Des Zombies, de l’hémoglobine, des mitraillettes, beaucoup d’humour et une touche de Bruce Willis. Planète terreur, c’est tout de suite dans c’est comme la confiture. 

Crédits : Podcast proposé par Cultur’easy
Concept de Marion Labbé-Denis
Écriture et Voix de Marion Labbé-Denis
Musique Originale de Lucas Beunèche
Montage & Mixage de Lucas Beunèche
Conseil artistique : Caroline Garnier
Production artistique : Elodie Bedjai

Retranscription de l’épisode Planète terreur

Il y a peu de temps, je suis retombée sur un carton de DVD. Mais si, vous savez. Cet objet de type rond et plat qui a vieilli presque aussi vite qu’un papillon de lumière sous les projecteurs. Parmi les DVD en présence dans ce carton, il y avait une édition collector du film “Planète terreur”. Et tout m’est revenu d’un coup. 

Mon cœur a fait un bond dans ma poitrine. Mon visage s’est illuminé comme un sapin de Noël (si, si je vous assure, j’ai clignoté). Et je me suis souvenu qu’à une période de ma vie, je le connaissais par cœur. J’ai eu tout de suite une irrépressible envie de le revoir. 

Cependant, je n’ai aujourd’hui ni télévision, ni lecteur DVD. De toutes façon, il n’y a même plus de lecteurs CD sur nos ordinateurs. J’étais frustrée. Mais c’est à ce moment là, que j’ai découvert que le film était disponible sur Netflix. Il y a des jours comme ça, où on se dit qu’on a bien fait de se lever.

Planète terreur c’est un film de Zombies sorti en 2007 

Réalisé par Robert Rodriguez, le réalisateur de Sin City. Un autre de mes films préférés en noir et blanc, adapté d’un roman graphique de Franck Miller. D’après les internets, Robert c’est un copain de Quentin Tarantino. D’ailleurs, Planète terreur est sorti en version “deux pour le prix d’un” au sein d’un diptyque, avec un autre film “Boulevard de la mort” réalisé par Tarantino justement. 

Pour la petite histoire, les deux films se mentionnent mutuellement d’ailleurs. On parle de l’un des personnages du film de Quentin dans le film de Robert. Et d’une attaque de zombie dans le film de Quentin, la boucle est bouclée. Ce qu’ils ont voulu reproduire en faisant ça, c’est un double programme avec des films d’exploitation. 

Ça se faisait beaucoup à une époque dans les cinémas. Un Film d’exploitation, c’est un peu comme un téléfilm de Noël sur M6. L’idée c’est d’exploiter un filon qui marche bien. Et de remplir les salles avec un programme tièdasse, pas ouf. Qui se sert d’une thématique rentable, avec un petit budget. 

On était servis dans les années 80, 90. Ah bah oui, on se souvient des chefs d’œuvre. Mais on a oublié les “Les dents de la mer 4, la revanche” et autres “Salut Bruce, Bonjour le Dragon”. Cela dit, même s’ils en ont adopté tous les codes de ce type de film, ce qu’ils ont fait, c’est pas tiédasse du tout. Et d’après moi, Planète terreur c’est même un chef d’œuvre.

J’espère que vous êtes bien accrochés, parce que je vais vous partager le scénario et faire des petits commentaires

L’histoire se passe dans une petite ville du Texas. Un couple de médecins franchement malaisants, constatent que de plus en plus de patients débarquent à l’hôpital. Avec un genre de gangrène franchement suintante et qui se développe plus vite que la musique. On comprend qu’il va y avoir une petite épidémie qui donnera lieu à des zombies en veux-tu en voilà. 

On suit aussi le personnage de Cherry Darling, jouée par Rose McGowan, -qui joue aussi Paige dans Charmed-. Une gogo danseuse qui vient de plaquer son job. Au début du film elle croise son ex petit-ami, et part en voiture avec lui. Il s’appelle Wrey et tout le monde l’appelle El Rey. C’est un personnage dont on ne sait absolument rien. Par contre, tout le monde le connaît, et on ne sait pas pourquoi, ni ce qu’il a fait. Jamais, mais à priori, sa réputation le précède.

