Un lieu de prière à l’abri du monde devenu un tiers-lieu marseillais ouvert sur le quartier de la Belle de Mai ? Partez à la découverte du Couvent !

Les murs de la rue Levat, dans le 3ème arrondissement de Marseille, dévoilent aux curieux un lieu étonnant. Une cité d’artistes au cœur d’un ancien couvent de religieuses contemplatives. De ces sœurs qui ont habité les lieux 2 siècles durant, il ne reste plus qu’un nom, celui du Couvent. Le site, géré par l’association Juxtapoz, accueille aujourd’hui de nombreux évènements culturels et artistiques au cours de la saison estivale. Retour sur la genèse et le développement de ce tiers-lieu incontournable du quartier de la Belle de Mai. 

Plan du Couvent et alentours
Plan du Couvent et alentours

Derrière les grilles du cloître

À l’origine, le Couvent de la rue Levat est une bastide provençale construite au XVIIIème siècle. En 1840, s’y installe une congrégation religieuse féminine, fondée à Marseille en 1838 : les Victimes du Sacré-Cœur de Jésus. Les 33 sœurs résidant au Couvent vivent une vie contemplative, retirée du monde. Elles y assurent une prière continuelle pour le salut des âmes et la consolation du cœur de Jésus. Cloîtrées, elles subviennent elles-mêmes à leurs besoins en cultivant les terres qui entoure le monastère.

Le développement progressif du quartier de la Belle de Mai pousse la communauté à envisager un départ de Marseille. Le pas est finalement franchi en novembre 2016. Après 174 ans de présence, les Victimes du Sacré-Cœur de Jésus quittent le Couvent Levat, direction la Vendée. Une page se tourne mais une autre est déjà en train de s’écrire.

Le Couvent s’ouvre sur le monde

Après le départ des sœurs, la ville de Marseille se porte acquéreur du Couvent. Cet achat intervient dans le cadre du projet « Quartiers Libres Saint Charles Belle de Mai ». Une opération ambitieuse visant à réhabiliter des structures délabrées et à aménager des espaces verts. Avant de statuer sur la place du Couvent au sein de ce projet, la mairie cherche à en assurer l’entretien.

Contre toute attente, surtout de la part des riverains de la Belle de Mai, c’est l’association Juxtapoz qui est choisie. Fondée par Karine Terlizzi et Charlotte Pelouse, Juxtapoz organise des évènements artistiques et culturels. Et occupe aussi temporairement des lieux désaffectés pour les transformer en cité d’artistes. Contactée par la mairie suite au succès de l’exposition Aux tableaux ! (2015), l’association signe une Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT). Autrement dit, un bail précaire de trois ans cédant le Couvent à titre gracieux en échange de son entretien.

Une pépinière artistique

Immense bastide provençale entourée d’un jardin de près de 2 ha, l’entretien du Couvent n’est pas une mince affaire ! À son arrivée en janvier 2017, Juxtapoz entreprend d’importants travaux de modernisation. Afin de rentabiliser l’AOT, l’association transforme les anciennes cellules des sœurs en ateliers d’artistes, loués à des prix très intéressants. La chapelle devient un lieu d’exposition propice à faire découvrir les artistes travaillant et résidant sur place. En 2017, le site accueillait près de 80 artistes ; en 2021, ils sont un peu plus d’une centaine.

Chaque été, Juxtapoz propose une « programmation éclectique, gratuite et de qualité » valorisant les acteurs culturels et artistiques marseillais. Près de 40 évènements culturels sont organisés chaque année en intérieur comme en extérieur. En effet, le jardin Levat, classé Espace Boisé Protégé, accueille régulièrement des expositions temporaires. Mais également une buvette estivale, des lieux de promenade, des parcelles potagères et des jardins associatifs…

Une entente fragile avec les riverains de la Belle de Mai 

Lorsque Juxtapoz prend ses quartiers au Couvent en janvier 2017, l’accueil est mitigé voire franchement hostile de la part des riverains. Dans ce quartier populaire, où manquent cruellement les espaces verts, les habitants ont appris l’arrivée de l’association via…le journal ! Le manque de communication de Juxtapoz durant les travaux de modernisation du Couvent ne fait qu’envenimer les choses. L’ouverture du Jardin Levat au public en juillet 2017 apaise en partie les tensions.

Mais c’est la création d’un poste de chargée de médiation (2019) qui va permettre d’ancrer pleinement Juxtapoz dans le quartier. Rendez-vous mensuels avec les riverains, visites guidées et aménagement de salles polyvalentes se mettent en place. Ces actions de médiation permettent aux habitants de la Belle de Mai de se sentir inclus dans le projet de Juxtapoz. En développant les ressources locales, l’association a réussi son pari de faire du Couvent un espace convivial autour de la culture.

Après avoir annoncé son départ à la rentrée 2021, Juxtapoz est finalement parti pour rester

L’AOT, qui devait prendre fin en septembre, a été reconduit par la mairie. Suite à cet arrangement précaire, succède enfin un bail de 3 ans, destiné à pérenniser l’action de Juxtapoz au Couvent. Artistes salariés de la structure y voient la reconnaissance du travail effectué depuis 4 années.

Mais l’installation durable de Juxtapoz n’est pas vue d’un bon œil par les riverains de la Belle de Mai. Les associations de quartier se sentent mises à l’écart d’un projet qui devait, au départ, faire du Jardin Levat un parc public. Elles reprochent notamment la nomination, par Juxtapoz, d’un « opérateur tiers » pour gérer l’ouverture du Jardin. Les relations entre l’association et les riverains restent donc tendues. Si le Couvent est à présent un lieu culturel reconnu, il reste un espace social à construire.   

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Propos recueillis par Béatrice de Place ,

Guide-conférencière motivée et dynamique, j’ai à cœur de partager ma passion pour l’Histoire, l’art et le patrimoine au travers d’articles, de visites guidées et de conférences. Evadez-vous au rythme de mes mots aux quatre coins du monde et que puisse vous prendre l’envie de chausser vos chaussures et de partir vous-même à la découverte des richesses de votre histoire et de vos régions !

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