Peint par Delacroix, puis personnage phare dans l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Victor Hugo, Gavroche constitue un protagoniste incontournable de la révolution. Qui est-il ? A la découverte d’un petit garçon, emblème de l’insurrection.

A en croire sa genèse, Gavroche aurait deux pères. Et pas n’importe lesquels.

S’il doit à l’un son physique, il doit à l’autre son histoire. Alors que la Révolution de Juillet vient de frapper la France, le peintre français, Eugène Delacroix, réalise quelques mois plus tard, en novembre 1830, une huile sur toile inspirée de cet événement.  Sur un tas de cadavres, une jeune femme, seins nus, coiffée d’un bonnet phrygien, habit des révolutionnaires, brandit fièrement le drapeau tricolore, symbole de la République française. Aux côtés de cette allégorie de la liberté figure un jeune garçon, frêle, modeste, d’une dizaine d’années, armés de pistolets qu’il soulève de façon assurée. C’est véritablement ce protagoniste incontournable du célèbre tableau « La liberté guidant le peuple » et incarnation de la jeunesse prête à se battre pour vivre libre, qui a inspiré par la suite Victor Hugo pour son personnage de Gavroche.

Un destin funeste

Près de trente années après la parution de l’œuvre de Delacroix, considérée, à présent, comme symbole de la Démocratie et de la République française, Victor Hugo publie, en 1862, un de ses ouvrages les plus marquants : Les Misérables. A travers Cinq tomes, l’auteur plonge le lecteur dans la misère de Paris, au début du XIXème siècle. Le romancier suit le parcours tragique et profondément injuste de différents protagonistes tels que Jean Valjean, Fantine, Causette ou encore Gavroche, victimes de la médiocrité de la société et de la pauvreté. Hugo narre notamment l’histoire d’un jeune garçon, Gavroche, fils des Thénardiers, qui le rejette et le laisse se confronter seul à l’univers de la rue, où il n’aura pas d’autre choix que de devenir truand pour s’en sortir.

A un âge, où il devrait baigner dans l’innocence, il évolue dans un monde où l’argent et le pouvoir dominent. Malgré une enfance opprimée, Hugo attribue à Gavroche de nobles qualités telles que le courage, la tendresse ou encore la candeur.  Engagé auprès des révolutionnaires lors de la Révolution de Juillet, le jeune garçon connaît un destin funeste sur les barricades. Alors qu’il dépouillait les cadavres, jonchant sur les pavés, à la recherche de munitions pour en fournir aux insurgés, il est tué d’une balle, n’ayant pas le temps de conclure sa célèbre chanson « Je suis tombé par terre/C’est la faute à Voltaire/Je suis tombé dans le ruisseau/ C’est la faute à Rousseau ». Et Hugo de conclure cet épisode tragique : « Cette petite grande âme venait de s’envoler ».

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Un personnage bien au-delà de la fiction

Profondément soucieux des maux de son époque, Victor Hugo a pris le parti de sensibiliser ses contemporains à la cruauté de la misère tout en s’attardant sur l’oppression des enfants. Un thème récurrent chez l’auteur, qu’il aborde également dans son poème « Mélancholia », dans les Contemplations, dénonçant le travail des enfants. Gavroche est aussi bien la représentation de ces destins brisés par la misère mais aussi l’emblème de la conquête de la liberté, qui n’hésite pas à se sacrifier pour qu’elle puisse exister.

Ce personnage fictionnel existe aujourd’hui bien au-delà des œuvres qui lui ont donné naissance. Le nom Gavroche est ainsi rentré dans le dictionnaire et est utilisé pour désigner, selon Larousse, « un gamin de Paris, malicieux et effronté ». Certains bars parisiens ou encore des centres de loisirs de la capitale ont également choisi de nommer leur établissement du nom du jeune révolutionnaire, sans compter les nombreuses peintures de ce dernier qui ont été réalisées, reproduisant son indévissable casquette, peinte par Delacroix. Bien plus qu’un personnage, Gavroche semble être un emblème intemporel.

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Par Caroline Garnier, juillet 2019

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