Faites une expérience : demandez à votre cercle d’amis, à votre entourage professionnel ou à des membres de votre famille de définir Pablo Picasso en quelques mots.

Il y a fort à parier que « peintre », « espagnol », « homme à femmes », « cubisme », « Guernica », ne jaillissent de ce brainstorming artistique ! Pouvons-nous toutefois réduire ce maître es-peinture uniquement à ces caractéristiques, au risque de tomber dans la caricature ? Bien sûr que non !

Hâtons-nous au contraire de fouiller dans ses pinceaux ou de jeter un œil derrière l’une de ses toiles pour découvrir la part d’ombre et de lumière d’un homme présenté comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle. Ces choses qu’on ne sait pas forcément et qui nourrissent pourtant l’histoire, ou la légende, de l’homme à la marinière…

Son nom complet… en 23 mots !

Signature de Picasso
Signature de Picasso

Né Pablo Ruíz le 25 octobre 1881 à Málaga (Andalousie) en Espagne, il adoptera vingt ans plus tard le patronyme de sa mère, Picasso, pour signer ses œuvres. Sept lettres seulement, synonymes de gloire et de reconnaissance universelle. Et pourtant… Saviez-vous que le nom complet de l’artiste était Pablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno María de los Remedios Cipriano de la Santísima Trinidad Martyr Patricio Clito Ruíz y Picasso ? Pas très pratique pour signer une toile !

La grotte de Picasso

Entre juin 1898 et janvier 1899, Picasso, alors jeune étudiant, accepte l’invitation de son ami Manuel Pallarés à séjourner dans un village de la province de Tarragone, Horta del Ebro. Quelle découverte que celle de la nature, entouré d’animaux et de champs ! Il apprend à traire les vaches, à puiser de l’eau au puits, à tirer à la carabine. L’ambiance rurale du village l’enthousiasme tant que sa toute jeune peinture s’en fait l’écho avec des tableaux de paysages de la région.

Poussant l’aventure plus loin, les deux amis prennent leurs quartiers dans une grotte pendant des semaines, loin de toute civilisation. Ils expérimentent une vie dénuée de tout confort, se chauffant et s’éclairant à la lueur d’un feu de bois. Leurs nuits sont ponctuées de longues discussions pendant lesquelles ils refont le monde. Aujourd’hui, la grotte peut être visitée lors d’un parcours pédestre d’un peu plus de trois kilomètres.

Une véritable fascination… pour les oiseaux de nuit

Picasso et sa chouette
Picasso et sa chouette

En 1946, alors âgé de 65 ans, Picasso réside au château Grimaldi d’Antibes de la mi-septembre à la mi-novembre. Le bâtiment est devenu musée en 1925, et son conservateur propose au peintre d’en investir une partie afin d’y établir son atelier. Lors de son séjour, Picasso fait la connaissance d’une petite chouette, qui lui tient régulièrement compagnie dans son atelier. Elle lui a été confiée par un ami photographe qui l’avait trouvée blessée. Le peintre la baptise Ubu, et va dès lors vouer une fascination à cet animal nocturne, au point de le faire figurer dans bon nombre de ses œuvres, dont des sculptures et céramiques.

Symbole d’Athéna et de sa sagesse dans l’Antiquité, la chouette est devenue au Moyen Âge un oiseau de mauvais augure. Une ambivalence qui a toujours captivé Picasso. L’animal apparaît pour la première fois dans la gravure El Zurdo en 1899. Elle deviendra un sujet récurrent à partir de 1946. Le regard perçant de l’oiseau, son activité nocturne, sa symbolique à travers les âges passionnent l’homme autant que l’artiste.

El Zurdo - Pablo Picasso - 1899
El Zurdo – Pablo Picasso – 1899

Picasso et Le Louvre : je t’aime moi non plus

Tout artiste digne de ce nom, quelle que soit sa spécialité, rêve d’être exposé un jour et de voir ainsi son œuvre reconnue. Si possible de son vivant ! Ce n’est malheureusement pas toujours le cas, et ce n’est bien souvent qu’à titre posthume qu’une reconnaissance tardive arrive. Pablo Picasso, lui, a la chance d’être le premier artiste à exposer au Louvre de son vivant, même s’il lui faut attendre ses quatre-vingt-dix ans pour cela.

