Rendez-vous côté jardins, où les mises en scène végétales nous dévoilent bien plus de mystères que l’on ne pourrait le penser.
Selon le Larousse, le jardin serait par définition un “espace aménagé pour la promenade ou le repos, dans un souci esthétique et portant des pelouses, des parterres, des bosquets, des plans d’eau”. D’après Wikipédia, c’est un lieu “où l’on cultive de façon ordonnée des plantes domestiquées”. Ordre et esthétisme seraient donc les deux principales qualités de ce que l’on nomme communément “jardin”. Mais ne serait-ce pas quelque peu réducteur ?
Si certains écrins de verdure répondent strictement à ces définitions, nous vous assurons que les jardins que nous allons vous présenter ne peuvent s’y cantonner.
En effet, ces jardins vous promettent un voyage bien plus profond. Celui de l’introspection, de la rêverie, de l’engagement. En vous y aventurant, vous ne vous émerveillez pas seulement de la beauté de la faune et de la flore qu’ils abritent. Vous en tirez des enseignements. Découvrez lesquels, dans une promenade autour des plus beaux jardins du monde qui nous transmettent leur savoir.
1. Le Jardin des cinq sens (Yvoire, France)
Quand avez-vous pour la dernière fois senti le parfum d’une fleur ? Croqué dans une feuille sucrée ? Ou juste fermé les yeux pour vous laisser bercer par le chant des oiseaux ?
Plus qu’une simple promenade contemplative, le Jardin des cinq sens vous offre la promesse d’une véritable expérience sensorielle. Dans cet espace préservé au bord de Lac Léman, vous ne vous contentez pas de toucher des yeux les quelque 1 500 variétés de plantes qui le composent. Vous écoutez, effleurez, goûtez. Vous humez, observez, ré-apprenez simplement à interagir avec le monde naturel qui vous entoure.
À votre rythme, vous vous frayez votre propre chemin dans ce jardin d’inspiration médiévale aux allures de labyrinthe. Vous y trouverez sûrement la voie vers une reconnexion à la nature. Ce n’est pas pour rien que le Jardin des Cinq Sens est classé « Jardin Remarquable » par le ministère de la Culture. Par une proposition aussi expérimentale que spirituelle, il vous offre un enseignement sur le Vivant et sur… vous-même.
2. Les Jardins de Monet (Giverny, France)
Nous sommes en 1899. Et c’est ici, à cet endroit précis, que Monet posa son chevalet. Saisit son pinceau. Et le fit glisser sur la toile qui deviendra le célèbre Bassin aux nymphéas, harmonie verte.
Visiter les jardins de Giverny, c’est vivre une immersion poignante dans le jardin qui fut la muse naturelle d’un des plus grands peintres impressionnistes. C’est découvrir une autre œuvre de Claude Monet. Une œuvre grandeur nature qu’il a façonnée avec patience et minutie pendant plus de quarante ans.
Le premier jardin, le Clos Normand, vous offre ainsi une explosion visuelle. Des fleurs en tous genres – principalement sélectionnées par l’artiste pour leur couleur – y poussent librement. Claude Monet n’était pas un grand amateur des jardins organisés et contraints. En témoigne aussi la composition du Jardin d’eau, sa seconde création. Inspiré des structures végétales nippones qui fascinaient le peintre, il est pétri de courbes asymétriques. C’est là que se trouve également le célèbre pont japonais qu’il a peint pas moins de 45 fois !
“Dans ce village au charme intemporel”, confiait-il, “la lumière est comme nulle part ailleurs.”
Quelle émotion de s’imaginer le maître arpenter les allées du jardin puis passer des heures à tenter d’en capturer l’essence.
3. Le Jardin de la spéculation cosmique (Dumfries, Écosse)
Des hélices d’ADN métalliques imposantes, un échiquier gargantuesque, des escaliers interminables comme un écho à la marche du temps… Vous avez bien atterri dans l’étrange jardin de la spéculation cosmique. Celui où la science côtoie le land art.
