Le 11 novembre 1918, à 11 heures, heure effective de l’armistice, les cloches de toutes les villes et villages de France se mettent à sonner. Les Français se retrouvent dans les rues et laissent éclater leur joie. Les soldats baissent les armes et la Marseillaise jaillit des tranchées.
C’est la fin d’un long calvaire. Six heures auparavant, dans une clairière isolée près de Compiègne, les Allemands et les Français viennent de signer l’armistice, mettant fin ainsi à quatre longues années de guerre faisant plus de dix millions de morts. Cette clairière, un endroit isolé, est devenu l’un des symboles de la défaite de l’Allemagne.

Le choix du lieu d’armistice
Depuis l’échec de la contre-offensive menée par les Allemands en juillet 1918 et l’arrivée des troupes américaines en renfort des Anglais et des Français, le sort de la guerre semble scellé. Le 7 novembre 1918, une délégation, menée par Matthias Erzberger représentant le gouvernement allemand, part pour signer l’armistice. Le maréchal Foch, commandant en chef du front de l’Ouest, demande à la Direction du transport militaire aux armées de trouver un site pour abriter cette négociation d’armistice. Le site doit pouvoir accueillir le train du commandement français et celui de la délégation allemande. Il ne doit pas être trop loin du front ni du quartier général. Foch recherchait surtout un lieu isolé, calme, silencieux pour pouvoir « respecter l’adversaire vaincu pendant le temps des négociations ». Le choix se porte sur une clairière, à deux kilomètres de Rethondes.

Trois jours de « négociation »
Le Maréchal Foch et la délégation des Alliés reçoit la délégation allemande dans son bureau installé dans la voiture 2419D. Les échanges sont durs. Les Allemands souhaitent d’emblée connaître les propositions faites par les Alliés mais le Maréchal Foch leur répond : « Je ne suis autorisé à vous les faire connaître que si vous demandez un armistice. Demandez-vous un armistice ? » Les Allemands répondent par l’affirmative et les négociations commencent. En réalité, la délégation allemande n’a aucune marge de manœuvre pour négocier et Foch leur refuse catégoriquement un allongement du délai de réponse. Le 11 novembre, après une séance de trois heures de dernières négociations pour atténuer le texte, les délégations signent l’armistice. Il est 5h20 du matin et l’armistice prend effet à 11h officialisant ainsi la fin des combats sur tous les fronts. Dès 7h, le Maréchal Foch part pour Paris pour apporter le texte de l’Armistice.

La clairière de Rethondes devient un lieu de mémoire
Quelques années après la fin de la guerre, en 1922, l’architecte Marcel Mages, en collaboration avec l’ancien combattant Binet-Valmerla, aménagent la clairière en symbole de la Victoire et de la paix. Le site devient la Clairière de l’Armistice avec un monument dédié aux libérateurs de l’Alsace-Lorraine représentant un aigle renversé traversé par une épée, une allée de 250 mètres de long menant à l’emplacement du wagon et puis une dalle commémorative portant l’inscription « Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l’Empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il désirait asservir ». Le wagon s’expose alors dans la cour des Invalides pendant plusieurs années. Il se déplace à nouveau en 1927 dans un abri construit spécialement dans la Clairière. La statue du Maréchal Foch viendra compléter dix ans plus tard l’ensemble du mémorial.

Hitler veut laver l’affront
En 1940, en 40 jours, l’Allemagne nazie occupe la Hollande, la Belgique, le Luxembourg et une partie de la France. Hitler exige que l’armistice soit signé au même emplacement que celle de 1918, dans le wagon de la clairière de la Rethondes à l’endroit exact où il était positionné le 11 novembre 1918. Le wagon est donc sorti de son abri et replacé dans la clairière. Le 21 juin 1940, Hitler reçoit la délégation française, écoute les conditions d’armistice, puis quitte la clairière. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé. Suite aux consignes d’Hitler, le wagon et les monuments sont envoyés à Berlin à des fins de propagande et la clairière est détruite. Seule, la statue Foch est épargnée. En 1945, le wagon finit détruit à côté du camp de prisonniers d’Ohrdruf.

La Clairière aujourd’hui
A partir des années 1950, le site de la Clairière de la Rethondes est réaménagé. Le gouvernement fait l’acquisition d’un wagon de la même série et le fait réaménager à l’identique. Il est installé dans un bâtiment-musée qui attire aujourd’hui plus de 70 000 visiteurs par an. La clairière est inscrite aux monuments historiques en 2001. Alors ça vous dit d’aller fouler ces lieux chargés d’histoire ?

Par Ségolène Lhommée,
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