Chère Amélia Earhart, je souhaiterais vous écrire quelques mots par-delà le temps et l’espace, je franchis les frontières et je m’adresse à vous ce jour.

Illustration d'Amélia Earhart par Amande Art
Illustration d’Amélia Earhart par Amande Art

Vous avez cette combativité hors-norme d’une exploratrice.

Vous nous offrez le décollage dans les airs, le voyage dans les nuages. Ce qui, à votre époque relève encore du défi technique, il y a une prise de risque que l’on ne peut concevoir de nos jours. Vous êtes en phase avec votre temps, avec l’Amérique en ébullition des années folles. Le rêve américain reste à accomplir ; le vôtre est de voler en avion le plus haut, le plus longtemps et le plus loin possible. C’est l’histoire de votre vie, Amélia Earhart.

Ce que j’apprécie particulièrement chez vous, c’est que vous combattez tous vos détracteurs en disant : « Je le fais parce que j’en ai envie ». Une litanie dont vous userez toute votre vie.

Le défi, le désir du vol est particulièrement puissant.

Cette volonté sans faille est le moteur d’une machine qui dépasse votre propre destin : être une pionnière de l’aviation. Ce qu’ils ignorent c’est qu’en tant que femme vous êtes bien plus solide qu’eux. Cela vous vaudra votre célébrité. Vous êtes une star, grâce à cela j’ai de nombreux portraits de vous, j’ai du mal à choisir je l’avoue. Une photographie me touche tout particulièrement : j’y vois l’éclat de votre regard les yeux levés au ciel, je perçois dans ce visage la densité et la puissance pure. Du courage pour s’envoler, il en faut ; vos ressources tout comme la joie du décollage vous mènent au-delà du danger. Vous êtes, ma chère Amélia, portée par quelque chose de grand : Vouloir voler ! Initiatrice d’une épopée technique, habitée par une ambition féminine, savez-vous, ce jour, que vous réalisez le rêve éternel de l’humanité ? L’acte qui est synonyme de liberté, celui d’un autre rapport à l’espace.

Ce rêve d’enfance est conforté par la visite d’un aérodrome en 1920, un baptême de l’air

Vous vivez une révélation à la mesure de l’esprit d’aventurière qui est le vôtre. L’année suivante vous pilotez avec Neta Snook. Pour ce métier la confiance de vos proches est primordiale, en particulier celle de vos coéquipiers comme Fred Neuman. L’homme que vous avez épousé, George P. Putnam, vous soutient tout au long de votre vie ; j’admire les conditions que vous lui avez imposées. Vous ne paierez pas pour cette union le prix de votre liberté, bien au contraire. Cela est rare à votre époque, merci pour ce bel exemple. Autre qualité que j’admire chez vous la persévérance, surtout celle dont vous avez fait preuve pour acheter votre premier avion, le biplan Kinner Airster.

Vous êtes certaine d’avoir la même force que tout homme, voire davantage.

C’est ce qui vous pousse à battre les records de vol entre les années 1921 et 1937. Records d’altitude, de rapidité, voyages de part et d’autre des U.S. Vous maîtrisez l’air, c’est un talent rare. Aux cours de ces années vous avez acquis l’expertise de plusieurs disciplines essentielles à l’aviation : mécanique, météorologie, cartographie… Votre enseignante Ruth R. Nichols vous l’a transmise. De femme à femme, elle vous a donné les outils pour sillonner le ciel.

Revenons sur votre parcours

Le 17 juin 1928 vous embarquez comme passagère pour traverser l’Atlantique. Vous êtes « la première femme » à bord d’un avion transatlantique, mais cette victoire a un goût amer, cela sonne comme une mascarade. Vos rêves sont bien plus grands que de servir d’alibi pour de la communication. Cependant vous avez bien habilement exigé la présence des autres aviatrices sur la photo journalistique. Vous n’êtes bien évidemment pas la seule à voler, il faut le faire savoir. Seule compensation désormais vous êtes célèbre, déterminée plus que jamais à réaliser votre projet.