De sa toute première visite au musée en 1900 jusqu’à l’exposition de huit de ses œuvres dans la Grande Galerie en 1971, l’histoire entre ces deux-là n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Il se retrouve ainsi impliqué malgré lui dans une folle histoire de vol de statuettes ibériques en 1911, et est même suspecté du vol de La Joconde en même temps que son ami Guillaume Apollinaire. Les deux hommes seront innocentés après avoir purgé quelques jours en détention.

Entre Picasso et Le Louvre, c’est aussi une rencontre passionnée qui décuple l’imaginaire de l’artiste. Consciemment ou non, celui-ci s’inspire en effet de nombre d’œuvres présentées en son sein pour créer ses propres compositions. Peintures, sculptures, gravures, dessins, objets d’artisanat de toute époque influencent l’âme créative du peintre catalan, et décuplent ainsi le dialogue entamé au début du XXe siècle.

Aussi, même si dès 1947, Picasso est invité par le directeur des musées de France, Georges Salles, à mélanger ses œuvres avec celles de Zurbaran, Delacroix et de Courbet, celles-ci, jugées trop osées, ne sont présentées qu’à quelques privilégiés triés sur le volet, et encore, un jour de fermeture. Vingt-quatre ans après, en 1971, Picasso entre par la grande porte au plus célèbre musée du monde.

Picasso poète

Saviez-vous que l’écriture poétique occupait une place importante dans la démarche créatrice de cet artiste multi-formes ? Picasso disait de lui-même : « Au fond, je suis un poète qui a mal tourné. » Si les premiers textes connus datent de 1935, un faisceau d’indices démontre que la poésie coexiste avec l’activité plastique de l’artiste espagnol bien avant, et lui offre un champ d’expérimentation tout aussi vaste.

Il existerait ainsi plus de trois cent cinquante poèmes et trois pièces de théâtre. L’originalité de son travail ? Il écrit sur tout type de supports. Des papiers à en-tête aux enveloppes, en passant par du papier toilette. Tout est bon pour noter une idée, une phrase, esquisser quelques vers. Plus étonnant encore : Picasso peintre s’efface devant Picasso écrivain. Seuls subsistent mots, ratures, réécritures. Images ou dessins se mettent en marge de ce que l’homme a à dire. D’ailleurs, celui-ci écrit aussi bien en espagnol qu’en français sans pour autant privilégier sa langue maternelle.

Picasso : une mosaïque de couleurs à lui tout seul

Pablo Picasso émerveille tout autant qu’il dérange, séduit tout autant qu’il déroute. Le comprendre et saisir son art ne semble pas toujours évident. Il ne laisse toutefois pas indifférent. Comme tout artiste, il est multi-facette, curieux de la vie, de son environnement et de son époque. Un Espagnol amoureux de la France, du Paris de Montmartre, visionnaire, un équilibriste de la toile, un être sans cesse en recherche d’une certaine forme de perfection. Une personnalité complexe… tout en ombre et lumière…

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Article concocté par Claire Bouchet,

Un jour de printemps d’une année devenue incertaine, les mots se sont accrochés à ma plume pour ne jamais la quitter. Qu’ils jaillissent sans prévenir ou bullottent lentement en profondeur, telle la lave de mes Volcans d’Auvergne d’adoption, j’en prends soin, je leur parle, les caresse, les acidule, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être lus. Ici ou ailleurs, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, j’arpente les sentiers de l’écriture sans jamais perdre le nord ni me départir de mon carnet fétiche, témoin silencieux et fidèle de mon imagination fertile. Ma curiosité funambule sur le fil de l’art, fait ses gammes en musique, virevolte d’une toile à une expo, esquisse des pas de deux sur des danses d’un autre temps et s’anime devant un livre ouvert. Une vraie Zébulone !!

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