Astérix est un grand petit bonhomme de 63 ans. Créé par le scénariste René GOSCINNY et le dessinateur Albert UDERZO. Ce personnage de fiction apparait la toute première fois dans la bande dessinée française homonyme Astérix le 29 octobre 1959. L’irréductible Gaulois trouve vite son public, bientôt rejoint par son acolyte Obélix. Retour sur son histoire…

De la rencontre de deux hommes…

Albert Uderzo (auteur d'Astérix) et Morris (auteur de Lucky Luke)
Albert Uderzo (auteur d’Astérix) et Morris (auteur de Lucky Luke)

Albert UDERZO est un dessinateur au talent prometteur quand sa route croise celle de René GOSCINNY. Ce dernier est alors un rédacteur qui se cherche encore. Nous sommes en 1951, les bureaux de l’agence World Press à Paris les mettent en présence l’un de l’autre. Ou plutôt… c’est UDERZO qui ose approcher en premier GOSCINNY. Son nom à consonance italienne lui laisse penser qu’ils ont des racines communes. Le quiproquo les fait rire et leur lien, intime, ne se rompra jamais. C’est le début d’une formidable histoire d’amitié… gauloise !

… jusqu’à la naissance d’Astérix

L’ambition du binôme devenu compère au fil des années est de créer un héros aussi sympathique qu’inattendu. Un être et un univers auquel le monde de la bande dessinée ne s’est jamais intéressé. Ils se creusent les méninges, déroulent tout ce que le 9e art a publié jusqu’à présent… et découvrent que les habitants de la Gaule n’ont jamais été mis à l’honneur.

Ils poursuivent leurs investigations, tâtonnent, proposent des ébauches, les remanient. Jusqu’à ce qu’un fier Gaulois à la moustache fournie, à l’œil pétillant et au casque ailé ne s’illustre sous le crayon d’UDERZO. Ils le dotent d’un nom se terminant par le suffixe « ix » : Astérix. Et décident que tous les autres personnages qui accompagneront ses aventures porteront un nom avec la même finale.

Le portrait-robot du premier-né ne s’arrête pas là. Petit, parfois teigneux, mais de très bon cœur, il est très rusé et toujours enclin à défendre son village et ses amis contre l’envahisseur romain. Son intelligence et un soupçon de potion magique concoctée par le druide du village lui valent en outre de réaliser les exploits les plus incroyables ! Le personnage héros est né.

Première publication

La toute première aventure d’Astérix est publiée dans le numéro 1 de Pilote, un journal entièrement dédié à la bande dessinée. Nous sommes le 29 octobre 1959. Le double propos est de tabler sur une aventure à finalité comique et de jouer sur un ressort emprunté à la culture française. Un autre enjeu est d’attirer un lectorat plus large vers la bande dessinée, jusque-là plutôt prisée par les enfants et les adolescents. Très clairement, le magazine Pilote souhaite élargir son éventail vers des lecteurs adultes à l’aide de l’humour et de la satire.

Les débuts sont d’abord modestes, avec un tirage à seulement 6000 exemplaires

Couverture de l'album Astérix le gaulois
Couverture de l’album Astérix le gaulois

Le héros de leur BD est en effet en parfait contraste avec les personnages de BD américaines, grands, beaux et forts. Qu’importe ! Entrer dans un imaginaire qui va permettre à un lectorat français de s’identifier à un petit bonhomme un peu critique, râleur sur les bords et qui aime la bonne nourriture : c’est la recette qu’ils concoctent avec le nez fin de ceux qui sont un peu visionnaires. Ils ont raison. Le public se prend d’attachement pour Astérix, et deux ans plus tard, en 1961, GOSCINNI et UDERZO publient le premier album d’Astérix : Astérix le Gaulois.

Le personnage d’Obélix apparaît dès la première page de l’album

Il ne tient toutefois qu’un rôle secondaire, puisqu’il n’accompagne pas Astérix pour délivrer le druide Panoramix emprisonné dans le camp romain de Petibonum. Il ne sera que très peu présent dans cet album, UDERZO avouant lui-même ne pas trop savoir quelle place lui attribuer.

Essai transformé

En 1962 sort le deuxième album, intitulé La serpe d’or, tiré à 20 000 exemplaires. L’identité visuelle et narrative continue de tracer son chemin, des repères récurrents offrent une connivence avec les lecteurs : le barde Assurancetourix attaché pendant le banquet, les orgies de sangliers, etc. Un troisième volet est publié en 1966 sous le titre Le combat des chefs. Il se vend à… 400 000 unités.

