Petites Filles modèles et Les Vacances. Le roman met en scène une petite fille aussi attachante qu’incontrôlable, qui multiplie les gaffes et les bêtises. Dans ce texte, chaque chapitre forme une unité propre. Sur le modèle des fables, chaque épisode se termine par une morale. Il serait bien dommage de réserver Les Malheurs de Sophie aux enfants, tant ce roman est riche de réflexions précieuses sur l’éducation.

Un texte pour enfants, vraiment ?

Illustration représentant le personnage principal, Sophie.
Illustration représentant le personnage principal.

Si Les Malheurs de Sophie n’a cessé, depuis sa parution, de faire l’objet d’adaptations diverses et variées, c’est bien que sa valeur excède celle d’un roman de divertissement pour les enfants. La plus récente adaptation cinématographique est celle de Christophe Honoré (2016) ; mais la plus mythique reste celle de Jean-Claude Brialy (1979) – disponible sur le site de l’INA.

En dépit des bêtises de Sophie et de leur effet comique

La comtesse de Ségur utilise chacun des épisodes qu’elle met en scène pour aborder un questionnement moral. Comme dans la plupart des contes, ces morales sont toujours bien plus subtiles qu’elles n’en ont l’air. Si les contes séduisent les enfants, ils ont en effet largement de quoi remettre en cause les certitudes des adultes.

Loin d’être un seul divertissement, Les Malheurs de Sophie est donc aussi un texte engagé, qui porte une pensée de l’éducation particulièrement moderne, et dont les réflexions sont toujours d’actualité.

Une éducation moderne

Page tirée du livre Les malheurs de Sophie
Page tirée du livre

Quand les bêtises de la petite Sophie sont trop graves, sa mère n’hésite pas à la fouetter – c’est courant à l’époque. Mais la comtesse de Ségur utilise les réactions de Sophie à ces punitions pour montrer que les châtiments corporels ne sont d’aucune utilité dans l’éducation. Ils apparaissent injustes et disproportionnés à la petite fille, et ne lui permettent pas de comprendre en quoi elle a mal agi.

De la même façon, il est courant que la mère de Sophie utilise la culpabilité de sa fille pour la punir. Elle met ainsi la petite dans une position souvent humiliante, que Sophie ressent de manière particulièrement douloureuse, et qui a souvent l’effet inverse de celui escompté. Tout se passe ainsi comme si l’autrice incitait ses lecteurs adultes à prendre conscience de la nécessité d’expliquer aux enfants pourquoi certains comportements leur sont imposés et d’autres interdits.

Sophie est un personnage particulièrement audacieux

Comme une dernière touche de modernité dans ce texte du XIXe siècle. En dépit de sa condition de petite fille, et contrairement à ses deux copines Camille et Madeleine, Sophie est aventureuse, curieuse et insolente. Ni douce, ni délicate – bien au contraire ! – rien ni personne ne parvient à faire peser sur Sophie les contraintes qui écrasent pourtant les petites filles de la bourgeoisie à l’époque. Et c’est aussi ce qui la rend particulièrement attachante.

Autre page tirée du livre

Si vous connaissez un parent débordé par les bêtises de ses enfants, partagez-lui cet article : l’inventivité de Sophie en la matière ne pourra que le faire relativiser !

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Par  Sophie Benard ,

Sophie est journaliste au Monde des livres et à AOC. Diplômée de L’École Normale supérieure en philosophie, elle prépare actuellement une thèse de doctorat sur les écritures de soi de femmes et leurs rapports au langage. Il est autant possible de la croiser à la Philharmonie de Paris qu’à un concert d’Ed Sheeran au stade de France.

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