16 janvier 1920, Etats-Unis. Le 18e amendement, voté un an plus tôt, entre en vigueur dans la Constitution. Il est désormais interdit de produire, d’acheter ou de consommer de l’alcool sur l’ensemble du pays. C’est le début de la Prohibition.

Pendant 13 ans, les Américains vivent au rythme des trafics illégaux d’alcool, avant que le Blaine Act, voté en 1933, ne vienne mettre fin à cette période. Voici 5 choses à savoir sur la Prohibition.

1-  Une origine qui remonte au XIXe siècle

Agents fédéraux vidant des barils d'alcool
Agents fédéraux vidant des barils d’alcool

S’il faut attendre les années 1920 pour que la Prohibition se généralise à l’ensemble des Etats-Unis, elle existait déjà dans certains Etats dès le milieu du XIXe siècle. Cette lutte contre l’alcoolisme est menée par les églises évangéliques, désireuses de retrouver les anciennes valeurs morales américaines, qui auraient été souillées par l’arrivée massive d’immigrants.

En 1846, le Maine est le premier Etat à interdire l’alcool, suivi par le Vermont et le Minnesota en 1852. Quelques années plus tard, des militantes féministes créées la Women’s Christian Temperance Union. Cette association réclame la protection des ménages, ravagés par l’alcoolisme des hommes, ainsi que le droit de vote. Ces mouvements prohibitionnistes prennent de l’ampleur puisqu’à la veille de la Première Guerre Mondiale, 26 Etats sur 49 ont inscrit la Prohibition dans leur législation. Le vote du 18e amendement en 1919 est donc synonyme de victoire pour une partie puritaine de l’Amérique.  

2-  Saint-Pierre-et-Miquelon, plaque tournante du trafic d’alcool

Convoi de camions transportant des tonneaux d’alcool sur l’île de Saint-Pierre-et-Miquelon
Convoi de camions transportant des tonneaux d’alcool sur l’île de Saint-Pierre-et-Miquelon

Petite île de pêcheurs d’environ 5000 habitants, Saint-Pierre-et-Miquelon devient une véritable plateforme de contrebande d’alcool dans les années 1920. Idéalement située à l’est du Canada et des Etats-Unis, cette collectivité française profite de la Prohibition pour s’enrichir. Ce ne sont pas moins de 5 millions de bouteilles de champagne, de whisky ou de cognac qui transitent chaque année par le port de Saint-Pierre. Certaines maisons sont même construites avec les milliers de caisses de whisky !

Quand elles débarquent sur l’île, ces bouteilles sont soumises aux taxes françaises. Elles reprennent la mer et, à quelques encablures des côtes américaines, sont revendues à prix d’or. Tout ceci se fait évidemment dans le strict respect de la loi. La fin de la Prohibition en 1933 ralenti sérieusement le commerce d’alcool à Saint-Pierre-et-Miquelon.

3-  La Prohibition, à l’origine des courses de la NASCAR

La célèbre Ford 1940 coupé
La célèbre Ford 1940 coupé

Imaginez une course poursuite entre les trafiquants d’alcool et les agents de police de l’incorruptible Eliot Ness. Vous avez là l’origine des célèbres courses automobiles de la NASCAR (National Association for Stock Car Auto Racing). Régulièrement pris en chasse par la police, ces contrebandiers sont les premiers à améliorer leurs voitures.

Leur modèle favori ? La Ford 1940 coupé. Afin de les rendre plus rapide, ils remplacent le moteur par un V8 Cadillac d’ambulance, le plus puissant de l’époque. Quand on sait qu’Henry Ford était un prohibitionniste de la première heure, le fait d’utiliser ses voitures pour le trafic d’alcool est assez… ironique ! Désormais capable de semer les forces de police à bord de leurs bolides, certains trafiquants se mettent à courir l’un contre l’autre. Ces courses sont les ancêtres de ce qui va devenir, à partir de 1948, la NASCAR.

4-  Georges Remus, le roi des Bootleggers

Georges Remus, le roi des Bootleggers
Georges Remus, le roi des Bootleggers

Moins connus que les célèbres Al Capone ou Lucky Luciano, Georges Remus est pourtant l’un de ceux qui va le plus profiter de la Prohibition. D’origine allemande, il travaille dans le milieu pharmaceutique avant de devenir avocat. Il voit dans la Prohibition l’occasion de réaliser de grands profits. Pour cela, il achète plusieurs distilleries qui, officiellement, produisent du whisky thérapeutique à destination des pharmacies.

En réalité, ce whisky est écoulé dans les speakeasy, ces célèbres bars clandestins. Devenu trafiquant d’alcool ou bootlegger, Georges Remus amasse une fortune de 40 millions de dollars en 3 ans. Démasqué en 1925, il est condamné à 2 ans de prison avant de tuer sa femme qui lui avait demandé le divorce. Décédé en 1952, c’est lui qui aurait inspiré Francis Scott Fitzgerald pour son célèbre roman « Gatsby le Magnifique ».

5-  Le Paquebot Ile-de-France, le plus grand bar de l’Atlantique

Le paquebot Ile-de-France
Le paquebot Ile-de-France

Mis en service en juin 1927, le paquebot Ile-de-France est construit dans les chantiers navals de Saint-Nazaire. Affecté à la ligne Le Havre – New-York, il est très prisé de la riche clientèle américaine. Celle-ci raffole de son style art déco, de son art de vivre à la française et… de la possibilité d’y boire de l’alcool ! Battant pavillon français, c’est la loi française qui est en vigueur sur le navire.

Et en cette période de Prohibition, les Américains l’ont bien compris. Lorsqu’il est à quai à New-York, les passagers en profitent pour inviter des amis à bord afin d’y boire champagne, vin et autres whiskies. Il est alors difficile pour les membres d’équipages de les faire redescendre sur la terre ferme ! Avec ses 241 mètres de long, l’Ile-de-France est définitivement le plus grand bar de l’Atlantique.

Si aujourd’hui l’époque de la Prohibition est révolue, ça n’est pas le cas pour tout le monde

Certaines villes et certains comtés interdisent en effet toujours la vente d’alcool, comme le comté de Moore dans le Tennessee. Heureux hasard quand on sait que c’est ici que se trouve la distillerie Jack Daniel’s…

PS : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. 

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Par  Pierre-Luc Fourny ,

Originaire d’une petite bourgade de Loire-Atlantique, je suis diplômé d’un master en valorisation du patrimoine culturel. Amoureux de football et d’Histoire (qui a dit que les deux ne vont pas ensemble ?), j’aime transmettre cette passion aux personnes qui m’entourent. Travaillant aujourd’hui dans la médiation culturelle, je suis prêt à vous faire voyager à travers le temps !

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