Berceau de la civilisation pharaonique, le Nil a toujours été une source de rêverie, d’inspiration, et d’histoires légendaires. Avec l’Amazone, il est le plus long fleuve du monde. Son Histoire est aussi riche que passionnante. Dans cet article, montez à bord d’une croisière le long du Nil et (re)découvrez son histoire au fil de l’eau.

À savoir avant votre voyage : Le Nil, un fleuve ancestral

Carte du tracé du Nil
Carte du tracé du Nil

Mesurant entre 6 400 km et 6 700 km, le Nil ne coule pas qu’en Égypte, bien au contraire. Pour revenir à sa naissance, il faut remonter, il y a près de 30 millions d’années, en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Le Nil est né d’une faille créée par le chevauchement des plaques tectoniques qui ont engendré les grands lacs des hauts plateaux africains.

De ces lacs, se sont élancés des cours d’eau qui allaient former le Nil. Les deux plus importants sont : le Nil blanc, qui prend sa source au lac Victoria (Kenya, Tanzanie et Ouganda) et le Nil Bleu, issu du lac Tana en Éthiopie. Ces deux branches s’unissent à Khartoum, au Soudan. Le fleuve traverse donc : le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l’Ouganda, l’Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l’Égypte et longe le Kenya et la République démocratique du Congo.

Mais l’Histoire du Nil que l’on connaît le plus se situe en Égypte. Et c’est pour cette croisière que vous êtes là, alors, tous à bord !

Point de départ : Alexandrie

Le phare d'Alexandrie
Le phare d’Alexandrie

Le Nil a permis la prospérité d’une partie de l’Afrique de l’Est. En Égypte, le fleuve a joué un rôle crucial dans la fondation de la civilisation. Source intarissable de nourriture, il a aussi été un moyen de transport et de faire du commerce. Le Nil rend les terres environnantes très fertiles, notamment à l’approche de l’été où les pluies torrentielles gonflent les eaux du fleuve jusqu’à le faire déborder à la fin de la saison estivale.

Ces crues – selon les croyances de l’Égypte antique – étaient gérées par le pharaon lui-même. Il y avait une dimension spirituelle forte : le pharaon faisait déborder le Nil, et en échange des récoltes, les paysans cultivaient le sol et envoyaient au pharaon une partie des ressources qu’ils avaient récoltées. En contrepartie, ce dernier utilisait ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne. Les Égyptiens ont fourni une grande quantité de travail pour mettre en valeur le fleuve et limiter les dommages que les crues pouvaient causer.

C’est ici, à Alexandrie, que les Égyptiens ont démontré leur compétence. Notamment avec l’édification du phare d’Alexandrie, 7e Merveille du monde pendant l’Antiquité (qui s’effondrera malheureusement au XIVe siècle des suites de nombreux séismes). Mais cette prouesse architecturale n’est pas la seule innovation de la ville.

Alexandrie est une cité historique ayant été grecque avant de devenir romaine puis égyptienne. Fondée par Alexandre le Grand, au IVe siècle avant JC, la vieille ville était pauvre en eau. Mais alors comment étancher la soif de milliers d’habitants ? Grâce à des ingénieurs grecs et la volonté des rois Ptolémées, l’eau du fleuve a pu être distribuée par un réseau serré de canalisations branchées sur un canal.

Mais malgré toutes les inventions et anticipations, les crues du Nil peuvent être sans pitié.

Prochaine destination : Pi-Ramsès

Située à l’emplacement de l’actuelle Qantir, Pi-Ramsès fut la capitale de l’Égypte de -1296 à -1060. Mais voilà, les travaux pour éviter les inondations ont eu raison de cette ville royale, choisie par Ramsès II (Pi-Ramsès signifiant Maison de Ramsès). Cette riche cité ou la couleur turquoise ornait les portes des maisons blanchies à la chaux a dû être abandonnée pour Tanis, suite à l’ensablement du bras du Nil qui l’alimentait. Les Palais, dit « G », « F », le temple de Seth, d’Amon, les écuries et le Palais royal de Ramsès II ont disparu.

Pi-Ramsès était l’une des premières grandes cités que l’on découvrait en arrivant en Égypte par l’est. Son aspect monumental devait impressionner, tant elle comportait de monuments imposants à la gloire de Pharaon.

Prochaine destination : Le Caire

Le Sphinx à Gizeh
Le Sphinx à Gizeh

Située en amont du delta du Nil, la situation géographique de la ville a longtemps été le centre majeur de l’Égypte antique. À l’origine, il y avait Babylone puis Fustât et enfin Le Caire. Dans l’Égypte antique, la région autour du Caire, notamment Memphis était très attractive. À l’aube du IVe siècle, Memphis perd de sa superbe. Les Romains décident alors d’établir une cité-forteresse le long de la rive du Nil : Babylone, qui reste aujourd’hui le plus vieil édifice de la ville. Lors de la conquête de l’empire ottoman, après le siège de Babylone, les musulmans renomment la ville « Fustât », devenant ainsi la première ville musulmane du pays et centre régional pour l’islam. Une sorte de capitale donc.

