Des adolescents qui luttent contre les forces du mal, un lycée, des fuites de gaz, des vampires sacrément vilains,…Une bibliothèque, des démons et beaucoup de second degré. Buffy contre les vampires c’est en ce moment sur Disney + et tout de suite dans C’est comme la confiture.

Crédits : Podcast proposé par Cultur’easy
Concept de Marion Labbé-Denis
Écriture et Voix de Marion Labbé-Denis
Musique Originale de Lucas Beunèche
Montage & Mixage de Lucas Beunèche
Conseil artistique : Caroline Garnier
Production artistique : Elodie Bedjai

Beaucoup de gens de ma génération, ont connu cette merveille télévisuelle que l’on appelle communément La trilogie du samedi

Un programme de trois épisodes de séries américaines, fantastiques dans les deux sens du terme. Ça vient d’un format américain du même nom qui était diffusé sur NBC. En France, ça a commencé en 1997 sur M6 et ça a quand même duré onze ans. Oui, ça fait beaucoup d’années. Ça s’est donc terminé en 2008, mais en 2018 ça a été repris sur une autre chaîne du groupe M6. 

Cela dit, je n’aime pas balancer, mais à partir de là, tout a foutu le camp. Puisque la trilogie du samedi a été décalée au… mardi ! Non mais… Et puis quoi encore, je veux bien qu’on prenne les mêmes et qu’on recommence, mais il y a des limites.

Je me souviens qu’au départ, je n’avais pas tellement le droit de regarder cette trilogie. En tous cas pas chez moi. 

Mais chez les autres, bon… Et ça me réjouissait, ça avait un petit côté transgressif. J’avais très envie d’aller chez d’autres gens le samedi du coup. Alors oui, c’est vrai que quand ma mère me disait très sérieusement : “Ah non, mais tu fais ce que tu veux, ce n’est pas moi qui vais faire des cauchemars après…”. Je me disais, c’est vrai, elle n’a pas tout à fait tort. Mais je répondais : “Maman, me mettre à l’écart du groupe, m’isoler volontairement des références culturelles des enfants de ma génération nourrira immanquablement d’autre anxiétés qui pourraient nuire à mon développement psycho-social.” Enfin, non. Je ne disais pas ça j’avais dix ans. Je disais sans doute un truc comme “Mais Mamannnn”, mais je pense qu’au fond c’est ça que je voulais signifier. Ça ne fait aucun doute.

Dans la Trilogie du samedi, il y a avait donc Buffy contre les vampires, mais également Charmed, …

Avec les sœurs Halliwell, The Sentinel, le Caméléon, Stargate SG1, Roswell… Et puis après je sais pas trop ce que je faisais de mes samedi… Sans doute que j’allais guincher aux soirées mousse de la patinoire municipale de 20h à minuit. Guincher c’est tenter de se dandiner avec dignité sur des patins à glace. En tous cas c’est ma définition à moi. Mais bref, après c’est un peu flou côté séries de la trilogie.

Mais enfin, récemment je cherchais mon prochain sujet et on m’a suggéré Buffy contre les vampires. 

Moi, Buffy je m’y suis remise il y a quelques années. Après avoir entendu un prof de cinéma dire que c’était génial. J’avais trouvé ça assez disruptif comme déclaration. Parce qu’au fond on se souvient avoir un peu aimé, mais on n’assume pas vraiment. On dit : “Mhh Mhh, oui, oui, je me souviens.” Mais c’est un peu comme on assume plus tellement d’avoir acheté un CD deux titres de Lorie. Ou d’avoir adoré les colliers de bonbons, alors que concrètement,… On se trimballait avec ça autour du coup douze heures d’affilé, en postillonnant à tout va. Et en courant dans tous les sens à chaque anniversaire, c’était limite crado.

Enfin c’est quelque chose qui tient de l’aliénation générationnelle, c’est toléré mais on ne s’en vente pas, enfin pas trop. C’est sans doute la raison pour laquelle je m’y suis remise, par curiosité. Parce que ça me semblait culotté comme point de vue. Et pourtant ce que j’ignorais c’est que Buffy, c’est tellement bien,… Que c’est devenu une discipline à part entière dans certaines universités américaines. Disons qu’il y a suffisamment de recherches universitaires sur le sujet pour que l’on invente un terme, les Buffy Studies.

