Que se cache-t-il derrière ce style au nom étrange, « rococo » ? Symbole de l’exubérance et de la légèreté, le rococo a imposé sa splendeur dans l’architecture, la peinture, ou encore les arts décoratifs nous livrant un héritage culturel riche et somptueux.
Le terme « rococo » est issu de la contraction de « rocaille », une décoration réalisée avec de petits coquillages et pierres naturelles. Et de « barocco », signifiant baroque en italien. Après la mort de Louis XIV, la noblesse se lasse du baroque. Un classique imposé strictement durant le règne du Roi Soleil. Soumise à des mœurs sociales contraignantes, la cour aspire à une vie plus frivole. A partir de 1730, le style rococo insuffle un vent de renouveau sur les cours européennes dans la peinture, la sculpture ou encore la décoration intérieure.
Si le rococo s’inspire du baroque, notamment à travers la complexité des formes et courbes. Il se différencie par son irrégularité et son asymétrie. Exubérant et généreux, ce nouveau mouvement s’harmonise parfaitement avec les besoins de désinvolture de l’aristocratie. Caractérisé de “dégénéré et superficiel” par Voltaire, il n’est cependant pas du goût de tous. Il passera de mode rapidement au profit du style néo-classique, plus sérieux et ordonné.
Un art exigeant et pointilleux
Le style rococo se caractérise par des formes complexes, une ornementation très riche et une fantaisie décomplexée. Très appréciées dans les arts décoratifs, les compositions s’inspirent directement de la nature. Elles représentent des coquillages, des roches, des feuillages, ou des fruits. Chaque détail est travaillé avec minutie pour former une profusion d’ornementations. La lumière et les teintes sont claires de rose, jaune ou blanc. Elles sont assorties par des dorures ou de l’ivoire, symboles ostentatoires du luxe. Les formes rectilignes sont proscrites au profit de lignes sinueuses. D’arabesques et d’ondulations à l’asymétrie assumée. C’est un style qui incarne le raffinement et l’élégance de la noblesse. Avec le rococo, l’art du plaisir et la frivolité sont à nouveau sur le devant de la scène.
Le Negresco, un repère pour les admirateurs du rococo
Le Negresco, hôtel de luxe avec vue sur la célèbre Promenade des Anglais qui longe la mer méditerranée à Nice cache de nombreuses pièces de style rococo. Construit en 1913 par Henri Negrescu, Jeanne Augier le rachete en 1957. Une femme aux goûts excentriques et à la personnalité extravagante. Passionnée d’art, elle dévouera sa vie à acquérir des pièces de collection pour meubler l’hôtel et ses 94 chambres et 31 suites. La suite Pompadour exprime de manière éclatante le raffinement d’une décoration intérieure rococo. C’est en effet, Madame de Pompadour, favorite du roi Louis XV, qui contribuera à mettre à l’honneur le style à la cour. La commode richement ornementée, les dorures de la structure du lit, la tapisserie bucolique du fauteuil, les petits objets décoratifs sans utilité plongent le visiteur dans une charmante atmosphère rococo.
Le rococo en peinture : joie de la vie et des plaisirs
Bien que moins connu que pour les arts décoratif, le rococo a aussi grandement inspiré les artistes peintres. Les œuvres picturales les plus connues font honneur aux scènes galantes et à la vie mondaine. La noblesse se représente alors avec gaieté et romantisme dans des jardins ou des parcs, occupée à des loisirs frivoles. La lumière et la couleur, principales caractéristiques des œuvres rococos, s’opposent aux ombres habituellement de mise à la Renaissance. Souvent critiquée pour son manque de sérieux, la peinture rococo s’intéresse davantage aux divertissements plutôt qu’à la guerre, la politique ou la religion. Antoine Watteau, un des peintres les plus représentatifs du mouvement, représente avec grâce des scènes mondaines. La joie de vivre est mise en avant, afin d’oublier une réalité plus difficile, comme en témoigne la peinture « Réunion en plein air », datant de 1719.
Qu’on aime ou pas, le style rococo a eu une influence majeure sur les mouvements artistiques européens et continue encore aujourd’hui d’inspirer bien des artistes et amateurs d’art.
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Par Alisson Argoud,
