Comédie légère fondée sur une intrigue amusante et des quiproquos, le genre du vaudeville s’essouffle à la fin du XIXe siècle. Il faut attendre le talent de Georges Feydeau et sa vie tumultueuse pour le moderniser.

Rares sont les vaudevillistes qui ont marqué les esprits. Feydeau lui, a relevé le défi et n’a rien perdu de son titre de “roi des vaudevilles”. Il a su exploiter toutes les ressources du genre. Ses pièces intelligentes et drôles sont encore jouées et applaudies en France et à l’étranger. Découvrez le portrait de ce génie triste !

Feydeau, un avenir prometteur

Né en 1862, Georges Feydeau se passionne très tôt pour le sixième art.

J’étais tout enfant, six ans, sept ans. Je ne sais plus. Un soir on m’emmena au théâtre. Que jouait-on ? Je l’ai oublié. Mais je revins enthousiasmé […]

article de G. Feydeau, De la paresse à la gloire : comment je suis devenu vaudevilliste, Le Matin, 15 mars 1908

Il renonce à ses études à l’âge de 14 ans pour se consacrer à sa vocation. Acteur, puis auteur, il s’approprie vite les codes du vaudeville. Il oscille entre échecs et succès, et connaît la consécration dès 1892 avec les pièces Monsieur chasse ! (1892), Champignol malgré lui (1892) et Le Système Ribadier (1892). Il est qualifié de précurseur du théâtre de l’absurde.

Du rire au drame : une source d’inspiration

En parallèle de sa vie d’auteur, Georges Feydeau se fait une place auprès des noctambules parisiens. Il vit la nuit et dort le jour, sans cesser d’observer ce qui l’entoure pour nourrir son inspiration. Avec le temps, il teinte ses œuvres comiques d’amertume, à l’image de sa vie. Son addiction aux jeux d’argent et ses mauvais placements financiers lui font perdre des sommes importantes. Si bien qu’il est contraint de vendre des tableaux de sa collection, pourtant passionné par la peinture.

La neige à Louveciennes, Alfred Sisley, 1878, huile sur toile. Oeuvre de la collection de G. Feydeau
La neige à Louveciennes, Alfred Sisley, 1878, huile sur toile. Oeuvre de la collection de G. Feydeau

De 1909 à 1916, il connaît une vie conjugale tumultueuse, qui se solde par un divorce. Feydeau perd le goût d’écrire. Toutefois, sa vie sentimentale l’inspire. Il reprend le trio femme-amant-mari, qu’il a connu, dans cinq courtes pièces regroupées sous le nom Du mariage au divorce (1908-1916). À la fin de sa vie presque tout l’ennuie : “La vie est courte, mais on s’ennuie tout de même”, répétait-il alors.

Une mécanique bien rôdée

Un vaudeville rythmé, des actes qui s’enchaînent avec fluidité et qui déclenchent le rire. Voilà les clés du succès pour Feydeau.

Quand un vaudeville est bien fait, logique, logique surtout, qu’il s’enchaîne bien, […] il réussit.

Lettre de G. Feydeau à Serge Basset, Le vaudeville et le mélodrame sont-ils morts ? publié en 1905

Il met un point d’honneur à tenir en haleine les spectateurs du début à la fin de ses pièces. Considéré comme un génie de l’intrigue, il sait les rendre burlesques et pertinentes. Ses dénouements, eux, sont amenés avec aisance et subtilité. Il fait vivre à ses personnages des cascades de situations loufoques, qui les mènent in fine à la catastrophe. Comme une fatalité comique, il écrit ses comédies comme des tragédies.

ANECDOTE : Georges Feydeau se qualifiait de paresseux. Il a révélé avoir terminé le second et le troisième acte de La dame de chez Maxim’s (1899) pendant que le premier était en répétition.
Pièce de théâtre « La Dame de chez Maxim » de Georges FEYDEAU

Feydeau, ce génie inventif

Sa finesse d’esprit lui permet d’exploiter l’aspect comique de toutes les situations. G. Feydeau ne part pas de l’absurde, il y arrive. C’est en cela que réside son talent. Il maîtrise les procédés comiques comme la méprise sur la personne, sur la situation ou sur les sentiments. Ses personnages vivent dans l’ignorance des situations dans lesquelles ils se trouvent. Souvent, ils feignent des sentiments qu’ils ne ressentent pas pour se sortir de situations embarrassantes. Alliés au comique de mots qui est sa spécialité, G. Feydeau provoque des quiproquos hilarants.

ANECDOTE : un homme serait littéralement mort de rire durant une représentation de Le Dindon (1896), un des plus grands succès de Georges Feydeau.
Le Dindon de Georges Feydeau – La Comédie des Ternes

Contrairement aux vaudevillistes classiques, Feydeau teinte ses pièces de réalisme

Ses personnages ne sont plus de simples fantoches caricaturales au service de situations loufoques. Il leur attribue des caractères singuliers. Il s’inspire de ses rencontres et des moments les plus gais comme les plus tristes de sa vie. Fin observateur de son époque, il met en scène ses contemporains, et critique la bourgeoisie du XIXe siècle.

C’est probablement en cela que les vaudevilles de Georges Feydeau sont des œuvres si intelligentes, riches et modernes. Et vous, avez-vous déjà assisté à une représentation d’une pièce de G. Feydeau ? Racontez-nous en commentaire votre expérience ! Pour en savoir plus sur les pièces de G. Feydeau, c’est par ici ou par .

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Par Marie Magnin,

Moi c'est Marie Magnin, j'ai 23 ans ! Je suis passionnée de photographie, sensible à l'écologie et j'adore découvrir de nouvelles cultures. Jeune diplômée en communication, j'ai toujours aimé écrire et jouer avec les mots. J'ai à cœur de développer ma créativité et ma curiosité dans toutes mes aventures, et de ne jamais cesser d'apprendre !

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