Buffy contre les vampires au tout départ c’est un film, un film sorti en 92. Il s’en est passé des choses dans les années 90.

Je vous parle d’un temps

Que les moins de vingt ans

Ne peuvent pas connaître,

M6 en ces temps là …

Ok, j’arrête. Un film donc, un long métrage, qui mixe la comédie et le genre horrifique. Un peu comme une sorte de parodie. Le pitch vous vous en doutez, c’est donc Buffy, une élève de lycée presque pom pom girl de son état, dont le destin est de se battre contre les vampires. Les choses vont bon train, on surfe sur les clichés des films d’horreur. Et puis à la fin elle parvient à tuer le plus méchant des méchants. MAIS, en cours de route, elle fait brûler son lycée et ça fout un sacré bordel.

Je ne m’attarde pas trop sur le film parce que ça n’a pas été un grand succès. Et que ce n’est pas officiellement l’avant série. Ce qu’il faut retenir c’est que le scénariste du film, c’est Joss Whedon. Qui est aussi le créateur, producteur et scénariste de Buffy contre les vampires, la série. Il était un peu frustré de ne pas avoir pu faire ce qu’il voulait sur le film alors il a repris le pitch pour faire la série.

Et il est resté show-runner sur les cinq premières saisons. 

Les show-runners, ce sont un peu les chefs des scénaristes. Ils font un taff énorme sur toutes les séries sur lesquelles ils travaillent. Je ne m’étale pas trop sur Joss Whedon parce qu’il a eu des comportements problématiques, voire tyranniques, d’après pas mal de membres du casting et du coup je n’ai pas très envie de le mettre en avant.

Le premier des 144 épisodes de Buffy contre les vampires a été diffusé 1997. C’est une série qui à priori relève du genre de la fantaisie urbaine. Je trouve ça rigolo comme terme. En même temps, il ne me faut pas grand-chose. La fantaisie urbaine, c’est quand des créatures surnaturelles font leur apparition dans un centre urbain.

(Taaaain nananana Oui, le générique de la série est iconique, mais je le fais très mal.)

La série raconte l’histoire de Buffy Summers (littéralement Buffy les étés), jouée par Sarah Michelle Gellar. Une adolescente/tueuse de vampire qui vient d’emménager avec sa mère à Sunnydale. Littéralement la vallée ensoleillée, après avoir brûlé son lycée à Los Angeles du coup. Au cours des premiers jours de sa nouvelle vie, elle rencontre aussi son observateur, Rupert Giles, qui n’est autre que le bibliothécaire de son lycée.

Oui, parce qu’en tant que Tueuse de vampire elle a quand même un genre de guide spirituel. Enfin quelqu’un qui l’aide et veille sur elle, enfin veille on s’entend parce qu’il ne fait pas la bagarre Rupert. Il lui dit, ah bah là si tu brandis tel truc, et que tu dis ça, normalement il ne va pas rester. Ou alors juste il prend un air concentré et répond à tout ce qu’on lui dit par : “Mhhh, c’est ce que je craignais” ou “Je vais faire des recherches”.

Le truc, c’est que son nouveau lycée à Buffy est placé sur la bouche de l’enfer. Il y a donc pas mal de bestioles, de vampires et autres créatures du démon qui se baladent dans les parages, ce qui fait qu’elle a du taff Buffy. Elle n’est pas là pour voir passer les oies sauvages ou chanter du Michel Delpech.

D’autant que c’est l’héritière d’une lignée de tueuses de vampires

Mais contrairement aux tueuses qui l’ont précédées, elle a des amis, elle est assez installée socialement. Et elle vit une vie d’ado en parallèle de ses balades au cimetière pour faire des rondes et sauver ses concitoyens d’une mort certaine. Ses deux plus grands amis c’est Willow, interprétée par Alyson Hannigan, un personnage qui se veut assez innocent au départ, mais qui deviendra une sorcière très puissante et Alex, joué par Nicholas Brendon.

Bon, lui il ne devient pas un truc en particulier, mais il reste sympathique dans l’ensemble. Le but ultime de Buffy, de ses amis et de Rupert, l’observateur. (Ah ça pour observer, il observe.) C’est de réussir à lutter contre un méchant qui veut rouvrir la bouche de l’enfer.

