Commerce transatlantique, traite négrière et construction navale se sont succédé au titre de premier moteur économique nantais. Sans renier ses stigmates, Nantes cherche au contraire à tirer les leçons de son lourd passé pour investir le futur.

Hybride, active et attractive… C’est ainsi que l’on pourrait désigner cette ville d’art et d’histoire à la dynamique culturelle foisonnante. Son ambition ? Incarner une destination phare et internationale placée sous le signe de l’innovation urbaine, culturelle et technologique. Du Mémorial de l’abolition de l’esclavage aux anciennes grues classées monuments historiques, en passant par les célèbres Machines de l’Île, le patrimoine de celle que l’on prénomme la Cité des Ducs est intiment relié à son passé industriel et portuaire.

Du commerce négrier à l’histoire de la navale…

Située sur les rives de la Loire, Nantes doit sa prospérité entre le 13ème et 17ème siècle  à l’essor du commerce transatlantique. Elle exporte principalement en Europe des produits régionaux, avant d’étendre ses activités maritimes aux « îles ». Ainsi s’amorcent les échanges à l’origine du commerce triangulaire. La Venise de l’ouest devient alors le premier port négrier de France, assurant 43%  des expéditions du pays, soit plus 550 000 esclaves des côtes africaines déportés vers les colonies d’Amérique jusqu’en 1830, 18 avant que l’abolition ne soit décrétée. Ce passé douloureux impose aujourd’hui un devoir de mémoire profondément entremêlé au tissus culturel de la ville.

C’est au 19ème siècle, période d’industrialisation massive, que les activités du port se développent.

La construction navale s’impose comme la première activité économique de la métropole avant de s’écrouler définitivement en 1987. Cela étant, elle s’inscrit toujours dans le paysage et ses vestiges ont inspiré d’importants projets de rénovations urbaines.

2

Semer les graines du futur dans le terreau du passé 

Aujourd’hui Nantes fait face à son passé négrier et œuvre activement pour la reconnaissance de cette mémoire. Au-delà du Mémorial de l’abolition de l’esclavage inauguré en 2012, elle poursuit sa mission de sensibilisation à travers les collections du Musée d’histoire de Nantes, jugé comme une référence en la matière, et une programmation culturelle riche au sein de la ville, in situ ou hors les murs. Le passé esclavagiste nantais n’a pas été balayé sous le tapis, il est au contraire indissociable de l’activité patrimoniale de la ville qui s’en est saisi avec responsabilité.

3

Nantes tire également profit de son héritage industriel.

L’ancienne manufacture Lu, véritable emblème, est transformée en centre culturel en 2000. Les anciens chantiers désaffectés Dubigeon également sont devenus un enjeu de renouveau urbain dans le cadre du projet de réaménagement des espaces publics de l’Île. Promenades, espaces de détente et de loisir se sont substitués aux cargos, ateliers de construction navale et scènes de labeur ouvrier.

Ce qui saute aux yeux, surtout, ce sont ces étonnantes et remarquables machines qui peuplent le parc des chantiers depuis 2007, attisant curiosité et émerveillement. Les Machines de l’Île  constituent le poumon touristique de la ville, attirant plus de 600 000 visiteurs chaque année !

A la croisée des chemins entre poésie, science et technique, ce bestiaire de créatures mécaniques monumentales et ambulantes mêle onirisme et patrimoine industriel. Les visiteurs peuvent même observer les machinistes œuvrer à leur construction dans des ateliers ouverts au public. Ces sculptures mécaniques ne sont pas les seules à sonner comme un écho industriel du passé. La grue Titan grise et ses deux sœurs, la grue Titan jaune et la grue noire des anciens chantiers Dubigeon, trônent fièrement sur la pointe de l‘Île.

4

Nantes mise donc pleinement sur son identité industrielle et portuaire pour concevoir ses aménagements urbains et ses animations culturelles, transformant les fêlures d’hier en atouts touristiques inattendus.

Par Johanna Ruiz,

Commenter cet article


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.