Tu vas au Bout du monde ou au Foin de la rue cette année ? Dès l’arrivée des beaux jours, les amateurs de festivals se questionnent les uns les autres sur les réjouissances à venir.

Mais qu’est-ce qui rend ces événements si particuliers, qu’est-ce qui justifie l’engouement pour tel festival plus que pour tel autre ? Et si, être festivalier c’était bien plus que faire partie du public ?

On compte en 2019 plus de 1800 festivals de musiques actuelles en France. Des atmosphères aux financements en passant par leur organisation et leur programmation, tous sont nettement différents. Pourtant, l’engouement des participants est le même et se cristallise autour de nombreux points communs. Du Bout du monde aux Solidays, qu’est-ce qui rend les festivaliers si zélés ?

Un festival, des festivaux ?

Foule de festivalier
Foule de festivalier

Si les festivals sont pluriels, le mot qui les désigne lui, reste le même, bien que l’on mette un point d’honneur à conserver le débat ouvert, pour animer les controverses estivales. Le Ministère de la Culture définit les festivals comme des “manifestations où la référence à la fête, aux réjouissances éphémères, événementielles et renouvelées s’inscrivent dans la triple unité de temps, de lieu et d’action”. Avec une saisonnalité très forte et un pic d’activité sur les mois de juin, juillet et août, ces événements à caractère festifs rassemblent plus de 7 millions de spectateurs par an. Les plus conséquents d’entre eux peuvent afficher une fréquentation de 60.000 festivaliers en quelques jours.

Choisir c’est renoncer (ou pas…)

Chanteur en communion avec les festivaliers
Chanteur en communion avec les festivaliers

Pourquoi se contenter d’un concert quand on peut en voir dix, pour le prix d’un ? C’est là une des forces majeures des festivals de musiques actuelles. En effet, si le prix des concerts peut très vite s’envoler et dépasser une cinquantaine d’euros par place, celui des festivals reste relativement stable pour un même festival d’une année sur l’autre. Par ailleurs, si l’on ramène le prix d’une journée de festival au nombre de concerts proposés au cours de celle-ci, le coût de revient d’un concert devient non seulement abordable, mais particulièrement intéressant dans la mesure où parmi les artistes proposés figurent des artistes de renommée nationale, voire internationale. Ce format permet donc de voir sur scène des artistes aussi divers et variés que Booba, Iggy Pop ou encore Alain Souchon. Il y en a souvent pour tous les goûts et l’on est rarement au bout de ses surprises.

On connaît la chanson, enfin non, justement…

Mixage en festival
Mixage en festival

Si les festivals rencontrent un si vif succès, c’est aussi parce qu’ils participent à faire découvrir de nouveaux groupes, de nouveaux artistes grâce une programmation très éclectique et quelques tremplins musicaux. Les têtes d’affiches côtoient les artistes émergents et les cadors de la variété française, les artistes les plus courus de la scène électronique. C’est l’occasion de rencontrer des propositions musicales qui nous sont étrangères, de prendre des risques sans vraiment se mettre en danger puisque cela ne représente pas un engagement financier et qu’il est presque toujours possible d’éviter Pierre, Paul ou Jacques, si vraiment le courant sonore ne passe pas.

De la légende

Concert en festival
Concert en festival

La musique est un langage universel qui ponctue nos quotidiens et nos récits de vie. Et si la curiosité des festivaliers joue une part importante dans le rôle de prescripteurs des festivals, il s’agit également un peu de hasard. Il suffit que l’on ait décidé de rejoindre un ami près du chapiteau rouge, qu’une envie pressante se fasse sentir, qu’on parvienne sous le fameux chapiteau avec du retard, et que, justement à cet endroit et à ce moment précis, ait lieu la première scène d’un groupe local dont on ne soupçonnait pas l’existence…

Il y a alors quelque chose de magique dans ces rencontres musicales presque fortuites. Pour peu que le groupe en question perce quelques années plus tard, on racontera alors, avec une pointe de nostalgie, comment c’est aux festivals des Terres Neuvas qu’on les a découvert avant qu’ils ne rencontrent le succès, sur une petite scène en marge d’un concert des Tokyo Hotel…

