Tout commence à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les autorités de la Ville de Paris décident de transférer le contenu des cimetières parisiens dans un espace souterrain. Alors situé en périphérie de la ville, les anciennes carrières de la Tombe Issoire (aujourd’hui sous l’actuelle place Denfert-Rochereau) se présentent comme le lieu idéal : facile d’accès et profondes de vingt mètres sous terre. D’abord appelé « Ossuaire municipal de Paris » lors de sa consécration en 1786, le site prend le nom de « catacombes », rappel notoire aux fascinantes catacombes de Rome. A partir de 1809, elles s’ouvrent au public et connaissent un grand succès grâce à la transformation du lieu dans une visée muséographique.

Les Catacombes aujourd’hui, un lieu mystérieux accessible à tous.

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Les ossements sont ainsi actuellement scénographiés, organisés par murs. Le parcours est agrémenté de cabinets de minéralogie et pathologie pour apporter une dimension pédagogique à destination du visiteur. Enfin, des textes littéraires ponctuent la visite, apportant une dimension réflexive et philosophique à cette proximité avec la mort.

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La visite s’étend à ce jour sur plus de 1500 mètres de longueur, cette partie ne représentant qu’une faible portion des carrières souterraines de Paris. Bien qu’un arrêté municipal interdit la visite sans autorisation de celles-ci, nombreuses subsistent les entrées non officielles, dont seuls les cataphiles ont le secret et osent s’y aventurer.
Ce lieu de visite insolite suscite la curiosité depuis son ouverture. De l’empereur d’Autriche François Ier à Napoléon III, le site a attiré autant tout type de publics, représentants d’Etat, classe populaire et même des artistes comme Nadar, qui a immortalisé les ossements dans une série de photos.

Tantôt refuge pour les communards en 1871, tantôt salle de concert clandestin pour orchestre symphonique, les Catacombes sont autant perçus comme un objet de fantasmes, qu’un lieu constitutif de l’histoire de Paris.

Côtoyer la mort !

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Descendre sous la surface terrestre, au même niveau que les corps enterrés, devient une expérience physique et mentale déconcertante. Littéralement enterrés, cette réalité de la mort, dans son aspect le plus tangible, invite à l’introspection.
Le vers d’Alphonse de Lamartine, gravé sur l’un des murs, rappelle à chaque visiteur la fugacité de la vie humaine :

lls furent ce que nous sommes,
Poussière, jouet du vent !
Fragiles comme des hommes,
Faibles comme le néant !.

Notre destinée finale est là devant nos yeux, sans échappatoire possible. Ici bas, les différences de sexe, de classe sociale ou de religion, sont effacées éternellement. Notre crâne finira fatalement, plus ou moins tard, mêlés à celui de nos contemporains.

Par Claire Annereau,

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