Ils prennent la route ensemble. Mais ils sont victimes d’une mystérieuse attaque pendant laquelle Cherry Darling se fait arracher l’une des deux jambes. Wrey l’emmène à l’hôpital mais ça commence à sentir sérieusement le roussi là-bas. Alors pour qu’elle arrête de pleurer, il remplace sa jambe manquante par une mitraillette. Je ne sais pas ce qu’un psychiatre nous dirait de la portée symbolique de cette action. Mais enfin passons. 

À ce moment-là, un groupe d’irréductibles franchement badass, va essayer de survivre à cette attaque de Zombie. Et de limiter l’épidémie avec les moyens du bord. Et pour ne rien vous cacher il y a pas grand chose à bord. Voilà, ça c’est le pitch. Basic, simple, efficace. Là vous pourriez me dire, “bah, et Bruce Willis ?” Eh bien, Bruce Willis, on le voit peu, mais il est formidable et il porte un béret. Voilà, je ne vous en dirai pas plus.

Ce que j’aime dans ce film c’est son esthétique ultra kitsch très série Z 

Des marques d’usure sur la pellicule, (alors que le film a été tourné en numérique). Des couleurs saturées. Une bande son très rétro. Et puis, le film en lui-même est une caricature. Ce qui le caractérise, c’est l’excès en tout, tout le temps. Ce n’est que ça. Un jeu sur tous les ressorts narratifs, sur tout ce qui fait qu’un film est un film. 

Il s’amuse avec les limites de la croyance du spectateur. Il va suffisamment loin pour qu’on sache que ce n’est pas sérieux. Mais il reste suffisamment cohérent pour que l’on soit pris dans l’histoire. Qu’on ait envie d’en connaître le dénouement.

Il joue si bien avec les codes auxquels nous sommes habitués. Il peut sans aucun problème déclencher des explosions sans avoir à les justifier. Il y a des zombies, de la castagne, des coups de feu et pour aucune raison explicite, des bâtiments qui explosent. 

Les raccords des plans sont fascinants. On passe d’une amputation au découpage d’un rôti, il fallait oser. Mais aussi des scènes où on part sauver le monde sur une mini moto. Et on conduit beaucoup sans regarder la route. Clairement si ça se passait comme ça dans la vraie vie, j’aurais eu mon permis du premier coup. Il faut dire que Robert Rodriguez pousse toujours le bouchon du limite-limite un peu plus loin. Dans l’absolu je dirais qu’il provoque régulièrement des réactions du genre “Mais non, il va pas oser…”. Et si !

Alors, oui, on y retrouve un nombre incalculable de clichés

Mais qui ne font pas semblant d’être autre chose. Les personnages féminins ont beau être des incarnations de fantasmes masculins surannés. Tour à tour go-go danseuse, auto-stoppeuse, infirmière sexy, et j’en passe. Elles sont loin d’être uniquement objets ou prétextes dans le film. Malgré un male gaze exacerbé, elles ont leur propre agenda, qui ne correspond pas nécessairement à celui des personnages masculins. Qui, eux, ne sont pas des sexes symboles. Et qui, quand ils ne jouent pas à la guerre, parlent de testicules et de barbecue en permanence.

Et ça fait Boum, Bam, Bim. Et c’est Génial ! Parce que quelque part, quand on y réfléchit, on réalise qu’on s’en fiche de la cohérence globale de tout ça. Et si on peut passer outre à ce point, c’est parce que tous les dialogues sont FORMIDABLES. Il n’y a pas une seule réplique superflue. Tout est écrit pour se répondre plus tard dans le film. Tout retombe toujours sur ses pattes. Rien n’est tout à fait gratuit à part les explosions dans tous les sens. Raison pour laquelle je ne compte plus le nombre de fois où j’ai vu ce film et découvert de nouvelles subtilités. Malgré la boucherie apparente.

