Installez-vous et prenez un moment pour vous replonger dans la magie de la quête du Graal et des légendes arthuriennes : des contes fascinants et passionnants empreints de mystères, qui naviguent constamment entre réel et imaginaire.
Avant de commencer cet article, je pensais être assez bien renseignée sur tout ce qui entoure le Graal et la légende du Roi Arthur. Je me trompais, mes connaissances étaient vagues au vu de la richesse de ces légendes du Moyen Âge, qui perdurent au fil des siècles. Si vous pensez que la quête du Graal se résume à Perceval, Lancelot, le Roi Arthur, les chevaliers, Merlin et Brocéliande, vous faites fausse route. Les légendes arthuriennes sont bien plus complexes. Elles nourrissent depuis des siècles, les écrits, les fictions et même certains grands personnages historiques.
Le Graal c’est quoi ?
À peine la question est posée que déjà la réponse n’est pas très claire. Le mystère débute dans l‘essence même du mot.
Sens et étymologie
“Graal” vient du latin “Gradalis”. Au Moyen Âge, le terme est utilisé pour désigner une assiette creuse dans laquelle était servie la viande. On trouve, à cette époque, le mot sous plusieurs formes : “gruau”, “gréau”, “gréal”, “grésal”, “grasal”, etc. Ils signifient : “vase”, « récipient », “plat creux” ou “coupe”. Le nom existait dans le langage courant et le Graal n’avait rien d’un trésor. C’est Chrétien de Troyes qui en fera une légende. D’ailleurs, chaque auteur a apporté sa vision du Graal. Alors que chez les Celtes il s’agissait d’un chaudron, pour Chrétien de Troyes c’est un plat à poisson. Wolfram Von Eschenbach le transforme en pierre magique tandis que Robert de Boron raconte que le Graal est en fait le calice utilisé lors du dernier repas de Jésus. Et le “Graal” devient alors le “Saint-Graal”.
La quête du Graal a-t-elle un sens ?
Le véritable pouvoir du Graal se situe avant tout dans sa quête. Une quête menée dans les romans par Perceval, par Arthur et les chevaliers de la Table ronde, dont Lancelot et Galaad. Dans la réalité, ce sont les Wisigoths, les Templiers, les Cathares et plus récemment Otto Rahn, officier SS, qui sont partis à sa recherche. Le Graal est l’objet d’un désir constamment insatisfait. Le fait qu’il ne soit pas matérialisé et inaccessible décuple sa puissance et le désir de le posséder. Lorsque le Graal devient une relique, on lui prête des pouvoirs d’éternité. La quête du Graal est avant tout une quête initiatique qui conduit à la connaissance et au salut. Celui qui le trouve sera lavé de ses péchés et atteindra la vie éternelle.
Les origines du Graal et des légendes arthuriennes dans la littérature
Le Graal et les légendes arthuriennes sont indissociables et prennent vie au sein de la littérature moyenâgeuse.
Entre le 9e et le 12e siècle
On ne sait pas vraiment si le Roi Arthur est apparu dans la tradition orale avant le 9e siècle. En revanche, il est cité pour la première fois dans un texte écrit par Nennius, qui raconte l’histoire de la Bretagne. C’est véritablement au 12e siècle, dans un texte gallois Culhwch ac Olwenque la légende prend corps. En effet, l’auteur y mentionne l’épée du Roi Arthur sous le nom de Caledfwlch et son épouse, Gwenhwyfar. Ce texte fait également mention de chevaliers qui accompagnent Arthur.
Geoffroy Monmouth
Dans les textes de Geoffroy de Monmouth, écrits entre 1135 et 1150, Merlin devient un personnage présent dans le mythe arthurien. L’auteur y raconte notamment sa naissance extraordinaire. Dans cette histoire, Arthur vit au Pays de Galle à Carléon. Il sera tué, lors d’une bataille par Mordred, son neveu qui s’est emparé de son royaume et de sa femme. Arthur sera transporté par 9 prêtresses, dont Morgane, à Avalon.
Wace
Wace a écrit 2 textes entre 1155 et 1170. Il apporte quelques éléments nouveaux à la légende arthurienne et notamment la célèbre table ronde des chevaliers. Il parle aussi de la forêt de Brocéliande et du royaume de Logres. Enfin, il établit une filiation entre les Plantagenêts, qui dominent la grande et la petite Bretagne, et le roi Arthur. Ceci est de la fiction, pourtant, avec le temps, certains établiront des liens entre Glastonbury et Avalon. C’est à Glastonbury également que les tombes du roi et celle de Guenièvre auraient été retrouvées. Doucement le mythe s’insère à une réalité historique.