Et dans cette entreprise, oui parce que c’est quand même un gros dossier, ils seront aidés par Angel, qui est un vampire, mais un vampire de type relativement fréquentable, parce que lui, il a une âme et Cordelia, une sorte de pestouille un peu narcissique, mais qui est clairement la plus honnête de la troupe puisqu’elle dit tout ce qu’elle pense et qu’elle a un sens de la répartie, du tonnerre. D’ailleurs je me demande si ce n’est pas un peu mon personnage préféré.

L’enjeu pour Buffy, sur 144 épisodes et 7 saisons

C’est de sauver le monde d’une fin certaine qu’il ignore. Voilà, en toute simplicité. Pour se faire elle doit lutter contre des monstres en tous genres. Parmi les résumés d’épisodes des premières saisons on trouve : Le mannequin d’un ventriloque est suspecté de prélever les organes des camarades de classe de Buffy, Une princesse inca est ramenée à la vie au musée d’histoire naturelle, Buffy et Cordelia se rendent à une fête de fraternité et sont offertes en sacrifice humain, Buffy et ses amis en apprennent plus sur eux-mêmes en combattant un loup garou.

Et bah mon vieux, ce n’est pas de tout repos. 

On dirait la série des Martines qui filerait un mauvais coton. Buffy à la plage, Buffy et les internets, Buffy et le mannequin ventriloque, Buffy et la bouche de l’enfer. Et c’est un peu ça. Cela dit, si dans les premières saisons un monstre = un épisode, l’arc narratif est quand même complet sur une saison, parce qu’une menace plus grande se développe en arrière plan au long de la saison.

Ça fonctionne fichtrement bien parce que les personnages évoluent réellement tout au long de la série 

Et on s’y attache parce qu’ils sont très bien écrits. Après est-ce que l’adolescence en soi est très bien écrite, ça ne je m’avancerai pas dessus, parce que Buffy et ses copains, ils vont presque à chaque épisode au Bronze, un genre de boîte de nuit. Et, on n’a pas eu la même adolescence à priori. Je veux bien qu’on m’explique à quel moment de un, tu sors en boîte tous les quatre matins à seize ans, et de 2 tu fais tes devoirs en boîte et tu y bois des cafés. Pardon, mais autant le démon des internets, je veux bien. Autant le soutien scolaire en boîte, bon, il y a un truc qui colle pas.

Par ailleurs à chaque fois qu’il se produit un truc pas net, genre tous les élèves sont possédés 

Par une grosse bestiole qui fait trois fois la taille d’un feu de forêt et qui leur demande de tuer des gens, ou que ça explose dans tous les sens à une boum d’anniversaire. Ils se réveillent avec une pioche, un flingue ou une corde dans les mains et Buffy et ses petits potes leurs disent “Oh la la FUITE DE GAZ”, et ils disent « Ah oui, c’est pour ça » , je me sens un petit peu désorienté et hop, ils passent à autre chose. Franchement à leur place ça fait bien longtemps que j’aurais demandé un devis pour réparer les tuyaux mais passons.

Ce qui est intéressant c’est que les monstres qui sont présentés dans cette série, cristallisent les angoisses des scénaristes et notamment leurs angoisses d’ados. 

Marti Noxon, l’une des scénaristes de la série, explique qu’enfant elle faisait face à une situation familiale compliquée et que les monstres lui permettaient de dire “J’ai peur” de façon légitime. Parce que ce n’est pas toujours évident d’exprimer ses craintes et ses angoisses quand elles sont liées à des situations qui nous échappent.

Or, il y a quelque chose de l’ordre du soulagement dans le fait de pouvoir éprouver ce sentiment et l’exprimer en le transposant sur des éléments irrationnels certes, mais compréhensibles. On peut plus facilement être réconfortés peut-être aussi. C’est plus simple de dire qu’on éprouve de la peur en regardant une série qui est censée provoquer ce sentiment que de dire à des proches : “Je suis terrifiée par des angoisses existentielles qui me paralysent…” Ça donne une légitimité, un cadre presque rassurant aux sentiments qui parfois nous traversent.