Jusqu’en 1976, GOSCINNI et UDERZO vont créer ensemble pas moins de 23 albums dont le succès ne se démentira pas. En 1977, au décès de son ami, UDERZO décide de poursuivre seul l’aventure en devenant à la fois scénariste et dessinateur. Jusqu’en 2005, il continuera de signer les albums de leurs deux noms.

Astérix : un antihéros au succès planétaire

Astérix ne cesse de voyager et de conquérir à chaque nouvel album de très nombreux lecteurs, d’abord en Europe, mais aussi en Asie et en Amérique du Sud. Photo prise à l’exposition « Astérix l’Européen » à Manderen-Ritzin
Astérix ne cesse de voyager et de conquérir à chaque nouvel album de très nombreux lecteurs, d’abord en Europe, mais aussi en Asie et en Amérique du Sud. Photo prise à l’exposition « Astérix l’Européen » à Manderen-Ritzin

Un article paru sur le site internet du magazine L’EXPRESS le 16/10/2015 décortique le phénomène Astérix. L’universitaire Nicolas ROUVIÈRE, spécialiste du célèbre Gaulois, explique sans équivoque pourquoi un tel engouement ne s’est jamais démenti autour du personnage : « Astérix réunit les stéréotypes identitaires qui font le socle de la culture française ».

La recette du succès se trouverait-elle dans la célèbre potion magique convoitée par beaucoup ? Il faut croire que oui. Une bonne dose de disputes et d’irrévérence, pimentée de franche camaraderie et de bonne chère, le tout assaisonné de valeurs positives comme la résistance et la capacité à se serrer les coudes face à l’adversité.

Dans le même article, l’anthropologue Marc AUGÉ, indique pour sa part que si cette Histoire de France séduit autant les Français, c’est parce qu’ils y voient, par-delà les anachronismes, une métaphore de la vie politique hexagonale.

« Les Français sont friands de caricatures et les personnages d’Astérix se prêtent particulièrement bien au jeu qui consiste à associer chacun d’eux à une personnalité politique ». Selon lui, « on peut aussi trouver une dimension politique à la potion magique qui peut être vue comme la solution miracle à tous les problèmes ou comme l’homme providentiel, des notions très franco-françaises ».

Le phénomène Astérix dépasse également les frontières de la France et conquiert le monde !

Ses aventures sont aujourd’hui traduites en plus de 111 langues et dialectes. Il existe même une édition en latin ! Bande dessinée la plus vendue au monde. Depuis 1961, il s’est écoulé plus de 380 millions d’albums. Au succès en France et dans les pays francophones (145 millions d’albums vendus) s’ajoute celui en Allemagne (131 millions) et une très bonne implantation aussi en Espagne (25,5 millions), au Royaume-Uni et dans les pays anglophones (26 millions) au Benelux (21 millions) et dans les pays scandinaves (13 millions). 

L’aventure continue

Planche tirée de l'Iris blanc
Planche tirée de l’Iris blanc

Le 08/02/2023 sort l’album Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, une semaine après le film de Guillaume CANET. Tirage pour la France à 150 000 exemplaires. L’iris blanc est quant à lui sorti fin 2023.

Envie de poursuivre les investigations par Toutatis ? Consultez le site officiel !

Pour découvrir encore plus d’articles inspirants, téléchargez l’application Cultur’easy sur Applestore ou Playstore.

Article concocté par Claire Bouchet,

Un jour de printemps d’une année devenue incertaine, les mots se sont accrochés à ma plume pour ne jamais la quitter. Qu’ils jaillissent sans prévenir ou bullottent lentement en profondeur, telle la lave de mes Volcans d’Auvergne d’adoption, j’en prends soin, je leur parle, les caresse, les acidule, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être lus. Ici ou ailleurs, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, j’arpente les sentiers de l’écriture sans jamais perdre le nord ni me départir de mon carnet fétiche, témoin silencieux et fidèle de mon imagination fertile. Ma curiosité funambule sur le fil de l’art, fait ses gammes en musique, virevolte d’une toile à une expo, esquisse des pas de deux sur des danses d’un autre temps et s’anime devant un livre ouvert. Une vraie Zébulone !!

Commenter cet article


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.