Chrétien de Troyes
Chrétien de Troyes, poète et écrivain français rédige 5 romans qui s’inspirent des écrits, de l’histoire et des traditions orales. On y voit apparaître pour la première fois la cour de Camelot et les chevaliers : Lancelot, Perceval, Gauvain, Yvain. Il développe l’idée de l’amour courtois. Mais Chrétien de Troyes est surtout connu pour avoir inventé le Graal. En effet, dans son roman Perceval ou le conte du Graal, le héros assiste à une cérémonie au château du roi Pêcheur. Il y voit une lance qui saigne et un Graal qui émet une lumière extraordinaire. Perceval est ébloui, mais ne posera jamais de question au sujet de cet objet qui, malgré tout, l’obsède. Le roman est inachevé et le lecteur n’en saura pas plus. Évidemment, à partir de là, toutes les hypothèses et les spéculations sont possibles.
Robert de Boron
Robert de Boron écrit une trilogie sur le Graal au début du 13e siècle. La quête du Graal prend alors une autre dimension. Dans les récits de Robert de Boron, on apprend l’origine du Graal. Il s’agit de la coupe qui a recueilli le sang du christ lorsqu’il a été crucifié par Joseph d’Arimathie. Le Graal devient alors une relique et on l’appelle désormais le Saint-Graal. Robert de Boron invente également la fameuse histoire de l’épée plantée dans une enclume qui deviendra, dans le temps, un rocher. Merlin devient un personnage magique engendré par le diable.
Le Lancelot-Graal ou le cycle de Vulgate
Le Lancelot-Graal a été écrit en français dans les années 1220 – 1230. C’est une œuvre très dense en 5 volumes qui se concentre, en majeure partie, sur le personnage de Lancelot. On y retrouve les chevaliers de la Table ronde, Merlin, Guenièvre, etc. Le Graal est, ici, présenté comme chez Robert de Boron comme étant le calice ayant recueilli le sang du Christ par Joseph d’Arimathie. Il y a l’idée que celui qui le possède est protégé par son pouvoir.
Thomas Mallory
Les récits de Mallory sont importants pour la légende arthurienne. Ils relatent l’histoire du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table ronde de sa naissance jusqu’ à sa mort. Ces écrits ont été édités par William Caxton en 1485 alors que l’Angleterre est en pleine guerre civile “La guerre des Deux-Roses”. C’est à partir de ces écrits que le mythe et la réalité se confrontent. On est face à la même histoire à savoir celle de deux hommes qui s’affrontent pour le trône.
La légende du Roi Arthur et la quête du Graal entre mythe et réalité
Il est souvent bien difficile de faire la part des choses entre ce qui a réellement existé et ce qui relève de la pure fiction. Le Roi Arthur et la quête du Graal font partie de l’imaginaire collectif et de croyances ancestrales.
Le Roi Arthur a-t-il vraiment existé ?
L’image d’Arthur est celle d’un roi idéal, bon, valeureux, œuvrant pour le bien et aimé de ses sujets. Quant à son existence réelle, il n’y a aucune certitude. Pourtant, les historiens, les scientifiques et les archéologues ont cherché durant des siècles des indices qui pourraient affirmer sa présence quelque part en Grande-Bretagne. Le moins que l’on puisse dire c’est que le Roi Arthur est un héros insaisissable. Son personnage s’est créé en 485 lors de la guerre des Bretons contre les Saxons. Arthur serait ce guerrier qui est parvenu à repousser les Saxons.
Plus tard, ce sont les Romains qui ont envahi les terres et qui ont construit la forteresse de Kerleone dont certains pensent que Camelot serait situé à cet endroit. D’autres affirment que Camelot est localisé sur la colline de Cadbury Hill. La mort du roi Arthur est également mystérieuse. Les Romains ont apporté le christianisme en Grande-Bretagne puisqu’ils y règneront pendant 4 siècles. La richesse du monde arthurien est née de ce mélange entre les légendes celtes et le christianisme.
A-t-on retrouvé le Graal ?
Nombre d’aventuriers ont voulu reprendre la quête du Roi Arthur et se sont lancés à la recherche du Graal. Certains pensent avoir mis la main dessus et c’est comme cela que plusieurs pays revendiquent aujourd’hui la possession du Graal. Il y a par exemple :
- La Cathédrale de Valence en Espagne détient le Santo Calice.
- Le Musée Saint-Isidore de Léon en Espagne expose le Calice de Dona Urraca.
- En Italie, à Gêne, dans la cathédrale Saint-Laurent, on trouve le Sacro Catino.
- Au Metropolitan Museum of Art de New York, vous pouvez admirer le calice d’Antioche.
Toutes ces reliques ont une histoire à part entière et chacune d’entre elles pourrait être reliée effectivement au Saint-Graal. Mais comme vous pouvez le constater, le conditionnel est toujours de mise, car aucun scientifique n’a pu prouver avec certitude qu’il s’agissait bien du Saint-Graal.
Les personnages historiques qui se sont servis des légendes arthuriennes
En étudiant le mythe arthurien, on se rend compte que certains rois ou chefs de gouvernement se sont largement inspirés du mythe du Roi Arthur. Il détient une portée historique, quelles que soient les époques. Le Roi Arthur est synonyme de droiture, de bravoure, de légitimité et de courtoisie et certains n’ont pas hésité au cours des siècles à se revendiquer de sa famille. Le mythe est utilisé parfois à des fins politiques.
