Du rose, des pieds plats, du patriarcat et des Poneys, Barbie, c’est sorti en salle le 19 juillet dernier et c’est tout de suite dans C’est comme la confiture.

Crédits : Podcast proposé par Cultur’easy
Concept de Marion Labbé-Denis
Écriture et Voix de Marion Labbé-Denis
Musique Originale de Lucas Beunèche
Montage & Mixage de Lucas Beunèche
Conseil artistique : Caroline Garnier
Production artistique : Elodie Bedjai

Bon, on ne va pas se mentir à moins d’avoir passé les deux derniers mois en retraite spirituelle à regarder pousser le céleri-branche, il y a une info à laquelle vous n’avez décemment pas pu échapper, c’est la sortie en salle du film Barbie réalisé par Greta Gerwig.

Le film a été co-produit par Mattel et Margot Robbie (qui joue Barbie)

Et puis d’autres gens sans doute, mais j’ai pas le détail qui a mis quoi dans la cagnotte Leetchi. Ce film a été plus promu que le couronnement de Charles III. C’était un délire. Il était partout. J’ai lu que la campagne Marketing avait été soignée. Alors, je ne sais pas si c’est le terme que j’aurais choisi. Je veux dire, on a connu plus raffiné, quand tu collabores avec 3000 marques, on est plus vraiment sur un truc hyper sélect’, mais c’est allé, des Crocs, aux applications de rencontre en passant par Burger King, Channel et Duolingo.

Vraiment, un délire. Internet me dit dans l’oreillette que le budget promo était au moins égal, si ce n’est supérieur au budget de la production du film en lui-même. Clairement, c’est un concept. Cela dit, en termes de budget Marketing, Avatar 2, je crois que c’est à peu près la même chose, sauf que comme c’est pas rose mais bleu et que c’est James Cameron, ça passe. Disons qu’on est habitués, on en fait pas une migraine ophtalmique surtout quand c’est le deuxième.

Ceci étant, le moins qu’on puisse dire c’est que ça a fonctionné pour Barbie

Parce que même si personne n’a l’air de le qualifier de chef-d’œuvre absolu, rien qu’en France, il a fait 360.000 entrées dès le premier jour. Il a aujourd’hui dépassé le milliard de dollars au box-office. Et c’est une première pour un film réalisé par une femme, sans aucun co-réalisateur masculin -oui, ça c’est une information que tout le monde le précise fortement-.

Non vraiment elle a cheffé toute seule, zéro pénis dans l’équation et pourtant, ça cartonne! Certes, c’est un Blockbuster financé par le capitalisme, pour le capitalisme, mais ça veut dire qu’une femme peut rapporter de l’argent, qu’on peut donc leur confier des budgets importants, et ce, même si le projet en question aborde la question du féminisme. De là, à dire qu’une partie des gens sont des femmes, qui à l’occasion ne sont pas contre le fait qu’on leur parle de sujets qui les concerne, il n’y a qu’un pas.

Mais enfin, au moment où ils ont commencé à sortir quelques extraits du films, j’ai eu envie d’aller le voir.

D’autant qu’étant abonnée au cinéma, je ne prenais pas un risque énorme.

Me voilà donc en salle fin juillet, pour voir ce film dont tout le monde, enfin dont des gens parlent. Me doutant que j’allais potentiellement avoir envie, moi aussi, de vous en parler, je me suis décidée à prendre des notes dans le noir. Franchement, prendre des notes dans le noir, c’est un peu comme écrire ses rêves à moitié endormie, sur le coup c’est limpide, tu penses que t’es un génie et en fait 2h plus tard, même toi, tu sais plus du tout où est-ce que tu voulais en venir.

Dans les bandes annonces d’avant le film Barbie, j’ai eu le droit à trois publicités pour Barbie

C’est hyper méta je vous l’accorde, mais t’as envie de dire : “Jean-Guy j’ai déjà payé ! C’est bon, c’est plus la peine de me convaincre, je suis là. JE-SUIS-LA je te dis, que je parte ou que je reste, mon argent il est déjà dans ta pochette, alors, ça suffit maintenant, lâche moi la jupe.”

J’ai vu le film, qui dure 1h54 et je ne vais pas pouvoir tout raconter

Il y a mille détails qui mériteraient d’être mentionnés, mais je vais tenter de vous résumer l’intrigue et si jamais il y a un truc que vous n’avez pas compris, n’hésitez pas à lever la main.

C’est parti, je me lance. Alors d’abord il y a une intro qui parodie celle de 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick, où on nous montre des petites filles qui jouent avec des poupons, la voix off nous explique, qu’au temps jadis, les seules poupées qui existaient étaient des bébés. Les petites filles qui jouaient à la poupée, ne pouvaient donc se projeter en tant qu’adulte que comme maman.

