Carcassonne la romantique, Carcassonne la mystérieuse, Carcassonne la protectrice… Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997, la Cité médiévale de Carcassonne fait partie des trésors patrimoniaux français. Son château comtal, ses deux enceintes, ses 52 tours témoignent d’un passé riche en histoire(s) et invitent à la rêverie. Réinventée par l’esprit romantique du XIXème siècle et les rénovations architecturales de Viollet-le-Duc, la Cité est un héritage exceptionnel de l’époque médiévale qui attire des milliers de visiteurs chaque année ! Mais la réalité historique contraste quelque peu avec cette vision idéalisée de la Cité… Promenons-nous sur les remparts et plongeons-nous en plein Moyen-Age, à l’époque où Carcassonne était une cité florissante et en rébellion face à l’Eglise catholique…
L’émergence de Carcassonne
Après l’éclatement de l’Empire Carolingien à la mort de Charlemagne, le royaume est divisé et les seigneurs locaux s’emparent des villes. A la tête de Carcassonne, la famille Trencavel commence à régner au XIe siècle. Grande bâtisseuse, elle ordonne la construction de la cathédrale Saint Nazaire et du château des vicomtes. Carcassonne devient une place stratégique entre le comté de Toulouse et le comté de Barcelone, qui se disputent le sud de la France.
L’implantation du catharisme
Carcassonne voit s’implanter au début du XIIe siècle un nouveau courant religieux, le catharisme. Les cathares, ou les albigeois, en dissidence vis-à-vis de l’Eglise romaine, n’acceptent pas l’autorité du pape. Prônant un idéal de pauvreté, ils remettent en cause les richesses de l’Eglise. Alors qu’ils sont pourchassés et persécutés dans le Nord de l’Europe, ils s’enracinent dans le Sud de la France et convertissent une partie de la classe dirigeante. La situation devient préoccupante pour l’Eglise, qui voit une véritable contre-église se développer… Suite à l’assassinat d’un légat qu’il avait envoyé à Toulouse pour combattre l’hérésie, le pape Innocent III appelle alors à la croisade en 1208, et ce en pleine terre chrétienne !
Le siège de Carcassonne
Le vicomte Raymond-Roger Trencavel, qui règne sur Béziers et Carcassonne organise alors la résistance et compte sur Béziers pour retenir les croisés. Celle-ci tombe cependant au bout de quelques jours seulement de siège : la ville est pillée et incendiée. Les croisés se dirigent alors vers Carcassonne où des milliers de personnes se sont réfugiées. Après quatorze jours de siège et des conditions sanitaires déplorables, le vicomte capitule et abandonne ses possessions. La place forte cathare vient d’abdiquer, les habitants doivent quitter la ville en ne portant que leurs seuls vêtements ! Simon de Montfort, un des croisés, est choisi pour diriger la ville et poursuivre la lutte contre l’hérésie.
Lutter contre le catharisme
Pour endiguer cette frénésie « hérétique », l’Eglise crée l’Inquisition, une juridiction chargée d’appliquer aux personnes qui ne respectent pas le dogme, des peines allant de peines spirituelles à la peine de mort. De nombreux textes médiévaux ont mentionné une prison des Cathares, créée par l’Inquisition pour enfermer les hérétiques de la région Languedoc. En 2014, deux scientifiques carcassonnais ont retrouvé l’emplacement précis de ce vaste camp de 2700m², au pied de la Cité de Carcassonne. « Le mur » mentionné par les textes était séparé en deux parties, le « mur large », où étaient emprisonnés les hérétiques d’une grande région allant d’Albi à Montaillou et le « mur strict » qui abritait des cachots où étaient mis au secret les héros du catharisme. C’est ici que fut emprisonné Bélibaste, un des derniers « parfaits » cathares connus, qui réussit pourtant à s’évader, avant d’être rattrapé par l’Inquisition.
L’Inquisition et les Templiers
Les cathares ne furent pas les seuls traqués par l’Inquisition à Carcassonne. L’Ordre du Temple, créé à en 1129, qui œuvrait à la protection des pèlerins pour Jérusalem et qui participait aux croisades, fut victime de la lutte entre la papauté et le roi de France, Philippe le Bel. Organisé en monastères appelés commanderies (dont une était basée à Carcassonne), l’Ordre du Temple fut accusé d’hérésie et le roi de France ordonna l’arrestation de tous les Templiers. Il chargea le Grand Inquisiteur de France de conduire les interrogatoires.
Aujourd’hui est conservé au Archives Nationales un procès-verbal des interrogatoires menés par l’Inquisition un mois après l’arrestation des Templiers de Carcassonne. Toutes les confessions, obtenues par des méthodes restées tristement célèbres, ont le même modèle : les Templiers avouent avoir profané plusieurs fois des symboles chrétiens et s’être livrés à des pratiques jugées contre nature. Les Templiers condamnés pour hérésie, le pape Clément V dissous l’Ordre en 1312. Cette fin brutale et tragique amènera à de nombreuses légendes sur les Templiers. Une histoire parmi tant d’autres faisant de Carcassonne une ville historique exceptionnelle !
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Par Ségolène Lhommée,
1 Comment
Très bon article,moi aussi j’ai été émerveillée par la visite de ce site rempli d’histoire