C’est un projet ambitieux dont on entend encore trop peu parler. L’Afrique s’est alliée à 11 pays dans le but de créer la Grande Muraille Verte africaine. Il s’agit là d’une immense bande végétale traversant le continent d’est en ouest. Les enjeux ? Faire reculer la désertification du Sahel, lutter contre les changements climatiques, améliorer les conditions de vie précaire des populations. Petit à petit, l’initiative prend forme, mais les difficultés rencontrées depuis son lancement sont nombreuses. Retour sur la chronologie d’un projet pharaonique pour la planète.

La Grande Muraille Verte c’est quoi ? 

Il en était question depuis les années 80, pourtant, ce n’est qu’en 2005 que cette initiative a finalement pu voir le jour. Le but ? Faire émerger une bande de forêts traversant l’Afrique de part en part. Concrètement, de Djibouti à Dakar, ce serait plus de 8 000 km de long, pour 15 km de large. Un projet végétal d’ampleur, qui vise à réhabiliter quelque 100 millions d’hectares et à créer 10 millions d’emplois pour l’environnement. À terme, c’est 250 millions de tonnes de CO₂ qui pourraient être à nouveau séquestrées.

Le désert avance inexorablement
Le désert avance inexorablement

Ce plan a pour ambition de réaménager et faciliter la reforestation du Sahel, mais aussi de préserver la biodiversité largement impactée par les bouleversements du climat. À cause de la sécheresse qui sévit depuis plusieurs années, le désert gagne du terrain, les arbres se meurent, et la nourriture manque. La plupart de ces zones rurales font partie des plus vulnérables du monde. Il y a également urgence à améliorer les conditions de vie des populations.  

Un projet ambitieux pour l’Afrique

Il faut donc non seulement restaurer les terres, augmenter leur fertilité, mais également, installer une gestion durable. Sans quoi, ce sont autant d’actions sporadiques menées à petite échelle, qui étouffent aussi vite qu’elles surgissent. Car les opérations sont loin d’être concertées.

Les terrains, une fois remis en état, peuvent devenir un vrai levier pour diversifier les revenus des paysans. Et pour les convaincre de participer, on plante des arbres fruitiers ou des acacias, qui engendrent un bénéfice visible. En effet, les producteurs peuvent ensuite revendre ces récoltes ou ces matières premières. Pour exemple, les agriculteurs du Tchad ont fait pousser des acacias en masse et font commerce de leurs résines sur les marchés. Au programme également, la stabilisation des dunes, l’aménagement de brise-vent, mais encore, des actions autour de la conservation des eaux.

Entre 2011 et 2017 ont été restaurés 4 millions d’hectares. Un bilan bien mince, quand on sait que l’objectif annuel était de 8,2 millions, et que d’ici 2030, c’est 100 millions d’hectares de forêt qui devront être réhabilités.

Un plan qui peine à se concrétiser

Pourquoi cette initiative, présentée comme objectif phare ces 15 dernières années, peine tant à se concrétiser ? Il y a pour commencer un problème d’investissement. L’Agence panafricaine de la Muraille Verte a pour mission de coordonner les actions des différents pays. Elle indique que, depuis le début du projet, 200 millions de dollars ont été engagés et estime qu’il faudrait entre 36 et 43 milliards supplémentaires pour voir le plan de reboisement aboutir en 2030. En janvier 2021, au One planet submit, les chefs d’État ont promis de réunir 14,3 milliards de dollars d’ici 2025. Reste que cela n’est toujours pas suffisant pour une entreprise d’une telle ampleur.

Tout ne repose pas seulement sur les financements. Entre en ligne de compte également, une participation vitale de la part des collectivités régionales et des agents de terrain. Les onze pays africains doivent miser sur davantage d’actions coordonnées pour l’avancement de la Grande Muraille Verte.

Car, comme l’explique Manon Albagnac, chargée du projet Sahel Désertification, c’est grâce à l’investissement des populations locales que ces initiatives gagneront en force. L’enjeu est donc de faire comprendre aux habitants des lieux concernés toute l’importance de s’intéresser et de s’engager dans ce plan d’avenir durable.

Un manque de visibilité et de soutien politique

Derrière les grandes déclarations faisant de cet aménagement une priorité, la réalité est donc tout autre. Mis à part au Sénégal et en Éthiopie, les gouvernements n’ont pas hissé ce plan de reboisement en haut de pile.

Derrière les discours promotionnels, les films inspirants distribués à grande échelle et les faits de terrain, l’inégalité est profonde. Car il est en fait difficile de savoir qui mène ces initiatives sur les différents territoires, et qui fait quoi. Ce manque de visibilité affecte le projet de la Grande Muraille Verte. Patrice Burger, président du CARI, une ONG qui œuvre à ralentir la désertification, explique

Ce rêve ne parviendra jamais à se concrétiser si les populations ne sont pas convaincues qu’il leur offre un avenir meilleur. Or, ce travail n’a pas été fait

Pourtant, ce projet pharaonique reste porteur pour l’ensemble de l’Afrique, si ce n’est d’utilité mondiale.

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Par Ambre Calvez ,

Passionnée par les mots et la mécanique de leur harmonie, Ambre a découvert la Rédaction Web et depuis, n’a de cesse de s’étonner de la richesse de ce métier. Curieuse et rigoureuse, elle étanche sa soif de connaissances en écrivant des articles sur tous types de sujets. Car, il faut bien le dire : à peu près tout l’intéresse. Son but est d’optimiser ses articles, à la fois pour son client, le lecteur et pour les moteurs de recherche.

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