Brancusi est connu pour ses sculptures aux lignes douces et épurées et sa collaboration avec les Surréalistes. Cet artiste roumain est renommé au plan international et a proposé des réflexions cruciales sur le statut de l’art. Portrait.

Constantin Brancusi naît à Hobita en Roumanie en 1876. Ses parents, Maria et Radu Nicolae Brancusi, sont un couple de paysans aisés : ils assuraient la gestion des terres du monastère de Tismana. La famille vit dans le Sud-Ouest du pays, région connue pour sa tradition de sculpture sur bois. On en retrouve d’ailleurs souvent les motifs géométriques dans les œuvres de Brancusi. Une maison-musée, la Casa Muzeu Constantin Brancusi, a été créée en son honneur dans son village natal.

De la Roumanie à la France, une formation éclectique

Brancusi, Le Baiser, Flickr
Brancusi, Le Baiser, Flickr

Dès 18 ans, Brancusi débute ses études à l’école des arts et métiers de Craiova. Il y suit une formation en arts plastiques quatre ans durant avant d’intégrer l’Université nationale d’art de Bucarest. C’est là qu’il se spécialise dans la sculpture. Ressentant ensuite le besoin de se perfectionner, il part à pied pour Paris en 1903. L’apprenti sculpteur fait étape en Autriche où il travaille comme décorateur de meubles. A Vienne, il découvre l’art de l’Egypte antique, qui l’inspire ensuite durablement.

Brancusi arrive ensuite en France et entre en 1905 à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts. La même année, il crée la première version du Baiser, une de ses œuvres majeures. Celle-ci est aujourd’hui visible au cimetière du Montparnasse, où l’artiste est inhumé. Il participe ensuite à plusieurs Salons, manifestations où les artistes sont invités à envoyer leurs œuvres. Lors du Salon d’Automne de 1907, Auguste Rodin, alors président du jury, remarque son travail. La même année, il lui propose de travailler pour lui en tant qu’assistant. Brancusi accepte mais ne reste pas plus d’un mois dans l’atelier de Meudon car d’après lui, « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres »…

Consacré lors des Salons et expositions

L’Atelier Brancusi, Piqsels
L’Atelier Brancusi, Piqsels

Le sculpteur continue sans relâche à exposer dans des Salons. En 1908, il participe au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts. Il y rencontre les peintres Henri Rousseau, Fernand Léger et Amedeo Modigliani, avec qui il se lie d’amitié. Brancusi expose par ailleurs régulièrement au Salon des Indépendants entre 1910 et 1920. C’est durant cette décennie qu’il installe durablement ses ateliers dans le quartier de Montparnasse. Une réplique fidèle de son atelier est aujourd’hui exposée au Centre Pompidou.

Sa renommée grandit et dépasse bientôt les frontières françaises. Il obtient sa première exposition individuelle à New York en 1914. Elle se tient à la Photo-Secession Gallery tenue par le photographe Alfred Stieglitz. De nombreux collectionneurs achètent ses œuvres et il reçoit plusieurs commandes publiques. Le sculpteur se rapproche peu à peu des Surréalistes Man Ray ou Tristan Tzara.

En 1927, il se rend pour la seconde fois aux Etats-Unis pour sa quatrième exposition personnelle. A cette occasion, Marcel Duchamp a convoyé ses sculptures depuis le Havre. Cependant, elles sont saisies par la douane américaine. Celle-ci considère en effet qu’il ne s’agit pas d’œuvres d’art en raison de leur abstraction et leur impose une taxe. Brancusi intente ensuite un procès contre la douane au cours duquel il défend le statut de sa création. La transcription de ce procès fait date dans l’histoire de la philosophie de l’art : elle bouleverse les codes traditionnels de la figuration.

Un chef-d’œuvre : L’Oiseau dans l’espace

Brancusi, L’Oiseau dans l’espace, Flickr
Brancusi, L’Oiseau dans l’espace, Flickr

La principale œuvre concernée par ce procès était l’Oiseau dans l’espace. Créée en 1923, il s’agit d’une haute forme oblongue en bronze doré et poli. L’oiseau est seulement suggéré et dépourvu d’ailes et de plumes. Son corps est évoqué par un léger renflement et sa tête par un aplanissement du bronze.

Par cette sculpture, Brancusi recherchait à évoquer la forme pure de l’oiseau. En supprimant les pattes et les ailes, l’artiste réduit l’animal à son essence : l’envol. La forme ovale de l’œuvre est un étirement vers le ciel et suggère l’idée du souffle élévateur. L’oiseau, tout en verticalité, permet donc l’ascension du regard du visiteur.

Le matériau joue un rôle important dans ce concept. Le polissage du bronze rend la détermination des contours difficile pour l’œil. Il rend la forme presque immatérielle et fait immédiatement penser à une flamme. Forme, lumière et matière se génèrent donc mutuellement, créant pour l’œil une surprise permanente.

Brancusi est devenu au fil de sa carrière un sculpteur de renommée mondiale

Ses travaux autour des matériaux et sa recherche de la forme pure ont fait date. Ses œuvres sont aujourd’hui visibles dans beaucoup de musées européens et américains. L’Atelier Brancusi, à Paris, expose en particulier de très nombreuses créations dans leur contexte originel.

Pour aller plus loin

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Par  Sarah Gouin-Béduneau,

Sarah est historienne de l’art et s’est spécialisée dans la gestion du patrimoine culturel. Elle aime toutes les formes de création visuelle, s’intéresse énormément à la musique et au patrimoine industriel et travaille actuellement dans la conservation et la documentation des biens mobiliers.

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