Hier underground, aujourd’hui mainstream, la pop culture représente aussi bien l’acceptation massive des valeurs marchandes libérales actuelles que les bouleversements culturels et sociaux de l’époque.

Entre ascension fulgurante du capital et cri libérateur de la jeunesse, société de divertissement et arts engagés et fédérateurs, ou lorsque la pop était aussi contre-culture.

De la culture de classe à la culture de masse

Les années post seconde-guerre mondiale sont gages d’une américanisation des sociétés à l’internationale. Ce phénomène, d’abord timide de 1870 à 1945, s’enracine avec le lancement du Plan Marshall. Dans l’optique d’aider à la reconstruction de l’économie européenne, les États-Unis se font plus indispensables que jamais. Dès les années 1960, l’aide publique américaine laisse la place aux initiatives des capitaux privés du pays. Ces derniers investissent le monde occidental, lui faisant adopter le modèle libéral et le principe de consommation de masse.

Ethel Scull 36 times, 1963
Crédits photographiques : Whitney Museum of American Art / Metropolitan Museum of Art, New York
Ethel Scull 36 times, 1963
Crédits photographiques : Whitney Museum of American Art / Metropolitan Museum of Art, New York

À la culture de classe se superpose, alors, la culture de masse. La première, profondément élitiste, se base sur un modèle social stratifié. La seconde, fondée sur des processus économiques consuméristes, se veut à la destination du plus grand nombre. C’est en opposition à cette nouvelle conjoncture qu’émerge la pop culture. Contraction de l’anglais « popular », communément traduit par « populaire », « ce qui vient du peuple », le mot « pop » désigne plus spécifiquement « ce qui sort de la rue ».

Andy Warhol, figure emblématique du genre, disait que ce courant artistique avait pour objectif la décontextualisation. Mettre « l’intérieur à l’extérieur et l’extérieur à l’intérieur ». Détournements d’images publicitaires diffusées à large échelle. Réappropriation des représentations sociales par le prisme du design. Des objets de la vie quotidienne ou même de la science-fiction. Le pop art devient total. Alternatif dans les années 1960-70, il conquiert progressivement toutes les couches de la société occidentale. Aujourd’hui, il est ainsi devenu l’art normatif par excellence.

Quand le star system devient alternatif : la place d’Andy Warhol

Auteur, éditeur, plasticien, producteur musical, réalisateurs de films expérimentaux et mannequin, Andy Warhol est connu dans le monde entier pour son œuvre. Aussi colorée que provocante, elle interroge la production d’images : sérigraphies de stars américaines, peintures acides d’objets consuméristes…

Au cœur de sa démarche, la communauté LGBT. Il filme entre autres des scènes de sexe queer, trans ou des séquences érotiques avec des drags queen. Ses productions artistiques dérangent la société américaine bien rangée. À la fin des années 60, il est placé sous surveillance avec son entourage. Loin d’en être intimidé, la carrière de ce ponte du pop art ne fait que commencer.

Crédits photographiques : Nat Finkelstein

Animal social obsédé par la notoriété, Andy Warhol est connu pour ses liens avec aristocrates, intellectuels ou célébrités. Parmi toutes ses activités artistiques, il s’emploie également à créer de l’image sociale en quantité industrielle. En janvier 1964, il ouvre les portes d’un immense loft new-yorkais : la Factory.

Atelier, studio d’enregistrement, il en fait aussi un lieu de rencontres, de rendez-vous et de fêtes loin des conventions sociales. Il se constitue ainsi une sphère sociale privilégiée. Elle se compose à la fois de jeunes artistes que de personnes en quête de gloire et de liberté. Parmi eux, le fameux groupe The Velvet Underground et son chanteur Lou Reed, produit par Andy Warhol. David Bowie ou Jean-Michel Basquiat y feront également quelques passages.

Andy Warhol en étendard

Dans le livre The Banality of Degradation: Andy Warhol, the Velvet Underground and the trash aesthetic, Simon Warner souligne l’importance d’Andy Warhol au sein de la contre-culture de l’époque :

: « En préférant la surface et le superficiel à la profondeur et la substance et en rejetant les motivations traditionnelles – justifications morales, conscience sociale ou ethos politique – l’artiste et ses disciples créèrent un univers esthétique cohérent qui s’écartait profondément autant du mainstream du milieu des années 1960 que de ceux qui le contestaient d’une manière plus conventionnelle. »

Jusqu’à la fin des années 80, Andy Warhol exercera un rapport de quasi-dépendance avec ceux et celles qu’il nommera ses superstars. Un microcosme social d’une créativité telle, qu’il fera ébranler les dogmes de l’art vieux de plusieurs siècles d’âge.

Par Charlotte Gabriel,

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Photo de mise en avant : Andy Warhol assis devant ses tableaux dans son studio, the Factory, à New York, le 12 avril 1983• Crédits : Brownie Harris/Corbis – Getty

Charlotte, parisienne de naissance et marseillaise d’adoption, se passionne pour l’histoire culturelle, la sociologie et l’anthropologie du corps et des genres. Professionnelle polyvalente dans le secteur de la culture, elle aime jouer des finesses de l’écriture et vibrer de rencontres en partage. Son univers ? Les cultures alternatives, la french touch et les tendances artistiques émergentes.

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