En 969, Fustât devient Le Caire, un campement des musulmans venus d’Arabie pour conquérir l’Égypte sous le califat musulman chiite de Jawhar Al Siqili. Située sur la route des épices – les commerçants atteignent la ville par le Nil – la ville prospère pendant de longues années. Sa proximité avec Gizeh, les pyramides et la nécropole de Memphis en fait également un lieu incontournable.

Prochain arrêt : Louxor

Temple d'Amon à Louxor
Temple d’Amon à Louxor

Au fil de l’eau, les paysages évoluent, la région devient moins désertique. Au nord de Louxor, le désert Libyque s’étend presque jusqu’aux rives du Nil. Depuis Le Caire, le Nil passe par plusieurs villes, notamment Thèbes qui jouxte la ville de Louxor. Ici, on pénètre dans la vallée des Rois.

Thèbes, c’est la cité antique (qui fait aujourd’hui partie de Louxor) qui fut la capitale à plusieurs reprises. La première fois remonte à – 2040, lorsque le pharaon Montouhotep II réunifie le pays. Puis à nouveau sous le Nouvel Empire (- 1500 à – 1000), époque où la vallée des Rois voit le jour.

L’histoire de la ville s’étale alors sur quatre millénaires. Elle était la ville la plus honorée de l’Égypte antique et la plupart des temples du pays y étaient installés. Aujourd’hui, ce sont les ruines que vous pouvez visiter.

En 1883, les vestiges de temples, largement enfouis dans le sable ont été dégagés et réhabilités. Ces ruines vont intégrer le patrimoine culturel mondial de l’UNESCO dès 1979.

Destination suivante : Assouan

Près de 200 km plus loin, nous atteignons enfin les rives d’Assouan, une ville chargée d’histoire elle aussi. Pour continuer le voyage, il faut franchir l’écluse d’Esna sur le barrage d’Assouan, qui a failli coûter la vie aux temples d’Abou Simbel… Nous sommes en 1956, la Seconde Guerre mondiale a pris fin et le président Nasser décide d’entamer l’édification d’un barrage à Assouan afin de développer économiquement le pays par la production d’hydro-électricité et de régulariser le cours du fleuve et d’éliminer les crues pour constituer un réservoir en cas de sécheresse. Sa construction démarre en 1960, créant plusieurs problèmes environnementaux et sociaux pour les populations vivant au sud de la ville et à Abou Simbel.

Dernière étape : Abou Simbel

Façade du petit temple d'Abou Simbel
Façade du petit temple d’Abou Simbel

La construction du barrage en 1960 a failli faire disparaître les temples d’Abou Simbel et d’autres trésors antiques. L’édification du barrage s’est faite sans études approfondies sur ses répercussions. Résultat ? L’UNESCO lance une campagne internationale afin de sauvegarder les monuments nubiens et sollicite l’aide de ses États membres. Des comités nationaux composés de chercheurs, archéologues, historiens, ingénieurs et architectes sont formés par 30 pays.

Une collecte de fonds est organisée par l’UNESCO afin de préserver le plus grand nombre de sites et de monuments archéologiques possible, tandis que trente pays émirent des timbres représentant les monuments dans le cadre d’une campagne de financement destinée à couvrir les coûts de la campagne internationale. Bref, c’est une mobilisation inédite qui a permis de sauver une partie du patrimoine égyptien et les temples jumeaux d’Abou Simbel, joyaux du pays.

Mais plusieurs pertes ont été irréversibles et ont conduit à des désastres écologiques. Par exemple, le Nil s’écoule aujourd’hui plus vite qu’auparavant suite aux déséquilibres de l’érosion et l’apport des limons (matériau granulaire de taille comprise entre le sable et l’argile).

Et aujourd’hui ?

Dans notre société contemporaine, l’Égypte est devenue un pays moderne. Mais l’Égypte antique fait toujours rêver de par sa riche histoire, ses mythes ou ses constructions majestueuses (et parfois fastueuses). Les villes du Caire, Louxor ou encore Alexandrie sont aujourd’hui devenues très touristiques, reléguant les constructions antiques à des zones définies dans la ville, les « vieilles villes », comme on le dit si bien aujourd’hui. Les croisières sur le Nil ne ressemblent plus aux croisières de l’époque non plus. Elles sont aujourd’hui touristiques, avant JC, elles étaient plutôt commerciales.

La construction du barrage d’Assouan a eu un impact sur le long terme et pas forcément des plus positifs : populations déplacées, terres ensevelies, disparition du patrimoine, impact écologique, etc. En revanche, le sauvetage mis en place par l’UNESCO reste aujourd’hui un effort inégalé dans l‘histoire de l’archéologie.

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Article concocté par Clara Lefevre-Manond,

Née à Lille, passée par les Deux-Sèvres, Clara est revenue dans la capitale des Flandres pour ses études. Danseuse classique, elle a aussi fait du tennis. Sportive, elle ne laisse pas un challenge lui saper le moral. Souriante et généreuse, voilà comment la qualifier. Mais attention, sous ses yeux bleus, se cache un sacré caractère : qui s’y frotte s’y pique !

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