28 février 2023. C’est la date limite de dépôt des dossiers de candidature pour la 3e édition du Prix du patrimoine paysager et écologique de la Fondation Etrillard. Initié en 2020, ce Prix soutient la réhabilitation d’espaces naturels publics ou privés, en France et en Suisse. Au-delà de la préservation de l’environnement, l’objectif est de redonner vie à des lieux permettant de sensibiliser le grand public à la biodiversité et à la richesse du patrimoine naturel.

Vous ne le savez peut-être pas ! Le Prix du patrimoine paysager et écologique de la Fondation Etrillard est ouvert aux candidatures. Qu’elles soient françaises ou suisses. Et s’adresse à tout propriétaire, public et privé, d’un espace paysager visitable, en zone rurale ou urbaine. Les projets peuvent ainsi porter à la fois sur un jardin, un parc, une forêt ou des terres agricoles. Le tout devant absolument présenter une portée paysagère, écologique et engagée.

Afin de mieux comprendre les enjeux, Cultur’easy s’est intéressé à la genèse de ce Prix. Recueillant le témoignage de sa fondatrice et membre du conseil de la Fondation Etrillard, Églantine Petit. Un des membres du jury, Antoine Jacobsohn. Adjoint à la directrice de l’École nationale supérieure de paysage, en charge du Potager du Roi (Château de Versailles). Il a également répondu à nos questions. La lauréate du Prix 2021, Carine Galante. Elle nous révèle quant à elle ce que la dotation du Prix a permis de faire avancer dans son projet. Trois témoignages complémentaires qui nous permettent d’appréhender le Prix du patrimoine paysager et écologique selon différents angles.

Logo de la Fondation Etrillard
Logo de la Fondation Etrillard

Églantine Petit, pourquoi avoir créé le Prix du patrimoine paysager et écologique ?

La Fondation Etrillard est une fondation familiale, qui porte des valeurs qui nous sont chères : l’audace, la pérennité et l’humilité. Sans jamais perdre de vue notre maxime, « S’appuyer sur le passé pour façonner demain. » Chaque membre du conseil d’administration porte ainsi des projets et l’écologie est mon thème de prédilection.  Notre volonté de mettre en lumière notre héritage culturel dans le monde contemporain en participant à la préservation de sites d’exception doit passer selon moi également par l’écologie. Car la nature est le plus beau lien pour y parvenir. Nous avons oublié au fur et à mesure des années, qu’elle était essentielle pour nous et de nombreux projets créés par l’homme ont été soutenus au détriment de la nature. J’ai donc souhaité proposer une solution alternative en créant le Prix du patrimoine paysager et écologique en 2020.

Quel est alors l’objectif de ce Prix ?

Le Prix du patrimoine paysager et écologique soutient la réhabilitation d’espaces naturels publics ou privés, en France et en Suisse. Au-delà de la préservation de l’environnement, l’objectif est de redonner vie à des lieux permettant de sensibiliser le grand public à la biodiversité et à la richesse du patrimoine naturel. Les projets doivent être portés par une structure juridiquement établie et gérant la pleine exploitation du lieu, afin de pouvoir verser la dotation du Prix, 30 000 CHF. Les candidats peuvent donc être des propriétés publiques ou privées ouvertes au public, l’essentiel étant que le projet allie réhabilitation du lieu et démarche pédagogique.

Quel est selon vous le profil idoine du lauréat 2023 ?

Je ne parlerais pas de profil idoine mais j’insisterais plutôt sur le profil que nous n’avons pas encore eu et que nous souhaiterions beaucoup avoir pour cette édition 2023 : un projet de réhabilitation d’espaces naturels en milieu urbain. Le terroir est précieux et il faut rendre sa richesse à la terre. Lui redonner sa place, en ville particulièrement. La force de ce Prix, c’est qu’il s’ouvre à beaucoup de situations et qu’au fur et à mesure de son existence, il sait s’adapter au contexte. Pour la première fois, l’édition 2023 récompensera d’ailleurs un lauréat et un coup de cœur, qui se verra offrir deux jours de conseil d’accompagnement technique auprès de Terre & Humanisme, association de soutien et d’accompagnement à la transition agroécologique.

