Photographe

Au cœur du 7e arrondissement de Paris, à quelques mètres de la Tour Eiffel, le long de la Seine, trône un ovni culturel enfoui dans une jungle végétale. Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac réunit des trésors de l’art primitif. Offrant une fascinante découverte de l’art traditionnel des cultures non-occidentales.

Masques africains, statues d’Océanie, bijoux colombiens, photographies d’Amérique centrale… Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac est un lieu d’exception. Tant par ses exceptionnelles collections et que par son architecture inspirante. Redonner toute leur place aux arts primitifs, participer à leur étude et à leur rayonnement. Autant de défis que s’est lancé un homme passionné par ces lointaines civilisations. Jacques Chirac a initié et porté ce projet. Inauguré en 2006 et devenu depuis l’un des musées les plus fréquentés au monde. Dans ce chic quartier parisien, le musée passerait presque inaperçu. A l’abri de sa façade colorée végétale imaginée par l’architecte Jean Nouvel. Mais les trésors de civilisation qu’il renferme, eux, sont bien visibles et mis en valeur, protégés pour l’éternité.

Street art

Une architecture audacieuse

Le musée du quai Branly, visage des arts primitifs - mur végétal
Le musée du quai Branly, visage des arts primitifs – mur végétal

Comme un clin d’œil à sa voisine la Dame de fer, la structure du musée du Quai Branly est un pont métallique de 3200 tonnes. Fixés par rien moins que 500 000 boulons ! Le long des quais de Seine, il reste malgré tout moins visible et connu que sa voisine la Tour Eiffel. Avec son mur végétal, il se fondrait presque dans le décor. En effet, l’architecte Jean Nouvel a imaginé les 40 000m² de bâtiments sur pilotis enfouis dans un jardin foisonnant. Composé par le paysagiste Gilles Clément.

Résultat : une palissade de verre transparent et des cubes de couleurs au cœur d’un gigantesque écrin de verdure de 2 hectares. 178 arbres, des centaines de graminées, de fougères… Dépaysement garanti. Et pour cause, ce jardin en plein cœur de Paris est conçu comme un écho aux civilisations lointaines présentées à travers les collections du musée. Une belle mise en condition avant de pénétrer dans la pénombre de la galerie principale qui conserve précieusement masques africains et statues d’Océanie.

Des cabinets de curiosité, au musée du Quai Branly

Vue sud-ouest du musée du quai Branly à Paris.
Vue sud-ouest du musée du quai Branly à Paris.

C’est au gré d’une première expansion coloniale et du développement du commerce que les premiers objets et témoignages extra-européens s’accumulent. D’abord dans des cabinets de curiosité au 18e siècle. La Révolution française va passer par là et réunir ces pièces dans des musées nationaux. Parmi lesquels le Louvre. Ces collections s’enrichissent grâce aux voyages autour du monde de scientifiques et de marins.

En 1878, le musée d’ethnographie du Trocadéro est alors créé. Les conquêtes coloniales se poursuivent au 19e siècle et une certaine émulation émerge autour de ces pièces ethnographiques. Allant même jusqu’à donner naissance au musée des Colonies. En 1937, le musée de l’Homme va prendre la place du désuet musée du Trocadéro. Parallèlement, le musée des Colonies se mue peu à peu en musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie.

La décolonisation s’est imposée et de nombreux artistes ont milité pour une vision artistique de ces civilisations. Le musée du Quai Branly est l’héritier des collections du musée de l’Homme et de celui des arts d’Afrique et d’Océanie. Il rassemble 370 000 œuvres et 700000 pièces iconographiques originaires d’Afrique, du Proche-Orient, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Celles-ci illustrent alors la richesse et la diversité culturelle des civilisations extra-européennes, du Néolithique au 20ème siècle. Il est à ce titre une des plus riches institutions publiques européennes dédiée à ces sujets.

La passion dévoilée de Jacques Chirac

On connaît la passion de Jacques Chirac pour le Japon, ses geishas et ses sumos. C’était sans compter sur celle discrète et nourrie pour les cultures autochtones extra-européennes. C’est par une rencontre fortuite sur une plage mauricienne avec Jacques Kerchache, grand spécialiste de l’art premier, que l’aventure muséale de ces deux passionnés débuta.

Avec un premier objectif : ouvrir au Louvre une section consacrée aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Ce ne fût pas sans débat au cœur de la communauté scientifique. Mais l’accès à la présidence de Jacques Chirac a rebattu les cartes. Très vite, le projet d’une nouvelle institution muséale entièrement dédiée aux arts premiers est mis sur la table. Fervent soutien de la culture et de l’ouverture à l’autre, Jacques Chirac a porté ce projet pendant près d’une décennie pour enfin voir éclore en 2006 ce lieu qu’il avait souhaité accessible au plus grand nombre.

Pour les 10 ans du musée, en 2016, le nom de Jacques Chirac fût associé à celui du musée du Quai Branly

Le musée du quai Branly, visage des arts primitifs - statuette Chupicuaro
Le musée du quai Branly, visage des arts primitifs – statuette Chupicuaro

Comme une reconnaissance à celui qui redonna toute sa place aux cultures traditionnelles éloignées. Avant de grimper les marches de l’emblème parisien qu’est la tour Eiffel, faites un petit détour par le numéro 37 du quai Branly pour un voyage initiatique au cœur des mystérieuses civilisations d’Afrique, du Proche-Orient, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Ne louper pas la mascotte du musée, qui orne d’ailleurs le logo de l’institution : l’incontournable statuette féminine Chupicuaro, issue de la culture mexicaine. Réalisée vers -400 à -100 avant J.C., en céramique, avec ses rondeurs, ce trésor rare incarne la fécondité.

Et pourquoi ne pas flâner ensuite dans la librairie-boutique du musée, entre ouvrages de référence et objets d’artisanat issus du commerce éthique. A moins que vous ne préfériez prendre de la hauteur en vous rendant sur la spectaculaire terrasse panoramique du musée; elle offre une vue incontournable sur sa voisine… la Tour Eiffel !

Pour découvrir encore plus d’articles inspirants, téléchargez l’application Cultur’easy sur Applestore ou Playstore.

Par  Lyse Hautecoeur,

Rédaction de contenus

Lyse est née le même jour que Liza Minelli et lui voue un culte immodéré. A défaut de scène, c’est sur les pages blanches que Lyse laisse aller sa créativité. L’écriture a toujours fait partie de sa vie et la lecture est son dada ; ses rock stars sont les auteurs ! Elle ne conçoit pas une vie sans la Culture (10 ans passés dans un musée laissent des traces) et les émotions qu’elles procurent.

Commenter cet article


La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.