Qui n’a jamais parcouru une mappemonde, une carte ou même Google Earth pour contempler notre planète et voyager quelques instants ? Si vous êtes de ceux-là, vous avez certainement observé ces petites et grandes taches bleues qui constellent les continents.

A ce jour, le décompte global de tous les lacs du monde n’est pas encore terminé, et pour cause ! On en dénombre déjà 100 millions de plus d’un hectare, couvrant 2 % des terres émergées. 500 000 d’entre eux se trouvent en Europe, dont la moitié en seules Suède et Finlande.

Lac de Braies en Italie

Exploration

Depuis l’espace, on remarque deux types de zones. Les myriades de petits lacs, souvent en zone montagneuse, comme dans les Alpes ou l’Himalaya. Les immenses étendues d’eau contiguës d’origine tectonique ou d’origine glaciaire. En étudiant la carte de près, on remarque aussi que les lacs ne sont pas l’apanage de régions verdoyantes, en témoigne le Waw an Namus, en Lybie, cône volcanique entouré de petits lacs salés.

Le lac Victoria (Kenya, Ouganda, Tanzanie) vu depuis l’espace Image : NASA

Mais qu’est-ce qu’un lac ?

Ce n’est ni une mer ni un étang, mais ses limites sont floues. Son eau peut être douce ou salée, parfois gelée. Il peut être profond de plusieurs centaines de mètres (1600 pour le lac Baïkal). Peut au contraire être très superficiel (4 mètres en moyenne pour le lac Tchad). Il peut être naturel ou créé par l’homme, comme tous les lacs de barrage.

Alors comment s’y retrouver ?

Le lac est tout d’abord une étendue d’eau entourée de terre. Sans connexion directe avec l’océan, contrairement à une mer ou une lagune. Sa taille ou sa profondeur sont suffisamment grandes pour provoquer un dépôt de sédiments. Ses berges sont généralement abruptes. Il est alimenté et drainé par des cours d’eau, contrairement à un étang. Malgré cela, les doutes subsistent. Pour preuve, les nombreux lacs appelés « mers » à tort, en raison de leur superficie.

On pense bien sûr à la mer Caspienne, plus grand lac du monde ou à la mer Morte, située plus de 400 mètres sous le niveau de la mer. Par ailleurs, pas de réponse commune sur les origines de ces formations. Des processus naturels assez variés créèrent les lacs. Séparation d’une portion d’océan, comme la mer Caspienne. Effondrement de la croûte terrestre, comme le lac Malawi. Création d’un cratère après une éruption volcanique, comme le lac Fogo aux Açores. Erosion glaciaire, comme les Cent lacs en Italie. Et même érosion par les vents, comme ceux du Languedoc.

Les hommes et les lacs

Ce que ce tour d’horizon ne nous apprend pas, c’est la puissance du lien qui unit les hommes à leurs lacs. Chaque culture a apporté sa propre symbolique à ces étendues d’eau, avec une interprétation récurrente : celle du miroir. Miroir du ciel ou du monde souterrain, œil permettant un passage entre les mondes…

Les Gaulois pensaient que les lacs étaient des demeures des Dieux, si ce n’est des Dieux eux-mêmes. Les Turcs et Mongols qui ont les premiers habité les berges du lac Baïkal, situé en Russie, le considéraient comme une mer sacrée. Ce lac de 25 millions d’années, qui contient 20% du volume mondial d’eau douce liquide – soit le plus grand réservoir au monde – était par définition un lieu de puissance car lieu d’accumulation des ressources. D’ailleurs, l’étymologie de son nom, Bay Köl, signifie lac riche ou sacré en turc.

La civilisation ayamara, en Amérique du Sud, voyait dans le lac Titicaca l’origine de tout : le premier dieu, Viracocha, en aurait surgi avant de créer le monde. Il est certain que la magnificence de certains lacs a pu émerveiller bien des hommes.

Des eaux turquoises du lac Louise au Canada, aux deux volcans du lac Nicaragua et à la transparence des eaux du lac Tahoe aux Etats-Unis, les paysages lacustres ont inspiré des civilisations entières, mais aussi des artistes.

Les eaux turquoises du lac Louise (Canada)
Photo : Chensiyuan

Les lacs et l’art

Les représentations picturales de lacs sont indénombrables. La Pêche miraculeuse de Konrad Witz (1444) est la première représentation connue du lac Léman. Situé à la frontière franco-suisse, C’est le premier tableau réaliste du Moyen Age prenant un paysage réel comme cadre au sujet du tableau.