Antoine Jacobsohn est Adjoint à la Directrice de l’École nationale supérieure de paysage à Versailles, en charge du Potager du Roi. Ses travaux de recherche explorent les relations entre l’histoire des plantes et les pratiques contemporaines de production et de consommation. Gestionnaire du Potager du Roi à Versailles, l’École nationale supérieure de paysage doit cet insigne honneur à l’histoire de l’enseignement de l’horticulture. Construit entre 1678 et 1683 par Jean-Baptiste La Quintinie à la demande de Louis XIV, le Jardin du Roi est ouvert au public depuis 1991. Classé monument historique et jardin remarquable, ses jardiniers perpétuent l’art de la taille et cultivent une grande diversité de fruits et légumes dans un jardin à la Française.

Portrait d'Antoine Jacobsohn
Portrait d’Antoine Jacobsohn

Antoine Jacobsohn, depuis combien de temps êtes-vous membre du jury du Prix du patrimoine paysager et écologique ?

Je suis membre du jury depuis le début de cette aventure. Par ma présence, l’École nationale supérieure de paysage a souhaité collaborer au sein d’un projet novateur, force de propositions intéressantes. Il existe déjà en France de nombreux prix pour les parcs et jardins portés par le ministère de la Culture, le CPJF – Comité des Parcs et Jardins de France, l’association la Demeure historique ou d’autres structures. Ils touchent surtout la valorisation et la mise en valeur d’un certain type de patrimoine bâti ou cultivé.

Le Prix paysager et écologique de la Fondation Etrillard quant à lui intègre la restauration du patrimoine dans une perspective écologique en prenant en compte l’évolution contemporaine. Lors du lancement du Prix en 2020, l’École nationale supérieure de paysage a dû faire un choix : présenter un projet ou accepter d’être membre du jury. Nous avons tranché : participer à ce que représente le prix est ce qui nous importe !

Qu’appréciez-vous dans votre rôle de juré ?

J’apprécie l’intensité des échanges et des débats autour des candidats. Ce sont des moments d’une grande richesse intellectuelle pour les membres du jury. D’un point de vue personnel, ce qui me plaît également c’est d’être au cœur de ce qu’il se passe. En tant que juré, on évite les conflits d’intérêt mais pas les convergences d’intérêt.

Quelles sont vos attentes en tant que membre du jury ?

Je souhaite participer à la diffusion des valeurs de ce Prix : un projet qui n’est pas seulement lié à un lieu mais un projet d’espace ouvert au public, qui n’est pas uniquement lié au propriétaire qu’il soit privé ou public et qui ne se limite pas à un jardin en tant que tel. Depuis la création de ce prix, je regrette que nous n’ayons pas suffisamment reçu de candidatures hors parcs et jardins justement.

Personnellement, je serai ravi d’avoir à étudier la candidature d’un projet comme celui du réaménagement d’une place en ville ou la reconversion d’une ancienne base aérienne militaire, comme l’ex-base aérienne 217 située sur la commune de Plessis-Pâté dans l’Essonne. Les deux premiers lauréats s’inscrivent tout à fait dans les valeurs du Prix du patrimoine paysager et écologique, même s’ils ont connu des évolutions différentes. En tous les cas, les projets doivent montrer que nous pouvons conserver en améliorant et pas seulement en restaurant. Restaurer pour mieux exister ! 

Carine Galante est la Responsable du Projet Vignerons de Buzet qui a remporté l’édition 2021 du Prix du Patrimoine paysager et écologique avec la restauration du domaine du Château de Buzet à Buzet-sur-Baïse dans le Lot-et-Garonne. Entièrement dédié à l’agroécologie, ce lieu est porté par l’association Château & Fabriques de Buzet aux côtés des propriétaires du site, la Coopérative Les Vignerons de Buzet.

