Et non, aujourd’hui je ne vais pas vous parler du célèbre film d’Hitchcock, mais bien du podcast d’Elise Costa produit par Arte.

A travers Fenêtre sur Cour, Elise Costa, spécialisée en affaires juridiques, raconte l’atmosphère qui se dégage d’une salle d’audience lors d’un procès auquel elle a assisté. Crimes et faits divers ! A travers ce podcast l’auteure crée la mémoire auditive des procès. Ceux qui se déroulent dans les temples de la justice française ces dernières années.

Ces récits inédits plongent l’auditeur au cœur d’une cour d’assise, d’une salle d’audience, ou d’un tribunal correctionnel. Qu’il s’agisse des jurés, du magistrat, de l’accusé ou de la partie civile, chaque épisode décrit la complexité du rôle des acteurs de ce théâtre judiciaire.

« Je crois que tout le monde peut tuer quelqu’un un jour », disait aux jurés une témoin appelée à la barre

Si les faits divers nous fascinent, c’est qu’en effet nous avons tous l’intime conviction qu’un jour, selon notre histoire et les circonstances, nos vies pourraient basculer dans le drame. Chroniqueuse judiciaire, je suis depuis plusieurs années les procès d’assises à travers la France. Et dans ce grand théâtre où la justice se penche sur des vies brisées par des crimes atroces, je traque notre part d’humanité. Qui est cette femme qui arrive ivre à sa déposition ? Le père de la victime et la mère de l’accusé parviendront-ils à se parler ? Peut-on toucher son client derrière une vitre ? 

Elise Costa – le Silence des voisins 

La mémoire auditive judiciaire

Ce qui est intéressant avec Fenêtre sur Cour, c’est de suivre le parcours d’une chroniqueuse judiciaire passionnée par son métier. Métier d’ailleurs dont on entend très peu parler.
Elisa Costa propose d’ailleurs un cheminement chronologique des procès qu’elle a suivis tout au long de sa carrière et de l’expérience qu’elle en a retenue. Les premiers épisodes expliquent notamment comment après un Master de droit, l’auteure est revenue sur les bancs de la faculté pour approfondir cet intérêt pour les faits judiciaires.

La voix d’Elisa Costa, posée et sincère, invite l’auditeur à se prendre au jeu de l’enquête et à la torpeur de certaines situations.

Un procès est public, mais tout est oral. Et l’oralité des débats représente des heures et des heures d’informations. Le chroniqueur judiciaire doit faire le tri. Avec une question en tête : qu’est-ce qui peut et doit être raconté ?

Synopsys de l’épisode « Ce que l’on ne dit pas » 

Interroger notre société

Comment réagiriez-vous, en tant que juré, à l’écoute d’un témoignage d’une femme qui décrit le meurtre de sa sœur dans les moindres détails ? Comment respecter la lourde responsabilité de neutralité imposée aux jurés face aux propos qui sont tenus devant eux ? Saviez-vous qu’un juré est rémunéré pour assister à un procès ? Trouvez-vous cela juste ?

En plus de décrire une réalité avec l’expérience et les émotions qui lui sont propres, Elisa Costa pose des questions qui donnent à réfléchir sur l’impartialité de la justice ou l’absurdité de certaines situations. Chaque épisode commence avec le contexte d’une affaire et se termine sur une ouverture réflexive qui ouvre le débat et permet d’en parler autour de soi.

Dans les palais de justice français, les box vitrés se multiplient. Pour qui, et pour quoi ? Une dérive sécuritaire qui s’apparente plus à de la com’ qu’à un réel souci de protection des justiciables : exemple avec le procès pour parricide de Carmen, à Nîmes. 

Synopsys de l’épisode « Les box vitrés »

Un discours qui prend aux tripes

Avec un naturel et une pédagogie qui lui sont propres, Elisa Costa décrit, transporte, interroge, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Après plusieurs écoutes, j’ai réellement ressenti ce questionnement sur l’humanité qui l’habite. Même sur l’inhumanité, d’ailleurs. L’ensemble des récits offre son lot de frissons, d’émotions, mais décrit surtout la réalité à laquelle fait face chaque protagoniste de l’affaire.

C’est important pour moi de respecter les victimes et leurs proches, qui sont des personnes, mais aussi les accusé·es. Un procès, ça sert à comprendre, pas à excuser. Pourquoi nous, en tant qu’être humains, on peut être amenés à faire des choses horribles. Je suis d’ailleurs plutôt intéressée par les gens lambda qui un jour vrillent, que par les Serial-killers 

Elise Costa pour Rockie Mag

Pour aller plus loin

La chroniqueuse rédige aussi des articles pour le média Slate. 208 publications dans lesquelles vous pouvez lire son interprétation des procès (le procès de Jonathann Daval par exemple). Certains articles ouvrent le débat et questionnent la justice française. Des temps de lecture sont proposés pour chaque article (10 minutes en moyenne), vous permettent de vous organiser pour vous plonger dans votre lecture judiciaire en toute tranquillité.

C’est par ici !

En définitive, Fenêtre sur cour vous plongera dans une position de spectateur impuissant, dans une réalité soudaine, un sentiment qui semble être omniprésent dans la profession de chroniqueur judiciaire.

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Par Amelie Gonin,


Amélie parcourt le monde à la recherche d'inspirations et d'expériences en tous genres. Passionnée de voyage, elle aime surtout découvrir de nouvelles personnes et faires des rencontres improbables. Le Burning Man rassemble toutes ces conditions, et ce n'est pas pour rien qu'elle adore ce festival. Quand elle n'est pas à l'autre bout du monde, elle sillonne la France en remplissant son carnet d'idées. Une chose est sûre, elle ne tient pas en place!

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