Contrairement à l’idée reçue, les enfants ne se désintéressent pas du monde culturel, bien au contraire ! La médiation leur permet d’apprendre, de développer leur personnalité, leur imagination afin de mieux analyser le monde qui les entoure.
Développée en France dans les années 70, la médiation culturelle est, par définition, une discipline qui favorise la rencontre entre une œuvre artistique (œuvre d’art, pièce théâtrale, livre, exposition, etc.) et un public. Le jeune public est le public le plus exigeant, avec lequel il faut être empathique et ouvert d’esprit. Au XXIème siècle, du médiateur aux outils numériques, quels sont les secrets de fabrication d’une médiation culturelle réussie qui s’adresse aux enfants ?
Le rôle du médiateur
Le médiateur, véritable professionnel, travaille en parfaite collaboration avec les partenaires culturels. Dans le cadre d’une exposition, le médiateur abordera le conservateur du musée. Pour une pièce de théâtre ou un film, il interrogera le metteur en scène, les artistes et les comédiens. Dans le cadre d’un livre, l’auteur ou l’éditeur seront ciblés, afin de connaître les différentes clés de lecture de l’œuvre. Permettant alors de construire son discours et de l’adapter à son public.
Dans le cadre du jeune public, le médiateur doit échanger avec les professionnels de l’éducation. Enseignants et médiateurs proposent, de concert, des projets pédagogiques afin que les enfants puissent se les approprier dans leur propre parcours personnel. Ainsi, depuis la fin des années 90, les PLEA ou CTEAC (Plans Local d’Education Artistique ou Contrats Territoriaux d’Education Artistique et Culturel), permettent à l’enfant, durant tout son parcours scolaire, de la maternelle jusqu’au lycée, d’avoir eu au moins une expérience immersive au sein d’une institution culturelle.
Le médiateur doit être empathique face à son jeune public et être à l’écoute des remarques des enfants. C’est un véritable moment d’échange ainsi que d’adaptation afin de susciter l’éveil de l’enfant, de le marquer. Le médiateur ne doit pas tout dévoiler car l’attention de l’enfant est de courte durée. Mieux vaut en montrer peu et de bonne qualité que de viser la quantité jusqu’à ce que l’enfant ne comprenne plus rien.
Les techniques de la médiation
La médiation est un moment d’échange et d’apprentissage. Aussi, les techniques et outils ont une visée pédagogique et de développement du sens critique. Le médiateur utilise donc ces supports afin d’apporter du concret à son discours. L’enfant peut alors emmagasiner les connaissances apprises.
Bien souvent par le biais d’ateliers ludiques, durant les temps scolaires ou pendant les vacances, les médiateurs abordent diverses approches simples en se basant sur les œuvres artistiques. Par exemple, les tableaux d’un musée sont le support de la découverte des couleurs ou des formes géométriques. L’imagination des enfants est alors sollicitée en écrivant une histoire. Celle d’un personnage, d’une pièce de théâtre, … Les ateliers poterie ou mosaïque permettent de travailler la coordination de l’enfant. Recréer une œuvre qui a été vue sous vitrine permet de comprendre qu’il s’agissait d’un élément du quotidien. Un objet manipulable, pour un peuple d’une autre époque.
Lors d’une visite familiale, des guides en version papier, spécifiquement conçus pour le jeune public sont disponibles. Il en existe généralement dans les musées pour explorer les collections permanentes et expositions temporaires. Mais également auprès des offices du tourisme pour découvrir une ville ou un monument. En tant que parent, vous allez devenir un médiateur et allez guider votre enfant dans sa recherche personnelle. C’est un véritable moment d’échanges et de partages culturels.
Vers une médiation numérique
Le numérique fait partie de notre quotidien, et nous savons que les enfants s’y familiarisent très facilement. Afin de conquérir le jeune public, la médiation culturelle a su s’adapter à cet outil et l’utiliser en tant que complément à une visite guidée traditionnelle, comme la mise à disposition d’écrans tactiles lors d’expositions.
Dès les années 90, il était possible de découvrir les œuvres exceptionnelles du musée du Louvre grâce à un Cd-Rom pédagogique. Aujourd’hui, les collections d’un musée sont consultables sur leur site Internet, avec des parcours ludiques pour les enfants, constitués de puzzle ou de coloriages en ligne. Avec le dispositif des Micro-Folies, les collections des grands musées s’exportent dans les villes moyennes et zones rurales.
N’oublions pas le jeu vidéo ! Cet art, devenu élément du patrimoine culturel depuis peu, est de plus en plus utilisé par le monde de la Culture afin de conquérir le jeune public dit « gamer ». Des livres dont vous êtes le Héros en passant par des enquêtes du vol de la Joconde à Pokémon Go, les enfants sont également immergés dans le monde culturel.
Des initiatives professionnelles ou associatives font également le jeu de la médiation numérique. C’est notamment le cas de Upcycle Commons, qui, en partenariat avec l’association Museomix (événement international sur les outils de la médiation du futur) à développé le concept Museomix Kids. A destination des jeunes publics, comme son nom l’indique, cet événement permet aux plus jeunes d’imaginer la médiation culturelle de demain. Au programme, ateliers, accompagnement, prototypage… En un temps record, l’événement permets aux jeunes regroupés par équipe de concevoir des prototypes fonctionnels en s’initiant à de nombreuses techniques comme le développement informatique ou le design.
Il n’existe pas de formules magiques ou de produit clé en main en médiation culturelle adressé au jeune public mais des outils en constante évolution et adaptation.
Nous avons tous, en tant qu’adulte, un rôle de médiateur pour faire découvrir la Culture aux enfants. Le dialogue, l’écoute et le partage sont le plus important. Ainsi, les expériences et rencontres culturelles marqueront l’enfant curieux, qui le transmettra à son tour, à ses propres enfants.
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Par Juliette Bouchot ,