Konrad Witz, la pêche miraculeuse, Musée de Genève

En littérature, on se souvient du rôle déterminant de la Dame du Lac des légendes arthuriennes et en musique, le choix est pléthorique, du Lac des cygnes de Tchaïkovski (1875-1876) aux Lacs du Connemara de Michel Sardou (1981), en passant par Le lac de Julien Doré (2016). Si la beauté et la tranquillité des lacs sont à l’origine de bien des œuvres, sous le calme de la surface se cachent des phénomènes et des créatures surprenants voire effrayants.

Les lacs et leurs phénomènes

Courants, déplacements de masses d’eau et sources souterraines font vivre les lacs. A tel point qu’en Italie, on a pu remarquer des hausses soudaines de niveau de près de 30 centimètres dans le lac de Garde et même de 50 centimètres dans le lac de Bolsena. Le lac Balaton, en Hongrie, prend parfois des allures de mer déchaînée en raison des orages venus des monts Bakony. Comment s’étonner alors des légendes qui entourent le Loch Ness en Ecosse ou le lac Windermere en Angleterre ?

Tous deux seraient habités par des monstres aquatiques. Bownessie, l’habitant légendaire de ce dernier, aurait été aperçu par neuf personnes différentes, malgré l’assurance des scientifiques qu’un monstre de cette taille n’aurait pas l’espace nécessaire pour y survivre.

Le monstre du Loch Ness, photographie truquée de Marmaduke Wetherell publiée en 1934 dans le Daily Mail et longtemps considéré comme la preuve
de l’existence de la créature

L’importance des lacs

Au quotidien, les lacs nous impactent tous : lieux de loisirs, bien sûr, mais surtout écrins de biodiversité et ressources pour la pêche, l’eau potable ou l’irrigation des cultures. A tel point que les lacs sont des lieux d’importance géostratégique. Preuve en est, le nombre de lacs situés sur des frontières, comme le lac Tanganyika, situé entre le Burundi, la République démocratique du Congo, la Tanzanie et la Zambie. Cette gestion partagée pose la question de la responsabilité conjointe des pays limitrophes dans la gestion de l’eau.

Au bord du lac Tanganyika

Fragilité des lacs

Avec, dans notre histoire récente, des exemples de catastrophes écologiques parfois irréversibles. Espaces pratiquement clos, les lacs sont vulnérables à la pollution, comme le lac Maracaibo au Nicaragua, victime d’une marée noire permanente en raison de l’exploitation du pétrole souterrain. Ils le sont aussi à l’introduction d’espèces invasives, comme le lac Victoria, où la perche du Nil a fait d’importants dégâts tant écologiques que sociaux, comme le dépeint avec vivacité le documentaire d’Hubert Sauper Le Cauchemar de Darwin (2004). Et bien entendu, la mer d’Aral, presque entièrement asséchée en raison du détournement des eaux de l’Amou-Daria et du Syr-Daria qui l’alimentaient pour l’irrigation de champs de coton au Kazakhstan et en Ouzbékistan.

L’homme a donc une immense responsabilité dans la préservation de ces
merveilles de la nature.

En 2005, un lac de glace d’eau a été détecté dans un cratère sur Mars. Si on y plonge son regard, qu’y voit-on ?

L’info pratique

Vous planifiez un voyage dans l’Est des Etats-Unis et voulez profiter pendant quelques jours des magnifiques paysages de la Sierra Nevada ?

A une centaine de kilomètres au Nord du célèbre Parc national de Yosemite se trouve le lac Tahoe et son exceptionnel parcours de randonnée : le Tahoe Rim Trail. D’une longueur de 265 kilomètres et avec un dénivelé de 1 250 mètres, il est accessible aux amateurs comme aux plus aguerris. L’association qui gère le parcours propose de nombreuses activités et un site ressource très complet pour préparer votre randonnée.

Rives du lac Tahoe

L’info insolite

Vous savez que certains lacs sont d’eau salée et vous connaissez les légendes des monstres lacustres. Mais saviez-vous que des animaux marins vivent parfois dans des lacs d’eau douce ?

C’est le cas du lac Nicaragua, unique en son genre. Il abrite des espadons, des tarpons, mais aussi des requins bouledogues ! Surprenant, n’est-ce pas ?

Requin bouledogue au lac Nicaragua

Par Laure Armand d’Hérouville,

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Après avoir vécu son enfance à travers le monde et mené à bien des études d’Histoire et de gestion de projets culturels, Laure Armand d’Hérouville exerce depuis 10 ans dans cet univers créatif et exaltant. Elle est désormais consultante indépendante, en particulier dans le domaine des musées et du patrimoine.

1 Comment

  1. BRIGITTE LAVALLETTE Répondre

    Tant de ressources encore inexplorées et inconnues,merci pour ce beau document

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