Il y a une autre métaphore qui marche bien aussi c’est…

Celle de la frustration de Buffy quand sa mère la prive de sortie. On a tous eu l’impression qu’en manquant la fête chez Jason, on allait passer à côté de notre destin. Et ben pour Buffy c’est un peu pareil. Quand sa mère lui dit mais non tu ne sors pas ce soir, ça va, ce n’est pas la fin du monde et ben nous en tant que spectateur, on sait que… Si. Mais elle ne le sait pas ça Joyce… et au fond en pleine adolescence, on a le sentiment de jouer notre vie à chaque micro-événement.

Et la frustration que peut représenter l’incompréhension des adultes est grande. Très grande. “Comment ça je ne peux pas rentrer en bus de la patinoire ? Mais maman si tu viens me chercher jamais je ne pourrais jamais demander à Kevin ce que signifiaient les points de suspension à la fin de son dernier sms, parce que j’ai plus de crédit avant le mois prochain.” On dirait que c’est un peu cliché, voire caricatural quand je vous le raconte comme ça, mais ce n’est pas le cas, je vous assure.

Mais ce que j’aime le plus dans cette série, c’est son humour. 

Quand je l’ai revu, je me suis dit, mais c’est hyper marrant en fait. Bon clairement à dix-douze ans, mon sens de l’humour était sans doute différent et les blagues ne m’étaient probablement pas destinées de toutes façons. Je devais avoir un côté team premier degré, j’imagine. Mais je me suis dit c’est vraiment super. Les réparties sont excellentes et contrairement aux costumes, elles n’ont pas tellement vieilli. Pour vous donner un exemple, il y a un épisode où Buffy et sa mère trouve un chat mort dans leur garage. Elles l’enterrent et l’animal réapparaît vivant, quelques jours plus tard. Il pue et vraiment il n’a pas l’air en forme. 

Là-dessus Buffy en parle à son Observateur à qui elle dit, “Je pensais l’appeler Pinède ou Fraîcheur d’avril, mais maman préfère Chat crevé.” À un autre moment de la série, dans les couloirs du lycée, Cordelia rejoint le groupe de copains qui parlent d’un démon à faire disparaître, et elle leur dit “Oh mon dieu, est-ce qu’on va encore tuer quelque chose ce soir ?” Et Buffy répond “Seulement mon insouciance, rien de plus”.

La série a beaucoup de second degré

A chaque fois que l’on pourrait tomber dans quelque chose de risible, parce que mine de rien entre le démon d’internet, le Frankenstein de seconde zone et la femme menthe religieuse, il y a quand même moyen de se perdre sur le chemin de la finesse, mais à chaque fois qu’on frôle cette limite-là, ou qu’on la franchit, la série fait une petite cabriole, et fait dire à l’un de ses personnages un truc comme “Oui, je sais je dois sauver le monde, vous pouvez pas changer de disque ?” ou “Sérieusement, un pantin ventriloque, vous n’avez pas trouvé mieux ?” ce qui fait qu’avant même que tu commences à ricaner, ils ont déjà eux-mêmes fait une blague dessus, donc tu ne ris pas contre eux mais avec eux, franchement c’est brillant.

Par ailleurs, il me semble important de rappeler que c’est quand même une des premières séries avec une telle renommée

Le personnage principal, cliché de l’adolescente blonde populaire et superficielle, souvent insignifiant, qui serait du genre à descendre à la cave en slip sans lampe torche pile le jour où les démons de minuit ont décidé de mettre le feu à sa baraque, dans tous les autres films. Dans cette série, c’est elle qui sauve tout le monde, d’ailleurs ça la gonfle un peu. Et c’est peut-être ça qui est amusant aussi.

On renverse les stéréotypes, mais elle n’est pas non plus dans un délire de toute puissance avec un égo démesuré. Elle n’a pas tant le choix quoi, mais ça la gonfle un peu. Parfois elle dit, oh mais foutez moi la paix, je ne peux pas juste manger des chips et rouler des pelles ? Mais non, et heureusement, parce que Buffy mine de rien, mine de plomb, au cours des 7 saisons que dure la série, elle lutte contre les démons, certes mais contre le patriarcat aussi. Et oui, rien que ça.

