L’univers du street art réserve souvent des surprises fascinantes, des œuvres qui se fondent dans le paysage urbain tout en le transformant. DaDiLou, un artiste urbain underground avec 15 années d’activité au compteur, a réussi à s’y créer sa propre identité. À travers des fresques énigmatiques et des pochoirs bien pensés, il parvient à insuffler une vision artistique unique dans les coins les plus reculés de la ville. Dans cette interview, nous nous plongerons dans l’univers créatif de DaDiLou, explorant sa passion pour l’art urbain, son engagement pour la valorisation des patrimoines et son amour pour la culture pop.

DaDiLou, pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le monde de l’art urbain ?

Tout a commencé il y a 15 ans lorsque j’occupai un emploi qui ne me permettait pas de m’exprimer. J’ai ressenti le besoin viscérale de le faire de façon détournée, d’une manière non conventionnelle. J’ai choisi les murs de la ville comme toile, car c’était un espace public où je pouvais toucher un large public. Mon premier pochoir était une manière de conserver mon anonymat tout en transmettant un message puissant. J’ai rapidement réalisé que l’art urbain était une forme d’expression qui alliait ma créativité à la réalité urbaine.

Le travail collectif semble être une caractéristique importante de vos projets. Pourquoi est-ce si central pour vous ?

Absolument, le travail collectif est au cœur de ma démarche artistique. Les rues sont un espace partagé par tous, et je crois en la puissance de la collaboration pour créer un impact significatif. Plus d’une de mes réalisations sur deux a été pensée et réalisée avec le concours d’un autre artiste. J’organise souvent des ateliers où les habitants peuvent participer à la création de fresques. Cela donne une dimension sociale à mon art, transformant les murs en points de rencontre pour la communauté. Parfois même en lieu d’apprentissage. J’aime croire que certaines de mes réalisations permettent de valoriser des patrimoines invisibles ou oubliés.

Votre choix d’être rester anonyme sans pour autant cacher votre visage intrigue. Pourquoi ce demi-mystère ?

Mon anonymat permet à mes œuvres de parler d’elles-mêmes, indépendamment de ma personne. Cela donne une certaine liberté à l’interprétation artistique. Je veux que les gens se concentrent sur le message derrière l’art plutôt que sur la personne qui l’a créé. L’anonymat maintient également un élément d’inconnu, ce qui, à mon avis, rend l’expérience plus captivante. Mes créations valorisent l’Histoire, la Nature,… Je ne pense pas que mon identité puisse ou ne doive prendre le pas sur mes sujets.

DaDiLou, parmi vos différentes techniques, les pochoirs se démarquent. Pouvez-vous expliquer comment vous choisissez vos sujets et comment vous réalisez ces œuvres ?

Recherche du trait minimal dans la création à 4 mains de DaDiLou et GSIK
Recherche du trait minimal dans la création à 4 mains de DaDiLou et GSIK

Les pochoirs sont une forme d’art qui permet une grande précision. Avant de créer un pochoir, je m’immerge dans le contexte local et la culture environnante. Mes sujets sont souvent des personnages, des scènes ou des objets qui symbolisent quelque chose pour les communautés locales. Une fois que j’ai mon idée, je réalise mes maquettes d’implantation. Je découpe minutieusement les pochoirs dans leur ordre chronologique d’utilisation et je passe en peinture. Au pinceau ou à la bombe, tout dépend du sujet et du rendu voulu. Cette technique me permet de créer des détails saisissants qui, je l’espère, interpellent les passants ou, au contraire, d’aller à l’essentiel en visant un tracé le plus pur possible, sans artifices.

Votre art est perçu comme apolitique, ce qui est plutôt rare pour les artistes anonymes. Pourquoi ?

Fresque sur planche en bois suite aux émeutes de juillet 2023 par DaDiLou
Fresque sur planche en bois suite aux émeutes de juillet 2023 par DaDiLou

Le paysage urbain est imprégné de politique, que ce soit de manière visible ou subtile. Je crois que l’art a le pouvoir d’éveiller des discussions sur des sujets importants… Mais que ces sujets, au final, ne concernent que rarement la politique. Je préfère me focaliser sur ce qui m’intéresse et qui m’importe. Mes fresques visent avant tout à susciter la réflexion autour de sujets précis. Les enjeux qui sont les miens visent surtout à donner une nouvelle identité aux éléments préexistants.

Que ce soient des événements historiques, des personnalités, de l’architecture… Je ne suis pas suffisamment expressif pour avoir une identité absolue qui définisse de façon automatique mes créations. Je préfère me mettre au service des sujets qui m’inspirent. Quitte à ce qu’on ne reconnaisse pas mon travail. Je n’ai d’ailleurs commencé à signer mes œuvres que dernièrement. Mon compte Instagram doit avoir quelques semaines au mieux. Je ne suis vraiment pas attaché à cette partie de mon travail.

On remarque des références à la culture pop dans certaines de vos créations. Comment la culture pop influence-t-elle votre travail ?

"The Mandalorian, Star Wars en vraie religion SF", travail en cours par DaDiLou
« The Mandalorian, Star Wars en vraie religion SF », travail en cours par DaDiLou

La culture pop est un reflet de notre société moderne, et je trouve important de l’intégrer dans mon art. Elle crée des points de connexion avec le public, rendant mes messages plus accessibles. En utilisant des icônes de la culture pop, je peux créer des œuvres qui sont à la fois engageantes et profondes, tout en jouant avec les perceptions et les attentes du public.

Et puis je dois avouer que j’adore la réinterprétation de sujets iconiques. C’est une façon de vulgariser des éléments plus complexes. Une manière aussi, parfois, de proposer plusieurs couches de lecture d’une même fresque.

DaDiLou en Bref

DaDiLou est un artiste qui se définit lui-même comme éphémère. Il avoue avoir même changé plusieurs fois de nom durant ses 15 ans de carrière. Allant même parfois jusqu’à utiliser plusieurs identités à la fois.

Propos recueillis par Karl Scheuer,

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