 En revanche, je pense que ma sensiblerie s’est agrandie entre mes vingt et mes trente ans. Parce qu’en le regardant aujourd’hui j’ai beaucoup, beaucoup dit “Anh, dégueulasse…” Et en même temps, même si c’est dégueulasse c’est assez fin.

Plusieurs années après avoir découvert ce film, j’ai vu un western de 1954 qui s’appelle Johnny Guitar

Dans Johnny Guitar, il y a un personnage qui s’appelle Johnny Guitar. Et comme pour El Rey, tout le monde le connaît. Mais en tant que spectateur, on ne sait pas qui c’est ni ce qu’il a fait et on ne le saura jamais. Et je me souviens m’être dit. “Hein mais c’est une référence à ce western qu’il faisait Robert Rodriguez dans planète terreur !? Sacré Robert, quel talent.” Alors, je ne sais pas si c’est vrai ou si j’invente. Mais dans mes rêves les plus fous Monsieur Rodriguez entend ce podcast. Et me tape sur l’épaule en me disant “You got it girl.”

Dernière information au sujet de ce film

Robert Rodriguez y a fait jouer son fils, Rebel Rodriguez. Oui, Robert a appelé son fils Rebel. Ça en dit long sur son sens de l’humour. Il joue le fils de quatre ou cinq ans du couple de médecins malaisants. Mais ce n’est pas le pire. Attention ! Dans 3 secondes je spoile. 3,2,1, ça part : dans la version définitive, cet enfant meurt. Sauf que pour ne pas trop le perturber, Robert Rodriguez a tourné plusieurs scènes alternatives où l’enfant survit. J’ignore si Rebel est aujourd’hui au courant que son père l’ait tué dans l’un de ses films. Mais à mon avis, ça doit coûter cher en thérapie.

Cela dit, c’est un choix narratif intéressant. L’enfant se tue en jouant avec une arme à feu. De là à y voir une critique du deuxième amendement des Etats-Unis, concernant l’autorisation du port d’armes… Il n’y a qu’un pas.

Vous l’aurez compris, j’aime ce film

J’ai eu le bonheur de constater que dix ans plus tard, je connaissais toujours la plupart des dialogues par cœur. Je ne vois pas bien à quoi ça va me servir. Tant qu’on aura pas inventé les karaokés de dialogues de films. Remarque, peut-être que ça existe déjà. Non ? Je ne sais pas.

Mais je m’étale. je vous le conseille si vous aimez les esthétiques un peu rétros. Que vous n’êtes pas trop sensibles. Et que vous aimez les madeleines de Proust qui ne sentent pas la poudre d’amande. Âmes sensibles s’abstenir. Je vous déconseille également de vous taper la cloche pendant le film. Vous risqueriez de ne pas beaucoup apprécier votre repas. Parce que ça gicle un peu cette affaire de gangrène. Vous allez sans doute régulièrement dire “Argh, dégueulasse”. Mais une chose est sûre. Logiquement vous allez rire ou au moins sourire. Et la dernière séquence du film est franchement réjouissante. Promis, ça vaut le coup d’aller jusque là.

Bisette,

PS : Il y aussi une chose qui m’a fascinée

Il y aussi une chose qui m’a fascinée. C’est que Robert Rodriguez a produit pour accompagner ce film, une bande annonce. Oui, mais pas la bande-annonce de ce film. La bande annonce d’un film du même genre, mais qui n’existe pas. Je suis désolée. Mais personnellement. C’est le genre de projet que je trouve à la fois dingue, un peu zinzouille et absolument génial. Au sens propre du terme. Donc, il a réalisé la bande-annonce d’un film intitulé MACHETTE, avec Danny Trejo. Et ce n’est que quelques années plus tard qu’il a finalement réalisé le film en lui-même. Ce mec est trop fort. C’est comme si au concours Lépine, tu vendais une machine à faire des omelettes sans casser des oeufs. Avant même d’en avoir fait les plans. Enfin je sais pas, enfin peut-être.

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