En fait, ce qui est aussi montré dans cette série c’est une forme d’emprise, dans la mesure où ce sont principalement des hommes qui détiennent le pouvoir qu’il s’agisse du principal malveillant du lycée, du maire de Sunnydale, du conseil qui la met sans arrêt à l’épreuve, de Giles qui lui dit ce qu’elle doit faire toutes les trois minutes mais malgré ça, Buffy elle ne se laisse pas faire du tout, et elle passe son temps à les remettre à leur place.

Dans la liste des métaphores encore d’actualité

Il y a même un épisode où la mère de Buffy rencontre un homme, Buffy, elle le sent pas du tout Jean-Michel, mais tout le monde pense qu’elle est juste jalouse. Bon la vérité c’est qu’il est bien zinzin et qu’ils finissent par se battre. Et Buffy finit par le tuer. Sauf que, comme elle n’est pas physiquement blessée, personne ne croit qu’elle a été victime de son agression à lui. Elle n’a pas ce qu’il faut pour être “une bonne victime” à priori, donc elle est coupable.

Après, je vous vois venir, bien sûr, il y a des personnages masculins positifs Angel, Spike et Alex amoureux de Buffy since day one. Mais il n’empêche que Alex il est lourd, genre vraiment. On l’aime bien hein, mais la lourdeur mon pote. Et puis, pardon, mais Spike et Angel avant d’être des mecs sympas qui filent un coup de main, ce sont des vampires qui ont tué un paquet de gens avant de lire les 4 accords Toltèques et de partir faire une balade sur le chemin de la repentance.

Ceci étant, il faut quand même reconnaître que tout au long de la série la notion de masculinité est plurielle et que chaque personnage masculin a une façon bien à lui de s’approprier la sienne.

Mais revenons à notre lutte féministe

Je ne peux pas vraiment vous en parler ici, parce que je ne voudrais pas divulgâcher la fin de la série, mais Buffy contre les vampires détruit le patriarcat en détruisant le cliché selon lequel il n’y a qu’une seule femme capable de, elle réduit en poussière, l’idée que chaque femme est seule face à son destin. Sororité, frère. Mais Buffy contre les vampires c’est aussi le premier baiser lesbien de l’histoire de la télévision, c’est la première histoire lesbienne qui n’est pas un sujet en soi. La relation entre Willow et Tara, c’est une relation amoureuse qui se développe sans que ce soit le motif de l’intrigue. Et ça en termes de visibilité dans les années 2000, ce n’est pas rien.

Par ailleurs, dans l’esprit de certains ados de ma génération, Buffy contre les vampires c’était quelque chose de très sexualisé, de très subversif. 

Et en y repensant, c’est vrai. Entendons-nous, ce n’est pas Games of Thrones, mais côté vampire, on dirait qu’ils sont toujours à deux doigts de se sauter dessus. C’est lié au fait qu’ils boivent du sang sans doute, mais ils ont quand même la dalle H24, ça doit être épuisant de parler une voix de gorge comme ça sans arrêt. Sauf que, ce sont eux les méchants et que de l’autre côté on valorise quand même le fait de prendre son temps. Même si dans la team Buffy ils ne sont pas non plus chastes toute la vie. D’ailleurs il y a quelque chose d’assez perturbant dans l’image et la place qui est donnée à la sexualité. 

C’est assez diabolisé, en tous cas sur les premières saisons. 

Au moment où Buffy passe la nuit avec Angel, son amoureux vampire mais qui a une âme et donc qui est gentil, il la perd son âme et il devient la pire des ordures. Vraiment, j’avais complètement oublié cet épisode, mais le calvaire. Le lendemain, il lui dit qu’est-ce que tu croyais, ce n’était pas ma première fois à moi, nan mais ça va c’était pas l’enfer mais on peut pas dire que tu aies fait des étincelles. L’angoisse.