Puis est arrivée la première Barbie, une poupée adulte sans enfants, avec un métier

Enfin des métiers puisque Barbie les collectionne. De là, les petites filles explosent les poupons au sol et la voix off poursuit en disant que depuis l’arrivée de Barbie, l’empouvoirement des filles a été sans limite, que ça a résolu tous les problèmes d’inégalité de genre et que le monde est merveilleux, enfin que c’est ce que croit les Barbies dans le monde fabuleux de Barbieland.

On atterrit alors à Barbieland, et après cette intro pour le moins surprenante, ça démarre

C’est donc l’histoire de Barbie Stéréotypée incarnée par Margot Robbie, qui vit à Barbieland avec toutes les autres Barbies, un bon nombre de Ken, et les autres poupées qu’on avait clairement oublié, genre Allan, personne se rappelle de Allan. Les Barbies sont au top, elles sont Prix Nobel, médecins, présidentes, elles bossent sur les chantiers, elles disent des choses comme “Mélanger la logique et les émotions n’affaiblit pas mon pouvoir mais le renforce.” Elles ont des grandes maisons, elles conduisent sans les mains, elles font des conférences, des soirées pyjama, et des chorégraphies du tonnerre. Cela dit, elles répètent les mêmes journées tous les jours, toute la vie, ce qui rend le truc au départ très enjoué, un tantinet gênant, mais vite, fait, mais un peu.

Et puis, il y a Ken joué par Ryan Gosling et les autres Kens, qui sont là

Les Barbies, elles s’en fichent un peu, enfin disons qu’elles ne s’en préoccupent pas particulièrement. Elles sont polies et gentilles avec eux, mais c’est tout. On pourrait croire que c’est un genre d’inversion des rôles, mais en fait, non. C’est à dire que déjà les Ken ne sont ni méprisés, ni vraiment dominés par les Barbies, ils ne sont juste pas désirés par elles. (Et ça, ça semble déjà suffisamment ennuyeux pour énerver des gens.) Mais enfin, donc le Ken joué par Ryan Gosling, lui, il cherche l’attention de Barbie Stéréotypée toute la sainte journée, sans grand succès.

Un beau jour, Barbie stéréotypée, commence à déconner, elle a les pieds plats, des pensées morbides, et de la cellulite…

Barbie étrange qui est une Barbie qui a été un peu malmenée par la vie puisqu’on lui a coupé les cheveux et écrit sur le visage. -On me la fait pas à moi, vous savez très bien de quelle Barbie, il s’agit, vous aussi vous lui avez fait du mal-. Donc Barbie étrange, lui dit que c’est parce que sa propriétaire dans le vrai monde, le monde des humains, n’est pas très en forme, que pour résoudre le problème il faut la retrouver et la faire aller mieux sinon ça va mal finir. Non, parce qu’à tout moment Barbie finissait par avoir du poil aux pattes. Et dieu sait que c’est pas commode, je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu une boîte de Barbie-Body Minute.

Barbie part donc en Birkenstock, essayer de résoudre le problème

Ken décide unilatéralement de venir avec elle et voilà qu’ils se retrouvent tous les deux dans le vrai monde. On connaît la chanson, on a vu E.T. Téléphone-Maison, Thor et Il était une fois. Ce trope de personnages en décalages avec le monde dans lequel ils évoluent, c’est pas nouveau.

Mais là honnêtement, j’ai trouvé ça très drôle. Déjà parce que Ken et Barbie, ils sont vraiment team 1er degré, mais aussi parce que le film, lui, ne l’est pas, c’est-à dire qu’il est rempli de références méta qui échappent complètement aux deux personnages principaux et le décalage entre les deux fonctionne super bien.

Ken honnêtement, c’est des barres

Parce que dans la mesure où les Kens à Barbieland c’est plutôt de la déco, il a jamais vu des mecs diriger quoi que ce soit. Alors, quand il découvre le patriarcat et les poneys, -d’ailleurs il mélange un peu les deux- il est REFAIT. Il se rend compte que dans le vrai monde, y a des mecs partout, ils sont chefs de tout et lui, il est trop content. Du coup il veut une blouse blanche et un stéthoscope pour être médecin, ou une chemise et un stylo qui fait clic pour être chef d’entreprise, enfin n’importe quoi qui lui donne du pouvoir.

