Si le XVIIIème siècle est le siècle des Lumières, le salon de Madame de Tencin, où se rencontrent écrivains et philosophes, en est l’une des figures de proue. De même que de l’émancipation féminine. À la découverte du salon de madame de Tencin.
Le XVIIIème siècle est bien celui des Lumières. Un siècle marqué également par de nombreux intellectuels comme Voltaire, Diderot et Montesquieu. C’est aussi un siècle où les salons littéraires sont à la mode. Parmi ces salons, celui de Madame de Tencin, femme de lettre et l’une des salonnière française les plus connues de ce siècle. Le salon de Madame de Tencin, où se rencontrent nombreux écrivains et philosophes, est l’un des plus réputés de la capitale. D’abord consacré à la politique et aux finances, il devient rapidement un salon littéraire et philosophique. L’un des symboles de ce siècle des Lumières et des mouvements littéraires et intellectuels, mais également de l’émancipation de la femme.
Qui est Claudine-Alexandrine de Tencin ?
Le 27 avril 1682, Claudine Alexandrine Sophie Guérin de Tencin voit le jour à Grenoble. Cadette d’une famille de noblesse de robe, son père l’envoie au couvent, le monastère royal de Montfleury (près de Grenoble), dès l’âge de 8 ans. Puis, elle est contrainte de prononcer ses vœux pour permettre à sa famille de disposer de ses biens. Mais Claudine se révolte et s’enfuit du couvent en 1705, à la mort de son père. C’est donc en 1711 que celle qui se fait aussi appelée la baronne de Saint-Martin de l’isle de Ré part s’installer à Paris, chez sa sœur.
De ses amours avec Léopold-Philippe d’Arenberg naît en 1717 Jean Le Rond d’Alembert. Il est célèbre pour avoir dirigé avec Diderot la première encyclopédie française, éditée de 1751 à 1772. Madame de Tencin est aussi une femme de lettre. Parmi ses œuvres, d’abord publiées sous anonymat, nous retrouvons notamment les Mémoires du comte de Comminge (1735), ou encore Les Malheurs de l’amour (1747).
Les débuts du salon de madame de Tencin
Réputée pour être une belle femme et proche des cercles du pouvoir, elle est notamment la maîtresse du régent Philippe d’Orléans, puis d’autres ministres. Mais Madame de Tencin est bien plus que cela. C’est une femme de lettre et de culture. Seulement six ans après son arrivée à Paris, la baronne ouvre son propre salon en 1717, situé dans son appartement rue Saint-Honoré. La salonnière y forme une assemblée de sept personnes, “les sept sages”, se réunissant tous les mardis. Mais elle agrandit rapidement le cercle.
À ses débuts, le salon est principalement dédié à la politique et à la finance avec les spéculateurs de la banque de Law. D’ailleurs, après la faillite de Law, elle réussit à tirer son épingle du jeu et augmenter considérablement sa fortune. Madame de Tencin se charge notamment de trouver des maîtresses pour le roi dont Mme de Mailly, la marquise de la Tournelle. Elle prépare même l’ascension de la Mme de Pompadour, future maîtresse de Louis XV.
Le bureau d’esprit, l’un des salons incontournables de Paris
C’est à partir de 1733, après la mort de Madame de Lambert, que le salon évolue pour devenir littéraire et philosophique exclusivement. Les plus grands esprits s’y réunissent. Parmi eux Marivaux, l’abbé Prévost, Duclos, Fontenelle, Charles Pinot Duclos, madame Geoffrin, autre célèbre salonnière, ou encore Montesquieu. Ami de ce dernier, elle l’aide à éditer son premier ouvrage L’Esprit des lois et achète presque tout le tirage pour distribuer des exemplaires à ses amis.
Les auteurs lisent leurs œuvres, font des portraits, des maximes, madame de Tencin ses lettres. On y critique aussi le pouvoir en place et Louis XV. C’est un lieu de culture, d’échanges et d’amusement où les grands esprits se rencontrent. Celui que l’on surnomme le “bureau d’esprit” ou la “ménagerie” est le salon incontournable de la capitale. La personnalité de Madame de Tencin est l’une des raisons de son succès. Cela montre toute son influence et son importance dans les milieux intellectuels.
Une femme de lettre parmi les hommes
Madame de Tencin est l’une des grandes figures féminines du siècle des Lumières. Au XVIIIème siècle, les femmes mariées et surtout les veuves sont les plus indépendantes, et notamment à Paris. D’ailleurs, elles sont de plus en plus à tenir des salons littéraires. Des salons où se rencontrent et débattent sur leurs travaux les esprits les plus brillants de ce siècle. Le rôle des femmes est donc essentiel dans l’éclosion des Lumières. Mais si elles tiennent ces salons, ces derniers sont peuplés en majorité par des hommes.
Ce sont de grandes lectrices, qui écrivent beaucoup (lettres, notes de lecture), et qui s’imposent par leur intelligence et leur ambition. Elle sont une exception mais font aussi changer la place de femme. Le salon de madame de Tencin, comme celui de Madame de Lambert, Madame de Geoffrin, la cour de Sceaux ou encore le club de l’Entresol sont aussi le symbole de l’émancipation de la femme. Une émancipation qui passe aussi par la culture.
Madame de Tencin fonde son salon en 1717
Dès 1733, il passe d’un salon de politique et de finance à l’un des salons littéraires et philosophiques incontournables de Paris. Les plus grands esprits se rencontrent, tels que Montesquieu et D’Alembert. Ces salons à l’image de celui de madame de Tencin sont aussi le symbole de l’émancipation de la femme. Claudine de Tencin s’éteint le 8 décembre 1749 à Paris à l’âge de 66 ans.
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Par Vincent Bouin ,