Et voir Buffy, vivre ce genre d’expérience traumatisante, c’est aussi se dire, de 1 ça peut arriver à tout le monde et ce n’est pas uniquement aux jeunes filles naïves et innocentes qui n’auraient pas fait attention et de 2 qu’elles n’en sont pas nécessairement responsables. Et franchement, je ne m’en souvenais pas, mais cette violence ! Buffy culpabilise, elle s’en veut à mort, mais un adulte, Giles, qui observe comme à son habitude, lui dit, mais Buffy, tu ne pouvais pas savoir, tu es victime de cette situation, tu n’en es pas responsable. Et mon estime pour toi ne s’annexe pas là-dessus. Mais c’est vrai qu’il y a une métaphore intéressante autour de la sexualité.

Il y a pas mal de questions autour du consentement et franchement, pour l’époque c’était quand même assez novateur. 

Dans l’émission Blockbusters de Frédérick Sigrist, consacrée à Buffy contre les vampires, l’une des invités, dit que c’est bien normal que la sexualité dans la série ait quelque chose de fondamentalement dangereux, qu’il est presque plus facile de tuer des vampires et de lutter contre la fin du monde que de tomber amoureux et de passer la nuit avec son ou sa partenaire. Et ce, tout au long de la série, comme si l’acte en lui-même avait quelque chose de tragique. Et, j’avoue je suis pas hyper d’accord. Elle dit qu’au fond, une relation sexuelle, c’est vrai, que c’est perdre une part de soi, prendre le risque de donner la vie, de perdre le contrôle de son corps, que ça implique potentiellement des maladies, le déshonneur, etc.

 Bref, faire de la sexualité, c’est prendre le risque de mourir. Point. Bon et bah, va nourrir une sexualité saine et épanouissante toi avec tout ça. Alors oui, je résume dans les grandes lignes, et dans le fond, la série est quand même intéressante sur ce sujet aussi, mais comme beaucoup de choses dont on nourrit les adolescents c’est aussi un peu lourd ou du disons un brin manichéen, sur un sujet qui bien sûr doit être abordé, puisqu’il est hyper important, mais c’est peut-être pas non plus la peine que tous les discours l’abordent comme une humiliation potentielle.

Je me dis, ce n’est peut-être pas, le meilleur moyen de permettre à chacun de s’épanouir. D’ailleurs, je me dis qu’on a fait quelques progrès (je dis on, mais moi personnellement je n’y suis pour rien) avec des séries comme Sex Education notamment.

Mais je m’étale, je vous conseille Buffy contre les vampires si vous n’êtes pas d’accord avec moi, mais que j’ai réussi à piquer votre curiosité

Que vous avez envie de retrouver le style vestimentaire des années 2000, que vous êtes un peu nostalgiques de cette période, que vous aimez les dialogues vifs et efficaces et que vous trouvez le second degré irrésistible. Vous allez pouffer, très fort. Je vous le conseille parce que Buffy contre les vampires c’est métaphoreland et qu’il y en a pour tous les goûts sur tous les sujets, le deuil, la folie, la jalousie, le divorce, la timidité, la performance, le manque, le sentiment d’abandon, la dépréciation et la misogynie.

Bref, un monde infini de drames de la vie incarnés par des monstres plus vilains les uns que les autres, auxquels Buffy et ses amis vont casser la gueule, ça a quelque chose de jouissif. Le tout rythmé par des dialogues cultes et beaucoup de prises de risque au niveau de la forme. Attention, je vous le déconseille si vous êtes hermétiques aux bruits de gens qui font la bagarre, parce que vous risquez de déchanter dès le premier épisode.

Et je vous préviens aussi, toutes les saisons de Buffy contre les vampires sont bien, mais la première n’est pas la meilleure alors accrochez-vous à votre nostalgie dans un premier temps, le temps de vous remettre dedans, et vous verrez qu’ensuite, vous ne verrez plus le temps passer. Sur ce, j’y retourne et je vous souhaite des retrouvailles éblouissantes avec Buffy les étés à la vallée ensoleillée !

Bisette,

PS : Ah, et je vous conseille aussi de lire le Petit éloge des anti-héroïnes de séries de Marie Telling et Anaïs Bordage

Un concentré d’analyse qui, je cite : propose un panorama original des femmes les plus subversives du petit écran et puis, je vous conseille aussi les deux podcasts d’Anaïs Bordage et Marie Telling : Amies et Peak TV dans lesquels elles analysent et commentent des films et des séries, parmi lesquelles, je vous le donne en mille, Buffy contre les vampires.

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