Le meurtre du président des États-Unis a ému le monde entier. Cet assassinat est le premier d’une série qui a frappé ultérieurement la famille Kennedy. Un drame qui a contribué à faire de « JFK » un personnage mythique.

Le 22 novembre 1963, John Fitzgerald Kennedy (JFK) est tué de deux balles dans la tête. Il effectuait une visite à Dallas et était assis dans une voiture décapotable pour se rendre à un déjeuner. Le principal suspect demeure à ce jour Lee Harvey Oswald, ouvrier communiste. L’assassinat de ce président très populaire dans son pays a durablement choqué l’opinion publique. Ce meurtre a fait de lui une personnalité politique érigée au rang de mythe. Plus frappant encore, plusieurs membres de la famille Kennedy ont été tuées dans les années suivant le drame.

Procession du cercueil de John F. Kennedy, Flickr
Procession du cercueil de John F. Kennedy, Flickr

Quel président était John F. Kennedy ?

Comprendre cette tragédie nécessite de comprendre JFK et sa présidence. Issu d’une famille d’origine irlandaise, il s’engage en politique chez les démocrates. Après la Seconde Guerre mondiale, il est élu à la Chambre des représentants. Six ans plus tard, il devient sénateur de l’État du Massachusetts. Sa famille proche joue un rôle actif dans la mise en place de sa carrière politique. Il accède à la présidence en 1961, à 43 ans.

Au cours de son mandat, il marque les esprits par sa gestion de différentes crises à l’intérieur comme à l’extérieur. Il répond ainsi fermement à l’installation de missiles nucléaires à Cuba par les Soviétiques. Connue sous le nom de « crise des missiles de Cuba », cet événement constitue le point culminant de la Guerre Froide.

Kennedy tente par ailleurs d’abolir la ségrégation raciale, particulièrement présente dans le Sud du pays. Il apporte son soutien à Martin Luther King et le rencontre en 1963 lors de sa Marche sur Washington. Kennedy reste enfin connu pour avoir lancé le programme Apollo qui avait pour objectif d’envoyer un états-unien sur la Lune avant la fin des années 1960. Son dynamisme et sa communication efficace ont contribué à faire de lui le président le plus durablement populaire de l’histoire des États-Unis.

John F. Kennedy Jr. jouant sous le bureau de son père, Wikimedia Commons
John F. Kennedy Jr. jouant sous le bureau de son père, Wikimedia Commons

Un contexte particulier

Kennedy se déplace à Dallas dans le cadre de sa campagne pour les élections de mi-mandat. Bien qu’il soit très populaire, le Texas lui est plutôt hostile en raison d’une culture très conservatrice. On lui reproche un laxisme face au communisme et ses positions sur les droits humains. En effet, le Texas est alors historiquement favorable à la ségrégation raciale. La population riche de Dallas conteste également ses souhaits de redistribution et d’intervention publique dans l’économie.

Un mois avant la tragédie, un ambassadeur de l’ONU est agressé dans la ville. Il est victime d’un coup de pancarte et de crachats de la part d’extrémistes. Des chants haineux sont également entendus. L’ambassadeur et des conseillers incitent JFK à ne pas réaliser son déplacement. Le président maintient néanmoins sa visite. Il est crucial pour lui de montrer qu’il est le président aussi bien du Nord que du Sud du pays. Par ailleurs, l’État est considéré comme moins conservateur que d’autres comme l’Alabama. Kennedy emmène son épouse Jacqueline : sa popularité pourrait l’aider à rallier le Texas à sa cause. L’image du tailleur rose éclaboussé de sang de « Jackie » a fait le tour du monde suite à l’assassinat.

Les Kennedy, une dynastie frappée par les drames

La famille Kennedy a marqué l’histoire des États-Unis par les autres décès tragiques qu’elle a connus. Le 5 juin 1968, Robert Kennedy, frère cadet de John, est abattu par balle. Alors sénateur de l’État de New York, il espérait remporter la primaire démocrate pour la présidence. Suite à une réception organisée pour célébrer la fin de sa campagne, il est tué par Sirhan Sirhan. Ce jeune palefrenier lui reprochait son soutien militaire à Israël. Comme pour le meurtre de son frère, cet événement a donné lieu à des controverses et théories du complot diverses.

Au-delà de ces deux meurtres, la dynastie Kennedy a connu de nombreux décès soudains. David Kennedy, le quatrième enfant de Robert, meurt en 1984 à 28 ans d’une overdose de cocaïne. En 1999, c’est John F. Kennedy Jr., le fils de JFK, qui est victime d’un accident d’avion dans le Massachusetts. Plus récemment, en 2019, Saoirse Kennedy Hill, petite-fille de l’ancien président, décède d’une overdose à 22 ans. Enfin, l’année suivante, le corps de Maeve Kennedy McKean, petite-fille de Robert, est retrouvé dans la baie de Chesapeake. Elle a probablement été victime avec sa famille d’une météo défavorable lors d’une sortie en canoë.

Portrait de Robert « Bobby » Kennedy, Wikimedia Commons
Portrait de Robert « Bobby » Kennedy, Wikimedia Commons

Le « mythe JFK »

Lors du 50e anniversaire de l’assassinat de JFK, Barack Obama rend hommage à un président « courageux et audacieux ». Il souligne également son « idéalisme sobre et sûr de lui ». Différents sondages d’opinion démontrent que Kennedy demeure toujours le président le plus apprécié de la population du pays. Cette postérité unique semble reposer sur divers facteurs. Lors de son mandat, JFK a su utiliser les nouveaux moyens de communication visuelle, notamment la télévision, comme aucune personnalité politique avant lui. Il est alors perçu comme le premier président « moderne » et incarne des États-Unis jeunes, plus ouverts sur le monde, bien que la Guerre Froide soit au plus haut. Le pays reste aujourd’hui encore attaché à cet « âge d’or », celui des révolutions morale et artistique.

Même si Kennedy est l’auteur de décisions aujourd’hui discutables, comme le débarquement de la baie des Cochons (tentative d’invasion de Cuba par des exilés cubains soutenue par les États-Unis) ou le maintien de ses troupes au Vietnam, son image n’est pas entachée dans son pays. Les États-Unis le considèrent toujours dans l’ensemble comme une référence positive. Il symbolise la nostalgie d’une période économiquement, politiquement et socialement plutôt prospère. Son assassinat, comme toute mort tragique, a contribué à alimenter sa légende. Comme tout mythe, la réalité est plus nuancée.

Pour aller plus loin 

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Par  Sarah Gouin-Béduneau ,

Sarah est historienne de l’art et s’est spécialisée dans la gestion du patrimoine culturel. Elle aime toutes les formes de création visuelle, s’intéresse énormément à la musique et au patrimoine industriel et travaille actuellement dans la conservation et la documentation des biens mobiliers.

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