C’est le destin d’un homme qui n’a jamais renoncé pour obtenir ce qui lui revenait de droit : la liberté

Nelson Mandela incarne l’image de l’Afrique du Sud réconciliée. Mais derrière cette belle carte postale, il y a près de 80 ans de lutte.

Peinture murale mettant à l'honneur Nelson Mandela à Belfast (Ben Kerckx)
Peinture murale mettant à l’honneur Nelson Mandela à Belfast (Ben Kerckx)

Dans la vie d’un homme il y a des dates clés

Pour Mandela, il y a celle de sa naissance, 18 juillet 1918. Celle de sa mort, le 5 décembre 2013. Puis, il y a celles qu’il donne à l’histoire : le 20 avril 1964, prisonnier pour défendre la cause des Noirs en Afrique du Sud contre l’apartheid ; le 11 février 1990, homme libre à la conquête des droits ; le 10 mai 1994, président de la République pour bâtir les fondations d’un pays réconcilié. Nelson Mandela a consacré sa vie à libérer l’Afrique du Sud des lois discriminatoires de l’apartheid qui donnaient tout pouvoir aux « blancs » et excluaient les 90% restant de la population de tous droits. Mais comment cet homme parvient-il, après 27 ans d’emprisonnement et 70 années d’oppression, à se faire élire Président de la République en prônant… le pardon pour fondation d’une nouvelle ère ?

Mandela, le premier Président noir de l’Afrique du Sud, pour tous les Sud-Africains

De l’expérience d’un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps doit naître une société dont toute l’humanité sera fière. 

Mandela, discours d’investiture, 10 mai 1994

Avant de partir sur les traces de Mandela, il faut comprendre son combat. Sa devise en deux mots c’est la liberté et l’égalité. Homme « noir » dépouillé de tout droit par le régime de l’apartheid, il est un exclu dans son propre pays.

Mais lorsqu’il devient Président en 1994, aux premières élections « multiraciales » d’Afrique du Sud, Mandela n’a pas de message de haine contre les « blancs ». L’heure n’est pas à la vengeance, mais au pardon. Son projet est l’unité de la nation et la réconciliation du puzzle ethnique qui la compose. Et ce malgré les empreintes sanglantes, des oppresseurs et des opprimés, laissées en route.

Quoi qu’il en coûte, Mandela ira jusqu’au bout

« Notre lutte revêt une dimension nationale. […] C’est une lutte pour le droit de vivre.

C’est ainsi que Mandela défend sa cause et celle de ses compagnons du Congrès National Africain – qui milite pour les droits civiques des Noirs en Afrique du Sud (ANC) – ce 20 avril 1964 au procès de Rivonia. Ils ont été arrêtés pour sabotage et risquent la peine de mort.

Premier avocat Noir du barreau de Johannesburg, Mandela a engagé avec l’ANC des campagnes de désobéissance civile pour demander l’abolition de l’apartheid. La plus célèbre est celle de 1952 au cours de laquelle des milliers de Sud-Africains brûlent leurs pass, ces passeports que les « noirs » devaient présenter aux autorités pour se déplacer.

Mandela brûle son "Pass" en 1952
Mandela brûle son « Pass » en 1952

Mais puisque les actions non violentes sont réprimées dans le sang, il faudra répondre par le Sang. Mandela arme l’ANC en 1961, tout en préférant le sabotage à l’assassinat. Et c’est lors d’une de ces actions de sabotage qu’il est arrêté.

A la barre, ce 20 avril 1964, il plaide pendant quatre heures. Il explique la nécessité de passer par les armes pour se faire entendre, et son plaidoyer aura une portée internationale. Il est alors condamné à la prison à perpétuité et déporté sur l’ile de Robben Island sous le matricule 46664.

27 ans de prison et une volonté demeurée intacte

Guidés par les anciens détenus de la prison, des visiteurs du monde entier viennent voir la cellule où Mandela a été enfermé pendant 27 ans. Derrière ces murs, entre les privations, le travail harassant et l’isolement, le leader de l’ANC enseigne son combat politique aux autres détenus. On parle de Robben Island comme de l’Université Mandela. 27 années qui ne seront pas des pages blanches pour la lutte des droits.

Manifestation de solidarité à Nelson Mandela en Allemagne de l'Est, 1986. (Copyright : Bundesarchiv, Bild 183-1986-0920-016 / CC-BY-SA 3.0)
Manifestation de solidarité à Nelson Mandela en Allemagne de l’Est, 1986. (Copyright : Bundesarchiv, Bild 183-1986-0920-016 / CC-BY-SA 3.0)

Au-delà des murs

Des manifestations contre l’apartheid se multiplient dans le monde entier. Les années passent, le bloc soviétique se fissure, le mur de Berlin tombe, la guerre froide recule. Et en Afrique du Sud les manifestations violentes se multiplient.

La pression est telle qu’en 1990 le Président Frédéric de Klerk annonce la fin de l’apartheid et la libération des prisonniers politiques. Il décide d’ouvrir le chantier des négociations avec leur leader : Nelson Mandela.

Et si l’essai de la réconciliation se transformait sur un terrain de rugby ?

Aujourd’hui, la majorité des Sud-Africains, noirs comme blancs, reconnaissent que l’apartheid n’a aucun avenir. Ce système doit être aboli d’un commun accord afin de reconstruire la paix et la sécurité. 

Déclaration de Mandela, février 1990

A sa libération, il apparaît d’emblée comme l’homme capable de poser les nouvelles fondations de l’Afrique du Sud. Il choisit la réconciliation pour matière première, le pardon pour ciment. L’apartheid est officiellement aboli en 1991 mais tout reste à faire.

Elu Président de la République en 1994, c’est sur la pelouse de l’Ellis Park de Johannesbourg que nous retrouvons Mandela le 24 juin 1995. C’est la finale de la coupe du monde de Rugby, le sport des colons par excellence. Mandela tient là l’occasion de se réconcilier avec ceux qui l’ont opprimé si longtemps. Devant le public majoritairement « blanc » et les caméras du monde entier, le Président a revêtu le maillot des Springboks et salue un à un ses joueurs sur le terrain dans un silence intense… bientôt suivi d’une ovation générale ! La victoire ce jour-là a la saveur du pardon.

Morgan Freeman et Matt Damon jouant respectivement les rôles de Nelson Mandela et du Capitaine François Pienaar dans le film Invictus, de Clint Eastwood (Crédits : Warner Bros)
Morgan Freeman et Matt Damon jouant respectivement les rôles de Nelson Mandela et du Capitaine François Pienaar dans le film Invictus, de Clint Eastwood (Crédits : Warner Bros)

Mandela meurt en 2013

Tout n’est pas résolu en Afrique du sud lors de sa disparition mais avec lui s’est engagée une transition démocratique essentielle. La journée internationale Mandela, chaque 18 juillet, rappelle le parcours de cet homme à la volonté inébranlable qui aurait pu écrire Invictus, son poème préféré d’Ernest William : « Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme. »

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Par Marie DURIS,

A la fois rêveuse et quelque peu hyperactive, j’aime chiner de nouvelles inspirations dans les expositions d’art et m’inviter chez les grands personnages de notre histoire. La culture nourrit mon imaginaire et me permet d’innover au quotidien au-delà du bitume parisien. Je vois toujours le verre à moitié plein !

1 Comment

  1. Brigitte Lavallette Répondre

    Il a fallu des hommes comme lui,Gandhi et d’autres pour faire avancer le monde mais à l’heure actuelle on dirait que tout est à refaire,la violence est partout. Merci pour votre document à approfondir chacun et chacune

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