Sauf que les gens lui disent non parce qu’il a pas de diplôme

 Il comprend pas trop et ça l’ennuie, il dit même à un mec mais vous avez pas du tout réussi le patriarcat en fait, et le mec de lui répondre, si, mais on le cache mieux c’est tout. Mais vraiment l’assurance soudaine, de “Donnez moi un stéthoscope et un objet qui coupe!”, on lui répond :”Non, je ne vous laisserait pas faire même une petite appendicectomie”, et il répond “Mais je suis un homme !” J’ai ri. J’ai ri très fort. Cette ironie est très présente dans le film, et faire une caricature du Patriarcat et bien, c’est marrant. Parce que s’entendre dire quand on dit d’une blague qu’elle est salement misogyne :”Oh, ça va!…” C’est une chose, mais pouvoir rire à des blagues ouvertement misandres (les blagues pas le film, me faites pas dire ce que j’ai pas dit) au cinéma, ç’en est une autre.

Honnêtement, c’est peut-être très primaire comme réflexe, mais ça détend

Enfin, Ken, voyant qu’il ne peut pas gérer le patriarcat dans le vrai monde décide de rentrer à Barbieland et d’y instaurer le Patriarcat de Cheval. Il récupère les maisons des Barbies, il change la déco, il porte des manteaux de fourrures et des lunettes de soleil et vas-y que je te décerne des prix Nobel du cheval, que je collectionne les mini frigos et que je fais en sorte que les Barbies me servent des bières et me massent les pieds. Là, les barbies, elles perdent pieds, justement, elles oublient complètement qui elles étaient, ce qu’elles faisaient et elles se consacrent au bien être des Kens qui prennent le pouvoir.

Barbie Stéréotypée de son côté, toujours dans le vrai monde, retrouve la fille de sa propriétaire Sasha, une adolescente politisée et désabusée qui considère Barbie comme un symbole fasciste…

…et Gloria, une adulte propriétaire de Barbie qui l’a conservée par nostalgie. Toutes les trois finissent par retourner à Barbieland poursuivies par les grands pontes de Mattel qui veulent remettre Barbie dans sa boîte. Quand Barbie découvre que Ken a instauré le patriarcat de cheval à Barbieland, c’est trop, elle fait ce qu’on appelle un Facedown.

Faire un Facedown c’est s’étaler face contre terre, faire un refus d’obstacle et s’avouer vaincue, au moins pour un temps, c’est dire continuez sans moi, je vais vous ralentir

Moi de mon côté, je vous cache pas qu’après avoir fait maintes et maintes recherches au sujet du film et de sa réception, après avoir lu mille et un commentaire Facebook témoignant de tout et son contraire, après avoir lu d’une part que Barbie remettait en cause l’intégralité du deuxième sexe de Simone de Beauvoir, de l’autre qu’il s’agissait d’un film pervers et que le féminisme nous tuerait tous, mais qu’en plus, en plus pour avoir la moindre légitimité à donner son avis sur le film, il fallait connaître sur le bout des doigts l’essai de Guy Debord sur La Société du spectacle

J’ai eu très envie de faire un Facedown. Je me suis dit : “Ok, le constat c’est que tu t’es engagée à écrire une chronique de dix minutes, sur un film à la fois féministe, et anti-féministe, que la moitié des gens ont détesté, que l’autre moitié a adoré et dont beaucoup de gens se foutent éperdument.” Non, vraiment je me suis allongée par terre, et j’ai dit à voix haute “Ok, je vais poser mon visage sur le goudron moi, et puis je vais attendre que ça passe.” Sauf que rien ne s’est passé, donc, j’ai pris un peu de recul, et je me suis dit, non mais attend, ça va.

Déjà parce que personne ne dit en montrant le film “Voilà, c’est ça le féminisme”

c’est plutôt que le film contient un message féministe. Et quand on entend le personnage de Gloria joué par America Ferrara (alias Ugly Betty), tenir un discours sur la dissonance cognitive des femmes, qui ne seront jamais assez bien puisque soumise à des injonctions totalement contradictoires, le doute n’est pas vraiment permis.

Elle dit entre autres choses “Il faut que tu sois mince, mais pas trop mince, et il ne faut pas que tu dises que tu veux être mince, il faut que tu dises que tu veux être en bonne santé, mais il faut quand même que tu sois mince, il faut que tu aies de l’argent, mais tu ne peux pas demander de l’argent parce que c’est grossier, tu dois avoir une carrière, mais toujours faire attention aux autres, ne jamais être égoïste, plaire aux hommes mais pas trop, pour ne pas les tenter ou menacer d’autres femmes, tu es sensée adorer être mère, mais surtout ne pas trop parler de tes enfants”, etc. etc.

