Du haut de son esplanade et de ses colonnes en marbre, le palais de Tokyo règne sur l’avenue de New York à Paris. Il abrite un espace de création unique en France et dans le monde. Zoom sur son histoire et sa programmation.

Fondé en 1937, le palais de Tokyo est l’un des hauts lieux parisiens de l’art. Il tient son titre du « quai de Tokyo », ancien nom de l’actuelle avenue de New York. Son bâtiment s’inscrit dans un style Art Déco imaginé par André Aubert. En termes de volume, il abrite avec ses 22 000 m² l’un des plus grands espaces dédiés à l’art contemporain au monde. Son histoire est pleine de rebondissements et sa programmation résolument pluridisciplinaire.

Un centre d’art à l’histoire mouvementée

Le palais actuel est l’un des trois bâtiments construits en 1937 pour l’Exposition internationale. Il est alors le palais des Musées d’art moderne et remplace le musée du Luxembourg, fermé. Il abrite durant l’Exposition 1300 œuvres d’art français depuis le Moyen-Âge. Plus tard, la ville de Paris décide d’y présenter temporairement ses collections et d’ouvrir le Musée national d’Art moderne.

La Seconde Guerre mondiale est une période particulière pour le centre. Ses sous-sols font office de lieu de stockage pour des biens juifs. Ceux-ci risquant d’être spoliés.

Le palais est ensuite occupé successivement par plusieurs institutions : Fonds national d’art contemporain, Institut des hautes études en arts plastiques, Centre national de la photographie, FEMIS…

C’est en 1999 que la ministre de la Culture Catherine Trautmann prend une décision radicale. Elle fait installer un centre d’art contemporain dans la zone ouest du bâtiment. Ce centre est dès lors dédié à la création émergente, en particulier de France et d’Europe. Le Palais de Tokyo – Site de création contemporaine, est officiellement ouvert en 2002. Les espaces sont conçus par les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal.

Une vocation pluridisciplinaire

Depuis sa création, le palais se veut un lieu d’art accueillant toutes les disciplines artistiques. Toutes les formes d’art y ont leur place : cinéma, danse, design, littérature, mode, peinture, performance, sculpture, vidéo. La muséographie y est très modulable et peut donc s’adapter à tous types d’expositions.

Des artistes émergents ainsi que des personnalités plus confirmées y sont régulièrement invitées. Au-delà de simples expositions temporaires, les artistes ont souvent carte blanche pour créer des œuvres au sein du palais. Une attention particulière est portée à la création croisant le geste, la voix et le son par le biais du festival DO DISTURB.

Afin de pérenniser la présence des artistes sur les lieux, le palais de Tokyo organise souvent des résidences de longue durée. La dernière en date a duré quinze ans. Il s’agissait du laboratoire de création Pavillon Neuflize OBC. Celui-ci avait pour objectif de mettre en œuvre plusieurs projets, notamment collectifs, avec des partenariats en France et à l’étranger. Le Pavillon a ainsi collaboré en 2015 avec le ballet de l’Opéra national de Paris pour créer un spectacle expérimental. Ce dernier a été donné en représentation au Palais Garnier l’année suivante.

Quelques exemples d’événements

Abraham Poincheval, Œuf, Flickr
Abraham Poincheval, Œuf, Flickr

L’une des expositions marquantes du palais a été la double manifestation consacrée à Abraham Poincheval en 2017. Dans la performance intitulée Pierre, l’artiste s’est enfermé dans un rocher une semaine durant. Il souhaitait explorer les liens entre le règne humain et minéral et le concept de l’immobilité physique. Œuf relevait d’une toute autre activité. Poincheval s’est installé dans un enclos de verre et a couvé des œufs de poule jusqu’à ce qu’ils éclosent. Pour lui, « qu’un homme couve des œufs [est intéressant] car cela pose la question de la métamorphose et du genre. Ce sont des énonciations très précises qui peuvent tout à coup devenir poreuses, s’éroder, se transformer ».

Deux ans plus tard, le palais de Tokyo a proposé une carte blanche à l’Argentin Tomás Saraceno. L’artiste a créé l’exposition ON AIR, métaphore de l’écosystème mondial reposant sur le vivant et l’inanimé. Profondément écologiste, ON AIR proposait une visite multisensorielle. Des musiciens, chercheurs, activistes, philosophes et même des visiteurs ont été invités à participer activement à la manifestation. 

Le palais de Tokyo continue donc depuis sa création de renforcer la scène artistique émergente

Fort de sa situation géographique et de son réseau, il constitue un lieu d’art contemporain majeur. Son atout principal réside sans aucun doute dans la dualité proposée entre jeunes créateurs et artistes confirmés sur le plan international.

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Par  Sarah Gouin-Béduneau,

Sarah est historienne de l’art et s’est spécialisée dans la gestion du patrimoine culturel. Elle aime toutes les formes de création visuelle, s’intéresse énormément à la musique et au patrimoine industriel et travaille actuellement dans la conservation et la documentation des biens mobiliers.

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