La Belgique est renommée pour ses bandes dessinées célèbres. Après la deuxième guerre mondiale, elle devient la capitale européenne de la BD. Plusieurs auteurs reconnus aux personnages principaux charismatiques sont belges. Comme Hergé avec Tintin ou encore Jean Van Hamme avec XIII et Largo Winch. Présentation de ces héros belges !

Ce genre a traversé les âges et a enrichit l’imaginaire de générations de lecteurs.

Depuis sa naissance au 19ème siècle, la Bande Dessinée a bien évolué mais elle garde toujours sa présentation unique faite de bulles, de cases et d’illustrations variées et colorisées.

Rodolphe Töpffer, le premier auteur de BD suisse pose les fondements de ce format de nature mixte composé d’une série de dessins accompagnés de quelques lignes de texte :  » Les dessins, sans ce texte n’auraient qu’une signification obscure ; le texte sans les dessins ne signifierait rien « . Tour à tour comique, elle est aussi épique, fantastique, réaliste et informative. La BD Belge et Franco-belge tire son épingle du jeu par sa longévité et son inépuisable créativité.

Qui ne connaît pas le célèbre groom Spirou ?

Evolution du personnage de Spirou sous le crayon des différents dessinateurs
Evolution du personnage de Spirou sous le crayon des différents dessinateurs

Cette icône de la BD vêtue d’un costume de groom anglais rouge ne laisse pas indifférent. D’origine franco-belge, Il est créé par le dessinateur Rob-Vel et édité par Jean Dupuis. Il sera ensuite repris par Jijé, dessinateur belge qui se réclame disciple d’Hergé. Puis par Franquin, autre dessinateur belge très connu de Gaston Lagaffe et du Marsupilami. Spirou va perdurer au gré des époques et va se renouveler au fil des relookings exercés par cette succession de dessinateurs. Spirou fait donc partie de ces héros belges éternels de la BD.

Quand BD et Belgique ne font qu’un

Illustration du monde de Franquin représentant ses plus célèbres personnages
Illustration du monde de Franquin représentant ses plus célèbres personnages

Le territoire Belge est aux confluences de plusieurs cultures dont celle flamande, francophone et wallonne. Cette contrée est pionnière dans ce genre graphique, héritière de la tradition des peintres flamands. C’est d’abord Hergé qui va donner ses lettres de noblesse au savoir-faire belge en matière de BD. D’après Jean Auquier, interrogé par France Culture dans le cadre du 44ème festival de la BD d’Angoulême, les raisons de cette « belgitude » de la BD sont légion.

Elles sont culturelles, historiques et économiques : « On a beaucoup été occupé par nos voisins avec des censures épouvantables et si on voulait exister à cette période là, il fallait inventer un langage (…) On est ce que d’aucun ont appelé un pays en creux. Les personnages de BD se sont emparés d’un langage qu’ils n’ont pas inventé, ce langage là qui était propre à la presse et qui a succédé à celui des romans feuilletons. On a reproduit ça au 20ème siècle avec la Bande Dessinée qui ne coûtait pas beaucoup plus cher à publier ».

Dans les années 50, la BD renforce son influence en Belgique.

D’autres auteurs belges comme Edgar P. Jacobs avec Blake et Mortimer en 1946 puis Lucky Luke de Morris la même année et enfin Boule et Bill de Jean Roba en 1959, vont remporter un certain succès. Tout comme la BD Bob et Bobette, de Willy Vandersteen.

Publiée dès 1954, elle dépeint le quotidien de deux amis inséparables vivant dans une même famille et se fait reflet du quotidien des belges, sur un ton humoristique qui leur est si propre. Les journaux dédiés à la BD belges sont nombreux. Parmi eux, on trouve Le Journal de Tintin et le Journal de Spirou. Mettant alors en constante concurrence deux des principaux héros belges de la BD.

Couverture d'un exemplaire du journal de Tintin
Couverture d’un exemplaire du journal de Tintin

Né en 1907 à Bruxelles, Hergé créé Les aventures de Flup, nénesse, poussette et cochonet, une série mal réceptionnée par la critique

Dans le même temps, il met au point son personnage fétiche de reporter. Tintin, célèbre globe-trotter à la houppette toujours embarqué dans des aventures improbables avec le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, Dupont et Dupond et bien sûr son fidèle chien Milou, un fox terrier blanc à poil dur qui le sort de situations inextricables à plus d’une reprise. Tintin déambule dans la ville belge. C’est donc une intrigue locale.

Tintin et son fidèle chien Milou / Image tirée du générique de la série télévisée Tintin
Tintin et son fidèle chien Milou / Image tirée du générique de la série télévisée Tintin

En voyageant autour du monde, Tintin s’ouvre aussi aux cultures étrangères à l’image du caractère universel de l’œuvre. Ce personnage proche de nous à la physionomie commune, s’est inscrit dans la durée, montrant la voie aux autres générations de dessinateurs belges.

Benoit Peeters, enseigne Tintin à l’université Lancaster. Dans une interview accordée à France Culture, il souligne la portée morale de cette BD qui est l’une des raisons principales de sa renommée : « Vous avez dans Tintin, un mobile essentiel qui est la victoire du bien. C’est le modèle transversal, une idéologie boy scout : il veut faire triompher le bien sur le mal et il veut faire gagner les bons sur les méchants. C’est une espèce de justicier, de redresseur de tort ».

