Archétype de la nature, la forêt est à la fois destination de promenade, refuge et lieu de tous les dangers.

Les forêts sont omniprésentes dans nos paysages comme nos imaginaires et recèlent une diversité que ce terme générique ne laisse pas présager.

Paysage d’Amazonie à l’Ouest de Manaus (Brésil)
Par LecomteB
Paysage d’Amazonie à l’Ouest de Manaus (Brésil)
Par LecomteB

L’Amazonie, le « poumon de la Terre », est la plus grande des forêts du monde

Avec ses 5 millions de km2 de forêt tropicale. 390 milliards d’arbres de 16 000 espèces différentes font de cette forêt le plus grand réservoir de biodiversité au monde. Viennent ensuite la taïga de Sibérie, puis la forêt du bassin du Congo, d’une superficie de 2 millions de km2.

Ce gigantisme est certainement l’une des clés permettant d’expliquer l’attrait de l’homme pour la forêt. Tout comme leur permanence : les forêts nous ont tous précédés et nous survivront.

Ainsi, la forêt australienne du Daintree, la plus ancienne du globe, aurait 125 millions d’années. Et bien-sûr, les animaux qui peuplent ces lieux, les phénomènes naturels qui s’y produisent font forte impression aux créatures sensibles que nous sommes. Comment ne pas être inspiré, fasciné, voire effrayé par les ours, loups et tigres qu’on peut y rencontrer, ou par les forêts de nuage d’Equateur ou du Costa Rica ?

Forêt de nuages au Costa-Rica
Forêt de nuages au Costa-Rica

Une fascination pour les forêts qui se traduit depuis des temps immémoriaux

Dans les légendes du monde entier, nombreux sont les contes de tradition européenne à prendre place dans des forêts : le Petit Poucet, Boucle d’Or, Hansel et Gretel… Montrant tour à tour une forêt initiatique, ludique
ou terrifiante, ces mythes ont fait émerger toute une population propre à ces lieux.

On y rencontre aussi bien les chevaliers de la Table Ronde (forêt de Brocéliande), Robin des Bois (forêt de Sherwood), des réunions de druides (forêt des Carnutes), Dracula (Carpates), mais aussi des elfes, le terrible Loup du Gévaudan ou l’abominable Baba Yaga du folklore slave.

Ces histoires révèlent une transcendance vis-à-vis de l’homme

Yggdrasill, l’Arbre-Monde de la mythologie nordique – sur lequel reposent les neuf royaumes – en est bien la preuve. Et l’immense inspiration que puisent les artistes dans la forêt ne saurait le démentir.

Représentation d'Yggdrasil dans la mythologie nordique
Représentation d’Yggdrasil dans la mythologie nordique

Parmi les œuvres picturales, citons les forêts menaçantes des illustrations de Gustave Doré (1832-1883), l’École de Barbizon (XIXe siècle) ou encore la flore exubérante des tableaux du Douanier Rousseau (1844-1910).

Les auteurs puisent sans cesse dans les forêts pour créer l’environnement ou les personnages de leurs œuvres

Shakespeare situe l’intrigue de Comme il vous plaira (1599) dans la forêt d’Arden ; Jack London s’inspire de son expérience dans la forêt boréale pour écrire L’Appel de la forêt (1903) ; Tolkien fait même des arbres, des personnages du Seigneur des Anneaux (1954-1955) ; Peyo enfin, crée en 1958 une sympathique communauté sylvestre : les Schtroumpfs.

Un lien indéfectible se tisse oeuvre après oeuvre entre l’homme et la forêt, relation intime, parfois symbiotique, comme en témoignent les histoires fictives de Mowgli ou de Tarzan, adoptés respectivement par des loups et des gorilles, mais aussi des récits véridiques tels qu’Into the wild, écrit par Jon Krakauer (1996) et Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson (2011), relatant l’expérience de deux hommes face à la nature.

De cette relation si particulière entre l’homme et la forêt naît nécessairement une prise de conscience de sa fragilité, en particulier depuis le début de l’ère industrielle.

En effet, si notre planète est couverte de près de 4 milliards d’hectares de forêt, soit le tiers de la surface des terres émergées, ces chiffres ne doivent pas occulter la déforestation massive sur toute la surface du globe, principalement due à l’activité humaine.

Ainsi, en Amazonie, environ 18% de la forêt originale a disparu depuis 1970. Sur l’ensemble de la planète, la forêt perd 3,3 millions d’hectares par an.

Là encore, les artistes, conscients de leur rôle de lanceurs d’alerte, jouent un rôle majeur dans la prise de conscience publique sur ce sujet, en donnant à voir des récits parfois apocalyptiques, comme Hayao Miyazaki avec son film d’animation Nausicaä de la Vallée du Vent (1984) ou James Cameron dans Avatar (2009).

Pochette du film : Nausicaä de la vallée du vent (Miyazaki)
Pochette du film : Nausicaä de la vallée du vent (Miyazaki)

Car face à la tragique destruction de nos forêts, un important mouvement de conservation s’est affirmé, né au XIXe siècle. Plusieurs régimes de protection existent aujourd’hui, visant à préserver à la fois les forêts et la biodiversité qu’elles abritent.

En 1864, les Etats-Unis font de la vallée du Yosemite la première réserve naturelle et créent le premier parc naturel en 1872 : Yellowstone.

Suivent l’Australie (1879), le Canada (1885), la Nouvelle-Zélande (1887), puis la Suède (1909), la France (1913) et la Suisse (1914). Ce processus n’est pas anodin, puisque depuis 1990, 94 millions d’hectares de forêts ont été placés sous un régime de protection.

Vernal Fall, dans le Parc National du Yosemite (Etats-Unis)
Par Christopher Dubé
Vernal Fall, dans le Parc National du Yosemite (Etats-Unis)
Par Christopher Dubé

Complétant les dispositifs nationaux, le World Wildlife Fund (WWF) a répertorié 238 régions écologiques exceptionnelles et dont la conservation est prioritaire, dites « Global 200 », dont près de 100 forêts, parmi lesquelles les forêts valdiviennes du Chili.

L’Unesco dispose également de plusieurs systèmes de reconnaissance et de protection des forêts

Comme les Réserves de biosphère – parmi lesquelles la Forêt-Noire allemande – et la liste du Patrimoine Mondial – qui recense notamment plusieurs parties de la forêt amazonienne.

Au quotidien, c’est l’action concrète des professionnels et du grand public qui permettra de protéger nos forêts.

Peut-être doit-on suivre l’exemple donné par Jean Giono dans sa nouvelle L’Homme qui plantait des arbres (1953) et prendre à bras le corps la protection des arbres, dans les traces de son émouvant personnage Elzéard Bouffier, le berger qui planta à lui seul une forêt et permit à une région désertée de revenir à la vie.

L'homme qui plantait des arbres, Jean Giono
L’homme qui plantait des arbres, Jean Giono

Par Laure Armand d’Hérouville,

Vous pouvez également visionner le court-métrage (1 mn) ci-dessous, traitant du sujet et primé lors du Mobile Film Fesival !

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Après avoir vécu son enfance à travers le monde et mené à bien des études d’Histoire et de gestion de projets culturels, Laure Armand d’Hérouville exerce depuis 10 ans dans cet univers créatif et exaltant. Elle est désormais consultante indépendante, en particulier dans le domaine des musées et du patrimoine.

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