Un univers singulier

Ambiance de festival
Ambiance de festival

Les programmations se dévoilent doucement tout au long de l’année, pourtant certains affichent déjà complet avant même d’avoir révélé le nom des artistes programmés. Certains n’hésitent pas à poser quelques jours de congés pour y travailler bénévolement. Preuve s’il en faut que la fidélité d’un festivalier ne va pas aux artistes qui changent chaque année -ce qui participe d’ailleurs au renouvellement des publics- mais bien envers un cadre, une atmosphère, une ambiance dont on sait qu’elle reste la même et qu’elle sera à la hauteur de nos attentes.

De l’importance du porte-gobelet

Amas de gobelets de festivalier
Amas de gobelets de festivalier

Il est amusant de constater que l’on se regroupe derrière les festivals que l’on fréquente, et de voir à quel point on les défend bec et ongles. On va même jusqu’à en arborer les couleurs et le logo, en guise de souvenir, certes, mais aussi parce que c’est un signe de reconnaissance qui donne lieu à une complicité certaine entre un festivalier et un autre. Comme un objet fraternel d’une même expérience, d’une même édition.

On collectionne les gobelets recyclables d’année en année comme s’il s’agissait d’objets précieux parce qu’au fond adhérer à un festival ce n’est pas seulement adhérer à un style de musique comme c’est le cas d’ordinaire lorsque l’on choisit d’aller voir un artiste en concert, mais partager une même envie, une même ouverture d’esprit. Qu’il soit plutôt tourné vers la scène rock comme Les Francofolies de La Rochelle ou orienté métal, comme le Hellfest de Clisson, un festival, associatif de surcroît, défend à travers ses engagements, des valeurs, une éthique et à travers elles, une certaine utopie. 

Une douce folie collective

Public de festivaliers
Public de festivaliers

Si les programmations sont parfois analogues, ce qui fait l’identité d’un festival, c’est aussi et surtout son ambiance et donc ses festivaliers. Lors d’un festival, il est d’usage de planter sa Queshua à quelques centaines de mètres de la scène, de s’armer de bienveillance, de se détacher de son quotidien et de retrouver des amis sans se couper pour autant de ceux qui ne le sont pas encore. Avec des mots d’ordre tels que la légèreté et l’insouciance, on crée des moments un peu en dehors du temps. C’est du partage, de l’envie et de la joie. Il n’est pas rare de croiser une licorne multicolore d’une cinquantaine d’années, une bière à la main et un drapeau breton de l’autre et de ne pas s’en étonner. Parce qu’un festival c’est aussi cela, se défaire des codes sociaux habituels et rejoindre une douce folie collective presque cathartique, l’espace de quelques jours.

C’est donc l’extraordinaire, qui devient ordinaire pendant ces quelques jours ponctués par des rencontres éphémères, parfois absurdes mais souvent fabuleuses

Concert nocturne
Concert nocturne

Être festivalier, c’est se retrouver au sein d’un public hétéroclite dans une ambiance festive, pour découvrir, voir ou revoir des artistes se produire sur scène, le tout dans une atmosphère curieusement décalée. Les festivals rassemblent, mélangent… On sait implicitement que l’on partage avec cette foule des valeurs, des goûts musicaux ou une certaine curiosité, en tous cas une même envie de se rassembler, de célébrer et de se défouler. Alors que l’on se retrouve dans une certaine forme d’entre soi lors d’un concert unique, il n’en est rien au sein d’un festival, bien au contraire, et c’est ce qui fait toute la richesse de ces parenthèses joyeuses et déjantées que l’on attend impatiemment de retrouver.

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Par Marion Labbé-Denis ,

Curieuse de tout, amoureuse des trains et fan de Joe Dassin, elle collectionne les stylos BIC et les questions existentielles. Aujourd’hui, en poste dans le spectacle vivant, elle peut donner libre court à sa passion déraisonnée pour la photographie et les salles obscures, qu’il s’agisse de musique, de théâtre ou de cinéma.

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