Le château de Buzet, lauréat 2021 du Prix du patrimoine paysager et écologique de la Fondation Etrillard
Le château de Buzet, lauréat 2021 du Prix du patrimoine paysager et écologique de la Fondation Etrillard

Carine Galante, pouvez-vous nous présenter votre projet ?

La coopérative Les Vignerons de Buzet a décidé d’acquérir le château de Buzet et son parc en octobre 2018 avec l’idée de préserver ce symbole du territoire et de l’AOC, dont elle contrôle 95% de l’appellation. Le parc du Château de Buzet, ancien bourg du « Haut-Buzet » s’étend sur 11 hectares. Il est un véritable objet d’étude en soi, tant par la richesse de son histoire, sa biodiversité foisonnante et son rôle majeur dans l’inconscient et la mémoire collective du territoire.

L’association Château & Fabriques de Buzet a été créée en 2019 en hommage aux fabriques architecturales qui ponctuent le parc, mais aussi parce que notre ambition est de transformer ce lieu en centre d’excellence dédié à l’agroécologie. Ses objectifs sont de valoriser les patrimoines du château et du parc du Buzet (patrimoine bâti mais aussi culturel, historique et naturel), impulser des changements sur notre territoire grâce à son Laboratoire d’Innovation Territoriale et transmettre par des actions pédagogiques sur l’histoire et l’agroécologie. 

Pourquoi avez-vous candidaté au Prix de la Fondation Etrillard ?

Début 2021, nous avons lancé, en collaboration avec le Département de Lot-et-Garonne, une étude des patrimoines paysagers et naturels du parc du Château de Buzet. Cette étude d’ordre pluridisciplinaire, a été menée par Hélène Sirieys, architecte paysagiste-concepteur, et Olivier Vannucci du CEN Nouvelle-Aquitaine. Ils étaient également soutenus par Olivier Salmon, architecte en chef des Monuments Historiques et Pierre Courroux, historien. Alors qu’au début de l’été cette étude était quasiment terminée, j’ai pris connaissance du Prix du patrimoine paysager et écologique dans une newsletter dédiée au patrimoine. Nous ne pouvions pas manquer cette occasion ! Nous avons donc décidé de saisir cette opportunité rêvée de présenter notre projet de restauration du parc à leur jury d’experts. Grand bien nous en a pris puisque nous avons gagné !

Qu’est-ce que le Prix de la Fondation Etrillard vous permet de réaliser ?

Le Prix sera consacré à la restauration du jardin clos au sein du domaine, à la sécurisation et à la restauration des anciennes serres, des orangeraies et de la maison du jardinier. La particularité de notre projet est que cette restauration se veut participative et en impliquant les parties prenantes de notre territoire. Nous nous sommes lancés dans un projet expérimental autour duquel nous essayons de rassembler différentes associations agricoles afin de collecter leurs besoins pour monter des projets inscrits dans le projet global. Un bel exemple d’intelligence collective !

Il s’agit d’un chantier de qualification encadré par la Région Aquitaine avec Agrocampus 47 afin de former des personnes éloignées de l’emploi aux métiers de l’élagage, de l’entretien paysager et du maraichage. Au printemps, nous espérons accueillir dix apprenants sur le site pour réaliser le chantier. L’espoir de dynamique de projet s’amorce. Les 30 000 CHF de la Fondation Etrillard vont nous permettre de cofinancer ces travaux. Ce Prix nous a apporté un gage de qualité, de confiance et de reconnaissance et le réseau de la Fondation nous apporte des connaissances importantes pour la restauration du château. Une vraie dynamique est aujourd’hui créée.

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Propos recueillis par  Celine Chaudagne ,

Produit des 70’, je ne suis pas vieille mais vintage ! Femme de lettres, grande bavarde, curieuse du monde qui m'entoure. J’aime aller à la rencontre des autres et coucher sur le papier leur expérience de vie. Jouer avec les mots est dans mon ADN. La vie n'est certes pas un long fleuve tranquille, mais je vis chaque jour comme le meilleur.

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