S’ensuit un cumul de records tous plus impressionnants les uns que les autres.

Les vols en solitaire sont ceux qui vous stimulent le plus.

Vous préparez avec Bernt Balchen le vol au-dessus de l’Atlantique qui se fera à bord d’un avion Vega. Le 20 mai 1931 à 19h12 vous décollez pour cette rencontre avec le ciel et l’océan. 14 heures et 56 minutes plus tard vous atterrissez en Irlande du Nord. Vous venez de réaliser un véritable exploit.

Félicitation Amélia ! Votre volonté n’a pas de limite et c’est désormais un tour du monde que vous voulez faire. Une longue préparation s’ensuit : le tour du monde en avion, ce n’est pas rien ! Pour obtenir tous les visas, le président Roosevelt vous aide.

En juin 1937, décollage

Un vol avec plusieurs escales, départ d’Oakland, vous volez jusqu’à Honolulu à Hawaï… jusque-là tout va bien. Même si un pneu éclate à ce moment-là, trois mois de réparation sont nécessaires. Fred Noonan est un bon navigateur. Vous repartez, direction Saint Louis à Dakar. Vous sillonnez l’Afrique, traversez le Moyen-Orient et l’Asie. Ce parcours de 36 000 km en un mois est fulgurant. « Toute la longueur du monde est derrière nous » ce sont vos mots.

Mais le 2 juillet 1937, alors que vous survolez le Pacifique nous perdons votre trace.

Plus de carburant, atterrissage difficile ? Des S.O.S sont envoyés. Sur la fréquence : transmission 62.10 (le jour) et 31.05 (la nuit), nous entendons votre voix « l’eau monte ! » … vous disparaissez. Le mystère est là, où êtes-vous donc mon amie ? C’est un choc pour tout le monde. L’État met les grands moyens pour vous retrouver ; mais le 5 janvier 1939, nous vous déclarons comme morte en vol.

Il y a cette phrase si puissante dans les lettres d’Amelia Earhart

Les femmes devraient réaliser pour elles-mêmes ce que les hommes ont déjà fait. Et occasionnellement ce qu’ils n’ont jamais fait ; si elles échouent, leurs échecs doivent être un défi pour les autres femmes.

La marque d’un engagement pour la condition des femmes dans lequel je me reconnais. Il y a quelques mois, j’ai lu votre nom dans une encyclopédie Histoires du soir pour filles rebelles . Vos exploits inspireront bien d’autres générations, je l’espère. Que les filles de tout âge puissent dire en jouant : je suis pilote comme Amélia Earhart. D’une petite fille qui construit son tremplin (vous), ou d’une autre qui s’élance en saut de l’ange, c’est une sensation que nous recherchons : vivre libre chaque instant de notre vie : franchir et s’affranchir.

Mon souhait pour plus tard

Que l’aviation compte plus de femmes pilotes dans leurs rangs, elles ne sont que 3%. Le combat pour l’égalité est encore présent de nos jours. C’est dans cette continuité que mes mots s’inscrivent, chère Amélia, où que vous soyez merci pour la puissance de vos rêves devenus réalité.

Au revoir Amelia Earhart,

Amicalement.

Par Géa, la porteuse d’histoires,

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Exploratrice, artiste, journaliste ma passion est de raconter des histoires. Je découvre les talents, les univers et les créativités multiples. Je suis Géromine, je fais chaque jour mes investigations avec mon appareil photo, mes carnets et mon stylo. Le matrimoine tout comme l'art engagé me rendent créative. Mon souhait est que vous puissiez voyager en lisant, pour à votre tour explorer notre monde.

1 Comment

  1. Brigitte Lavallette Répondre

    Très bon article,moi j’ai toujours été subjugée par plusieurs femmes avant gardistes telles que Dian Fossey où Alexandra David-Neel

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