Mélange d’ordre et de chaos, à l’image de l’univers, ce lieu fantastique vous transporte dans un voyage déroutant à la Lewis Caroll. À l’origine de ce jardin : Charles Jencks, un architecte paysagiste américain, qui l’imagina en hommage à sa défunte épouse Maggie Keswick. Dans la vidéo ci-dessous, il nous confie que « concevoir un nouveau style paysager, c’est expérimenter le langage de la nature ». Celui des courbes.
Au-delà de son esthétique renversante, le jardin de la spéculation sonde la place de l’homme dans l’univers. Si vous souhaitez en faire l’expérience, sachez qu’il n’est ouvert qu’une seule fois par an ! Une aventure pour le moins rare qui a inspiré au compositeur Michael Gandolfi sa musique The Garden of Cosmic Speculation, enregistrée par l’Orchestre symphonique d’Atlanta et nommée aux Grammys en 2009.
4. Le Rock Garden (Chandigarh, Inde)
Voyageons dès à présent à Chandigarh, première ville de l’Inde post-indépendance conçue par Le Corbusier.
En 1958, alors qu’il a 34 ans, Nek Chand est responsable de la construction des routes. À la tombée de chaque nuit, c’est sur sa bicyclette qu’il part dans les contreforts de l’Himalaya, à la recherche de pierres habitées d’une énergie particulière. Il récolte aussi sur son passage une série de déchets urbains : de la vaisselle brisée, des pièces détachées d’appareils électriques, des bracelets abandonnés, des morceaux de tuiles et des tuyaux usagés…
En forêt, à l’abri des regards, il commence à créer un véritable sanctuaire. De cette matière récupérée, il fait naître des sculptures multicolores aux allures de dieux, de déesses et d’animaux fantastiques. Une dizaine d’années plus tard seulement, le Rock Garden, sera officialisé par le gouvernement indien. C’est alors un véritable palais idéal du facteur Cheval indien qui se révèle au monde.
Enveloppé de verdure et de chutes d’eau, ce jardin féérique qui s’étend désormais sur douze hectares, prend la forme d’un théâtre en plein air où se rencontrent art et écologie. Le jardin des rocailles vous offre un autre regard sur le recyclage tout en contant l’histoire touchante de son auteur. Un autodidacte à la créativité débordante, qui construisit en secret ce qui allait devenir une œuvre d’art engagée.
5. Les Jardins de Las Pozas (Xilitla, Mexique)
Vous visitez le jardin de Las Pozas comme vous lisez un poème. Celui-ci est signé Sir Edward James, aussi surnommé « el Inglés loco » par les habitant.e.s du village mexicain de Xilitla, un artiste et collectionneur anglais excentrique et immensément riche.
Las Pozas est singulier, impertinent, loufoque, mystique. Ce jardin surréaliste est perdu dans la jungle mexicaine. Au cœur d’une nature verdoyante, s’élèvent des constructions en béton sans fonctionnalité particulière sinon celle d’exister. De tenir compagnie aux plantes. De veiller sur les oiseaux. Et d’offrir un espace d’accueil à la faune sauvage.
Vous y rencontrez ainsi des escaliers qui ne mènent nulle part et des colonnes qui ne soutiennent rien. Parmi ces structures labyrinthiques, cohabitent « L’escalier vers le paradis » ou « La maison de trois étages qui pourraient être cinq ».Ces créations ubuesques, qui préfèrent la beauté de la bizarrerie à la fadeur de la normalité sont une ode à une certaine forme de liberté.
En vous baladant au milieu de ce jardin architectonique, imaginez-vous les fêtes déjantées et autres cérémonies new age qu’il a pu héberger autrefois. Las Pozas vous promet donc une escapade hors du temps dans un jardin assurément hors des normes.
C’est ici que se termine notre balade autour des plus beaux jardins qui nous transmettent leur savoir. A très vite pour de nouvelles idées de visites et d’évasion culturelle.
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Article proposé par Charlotte Combret ,