A cette époque, la couleur n’est pas de mise. Il faut patienter jusqu’en 1942 pour que celle-ci égaye les pages de L’étoile mystérieuse. Dans la foulée, la série est adaptée en un film d’animation dans les années 60. La force du personnage de Tintin reste donc intacte même après la mort de son créateur. Ainsi, chaque année, l’hommage à cette BD est sans cesse réactualisé. Le Festival Tintin qui bat son plein depuis 2005 et les 250 millions d’albums vendus à l’international, en sont la preuve.

Jean Van Hamme, scénariste belge des héros charismatiques et complexes : Largo Winch et XIII

Couverture d'un album de Thorgal, un des héros belges de la BD
Couverture d’un album de Thorgal, un des héros belges de la BD

Jean Van Hamme a plusieurs points communs avec Hergé. Il a été, lui aussi scout dans sa jeunesse et d’origine belge. Mais il est né en 1939 à Bruxelles, soit presque trente ans après Hergé. A la différence d’Hergé, qui est dessinateur, il scénarise. En 1977, il publie la BD Thorgal. Quelques années plus tard, c’est au tour de XIII de marquer son temps.

Un nouveau best-seller : Largo Winch, est publié dans les années 90. Cette BD raconte comment son héros éponyme va faire face à la mort de son père adoptif milliardaire à la tête d’un empire financier qui attise les jalousies. Jean Van Hamme, va dépeindre un héros d’action, un riche héritier poursuivi par son passé, dans la veine du personnage XIII créé des années auparavant.

Couverture de l'album "L'héritier" de la série Largo Winch
Couverture de l’album « L’héritier » de la série Largo Winch

Inspiré du livre La Mémoire dans la peau, XIII est une BD éditée en 1984, cousine germaine de Tintin.

A 13 ans à peine, Anicet Dupuy tient un compte Instagram dédié à son héros éponyme préféré : XIII. Passionnée de dessinateurs belges à l’instar de Moebius et Franquin, ses scénaristes favoris sont Jean Van Hamme et Edgard P. Jacobs, entres autre.

Ce fan précoce de BD assure avoir lu tous les tomes de la série « l’une des meilleures BD que j’ai lue. Les dessins comme le scénario sont géniaux et mérite bien plus de succès et de reconnaissance ».  Il a surtout une préférence marquée pour les tomes 16 et 17, une invitation au voyage car ce sont les épisodes les plus haletants de la saga.

Selon lui, le Tome 18 sort son épingle du jeu : « grâce à ses dessins. C’est le seul tome illustré par Moebius, alias Gir qui était l’illustrateur de Blueberry et d’un épisode du Silver Surfer scénarisé par Stan Lee ». Cette série a d’abord été scénarisé jusqu’au tome 19 publié en 2007, par J.V.H associé à William Vance. Puis, Yves Sente et Jigounov Youri prennent le relais.

Preuve de son caractère mémorable, la BD a aussi été complétée par « XIII Mystery avec une multitude d’auteurs talentueux qui ont mis en image les origines des différents personnages de la série ».

Couverture d'un album de la série XIII
Couverture d’un album de la série XIII

XIII, le personnage principal est à la recherche de son identité sur un fond de politique corrompu et de découvertes surprenantes tout au long de la série : « Son nom, on le voit tatoué en chiffre romain sur sa clavicule, on le reconnaît à ça et aussi à sa ligne de cheveux blancs sur la tempe dû au coup de pistolet qui l’a blessé et l’a rendu amnésique.

Il est accompagné par la lieutenant Jones que l’on découvre dans le second tome de la série. Elle est protectrice, plutôt froide et, bien qu’on ne l’apprécie pas vraiment dans les premiers tomes, elle devient vite indispensable à la série ». 

Jonathan tient une page Facebook sur la BD avec un ami.  Ce sont les BD modernes au style semi-réaliste comme dans De Cape & de Crocs, Broussaille et Les Ignorants qui le passionnent. Les BD pionnières belges lui paraissent trop datés.  Mais il concède qu’un lien fort et inspirant unit la BD française et belge.

« La BD belge existe depuis très longtemps et a livré de nombreuses œuvres marquantes, mais on parle plus facilement de BD franco-belge depuis 30 ou 40 ans, tant il est difficile de séparer la production hexagonale de celle de nos voisins d’Outre-Quiévrain »

La Belgique est bien une terre promise de la BD où des héros belges centenaires comme Tintin en côtoient d’autres plus modernes tels que XIII et Largo Winch. Toujours indépendants, courageux, intelligents, ils sont aussi complexes et attachants à l’image des hommes. Et ils transmettent une morale galvanisante pour les lecteurs qui se reconnaissent en eux.

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Article concocté par Audrey Poussines ,

Journaliste web et print passionnée par les faits de société, la culture, l'environnement, le sport et bien d'autres rubriques. En matière de sport, je suis très intéressée par les sports extrêmes. Je suis aussi une fan d'art urbain et d'art moderne, de gastronomie du terroir et exotique, captivée par tout moyen d'expression : danse, littérature, musique...

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