Édouard 1er
Édouard 1er est roi d’Angleterre entre 1272 et 1307. Il utilise le mythe arthurien afin de se donner une légitimité. Exploitant l’idée de la table ronde, il fait construire de nombreux châteaux et mène des croisades. Il tente durant son règne de véhiculer les mêmes valeurs que le roi Arthur même s’il était connu pour ses colères excessives.
Henry VII Tudor
Henry VII est certainement celui qui s’appuie le plus largement sur les légendes arthuriennes. Il reproduit l’histoire d’Arthur en voulant prendre la couronne et l’épée d’Angleterre au roi qui est en place. Il y parviendra en 1485 et il fondera la dynastie des Tudors. La même année, les récits de Thomas Malory sont édités. Le mythe qui prenait naissance dans les légendes celtiques s’inscrit désormais dans l’histoire des Tudors. Henry VII appellera son fils Arthur, ce qui est loin d’être innocent.
Les nazis Otto Rhan et Heinrich Himmler
Aussi surprenant que cela puisse paraître l’idéologie nazie puise dans le mythe arthurien. Les officiers SS s’apparentent à l’Ordre des Chevaliers Teutoniques dont le symbole était une croix noire. On sait que Heinrich Himmler était littéralement obsédé par le Graal ainsi que par les travaux et les recherches d’Otto Rhan. Himmler engage Rhan dans la SS. Il lui donne pour mission d’aller chercher le précieux calice. Celui-ci pense que le Graal est situé en Ariège où les Cathares l’auraient dissimulé. Lorsque Himmler arrive à la tête de la SS, il choisit d’installer le nouvel Ordre Noir du IIIe Reich au château de Wewelsburg. Il veut y reproduire l’image prestigieuse de Camelot. Il y installe même une table ronde.
John Fitzgerald Kennedy
Aux débuts des années 60, John Fitzgerald Kennedy arrive à la présidence des États-Unis. Il est parfois comparé au Roi Arthur. C’est un visionnaire, aimé par son peuple qu’il conduit pendant la Guerre Froide. Il paraît qu’à cette époque la Maison-Blanche était surnommée “Camelot”. Les Américains sont friands de ce mythe qui montre les puissants servir le bien.
Les fictions qui ont puisé dans les légendes arthuriennes
Des écrivains et des cinéastes se sont également inspirés des aventures du Roi Arthur et de la quête du Graal.
Tolkien : “Le Seigneur des anneaux”
La trilogie de Tolkien reprend tous les ingrédients du mythe arthurien à savoir :
- Une confrérie avec à sa tête un magicien ;
- Une quête menée par un personnage candide ;
- Un objet précieux qui confère des pouvoirs à celui qui le possède ;
- Un roi valeureux qui vient conquérir le trône.
Steven Spielberg : “Indiana Jones et la dernière croisade”
Dans le troisième épisode d’Indiana Jones, l’archéologue (Harisson Ford) part en compagnie de son père (Sean Connery) en quête du Saint-Graal. Historiquement, on est à l’aube de la 3e Guerre Mondiale et les nazis sont également à la recherche de la précieuse coupe qui contient le sang du Christ. Une course poursuite s’engage entre les deux camps pour être le premier à récupérer le calice tant convoité.
Dan Brown : “Le Da Vinci code”
Le livre de Dan Brown nous fait suivre Robert Langdon spécialiste de symbolique religieuse accusé de meurtre. Le personnage en fuite cherche à résoudre l’assassinat de Jacques Saunière, conservateur du musée du Louvre. On apprendra que celui-ci détenait le secret du mystère du Graal et de l’origine du christianisme.
Les adaptations humoristiques
- En 1975, sort en salle “Sacré Graal” réalisé par la troupe d’humoristes des Monty Python. Le film relate de façon absurde et burlesque la quête du Graal par le roi Arthur et ses chevaliers.
- En 2005, M6 diffuse une série créée entre autres par Alexandre Astier “Kaamelott”. L’essentiel du mythe arthurien est présent dans la série. Le ton et l’humour sont complètement décalés et les codes renversés. Les chevaliers de la Table ronde sont bêtes, naïfs, lâches et peureux. Arthur est un roi morose, voire carrément dépressif. Il a bien du mal à gérer son royaume, sa femme et sa belle-famille.
Alors le Graal est-il un fantasme archéologique ou une réalité historique ? Ce qui est certain c’est qu’il ne cesse de fasciner l’être humain, qui, dans sa nature, est attiré par l’inatteignable. En conséquence de quoi l’homme n’est jamais satisfait. La magie et la puissance du Graal reposent essentiellement sur le fait qu’il soit inaccessible.
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Par Laure Techer-Grue,