Bien sûr, ça peut paraître un peu basique

Mais personnellement, je pense que c’est en étant exposée à ce type de discours que j’ai commencé à m’interroger sur le sujet et à remettre en question les dix conseils des Magazines Cosmo et Marie Claire pour contenter un homme, lui donner envie de m’épouser et avoir une chance de ne pas finir vieille fille. Et je trouve ça fou qu’on puisse aujourd’hui l’entendre prononcé aussi ouvertement dans un blockbuster américain qui fait maintenant partie du Box Office mondial. Parce qu’à part Titanic et la Reine des neiges… Et encore… J’en vois pas beaucoup d’autres qui de près ou de loin abordent ces sujets.

Alors d’accord, le patriarcat de cheval de Ken est une caricature du patriarcat tout court, il ne mentionne absolument pas les violences faites aux femmes, il n’est ni radical, ni exhaustif, et très éloigné de la réalité. Mais ça n’en dit pas pour autant rien de pertinent, au contraire.

Par ailleurs, esthétiquement dans un style très pop et acidulé, le film est plutôt réussi

La bande son fonctionne très bien et il y a vraiment des moments assez jouissifs.

Mais je crois que ce que j’ai aimé au fond c’est à la fois le second degré permanent, parce que quand Barbie dit “Je ne comprends pas, j’ai peur sans raison spécifique” et qu’on lui répond :”oui, ça s’appelle l’anxiété”, et ben moi ça me fait rire, et puis ce jeu constant avec les clichés raisonne étrangement à plein de niveaux différents.

À un moment donné, dans le film, les Barbies tentent de séduire les Kens pour récupérer le pouvoir à Barbieland, (ne montez pas au créneau, c’est pas si simple, mais je veux juste m’arrêter sur un détail), l’une des Barbies joue la féminité naïve et fragile à l’un des Ken, à priori pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, et elle lui dit : “Je ne me sens pas jolie, je n’ai pas confiance en moi”, et là, il la regarde, et lui dit, un truc comme “Attends, tu permets ?” Il lui retire ces lunettes de vue et ajoute “Tu vois moi je te trouve très jolie comme ça”.

Alors, là encore, caricature oui, c’est du cliché mais c’est à la fois tellement absurde et en même temps tellement vu et revu ce motif de relooking express d’une jeune femme dite vilaine à qui on met des lentilles de contact et Oh mon dieu en fait un des sept joyaux de la couronne

Et ce n’est peut-être pas un hasard si la série Ugly Betty dans laquelle jouait l’une des actrices principales est justement centré sur ce trope. Bref, il y a à mon sens de quoi écrire un livre sur toutes les interprétations possibles du film, et il faudrait le revoir une bonne quinzaine de fois. Et par moment il y a une certaine justesse qui s’en dégage, il y a des éléments où je sais que j’ai ri, parce que ça m’a parlé, parce que ça fait appel à des situations que j’ai vécues ou qui font partie de mes références culturelles au sens large. Donc je me doute que ça ne parlera pas de la même façon à tout le monde. Mais c’est agréable aussi parfois de voir au cinéma des films dont on est clairement la cible.

Le seul problème à mon sens, c’est que sur la fin ça commence à traîner un peu en longueur et à se répéter.

D’autant que si j’ai saisi la plupart des traits d’humour, il y a aussi beaucoup de scènes qui m’ont un peu échappées. Je veux dire j’ai bien compris qu’il s’agissait de scènes tournant autour de la peur de vieillir, des limites de l’empathie, du statut de femmes-objets, mais si ces sujets revenaient à plusieurs reprises, le message qu’elles essayaient de transmettre n’était pas hyper clair. Comme si au montage il y avait eu des petites batailles en interne qui avaient quelque peu brouillé les pistes. Tu me diras, je sais pas si je suis très claire moi non plus, disons qu’au niveau du scénario et du rythme je l’ai trouvé assez inégal entre la première heure et la seconde, ce qui ne m’a pas empêchée de passer un bon moment dans l’absolu.

Mais au fond, ce qui fait tant parler du film au-delà de sa campagne démesurée, ou bien mesurée, ça, ça dépend du point de vue. Ce n’est même pas tant sa qualité cinématographique à proprement parler

Ce qui fait parler du film c’est aussi et surtout le fait que ce soit un blockbuster au sujet d’un jouet Mattel produit par Mattel. Alors oui, il n’y a pas de débat, Mattel réussit un immense tour de force commercialement. Il ont réussi avec ce film à réécrire une version engagée de l’histoire d’un produit, de leur produit phare. Mattel fait son autocritique pour mieux la faire disparaître, la critique, pas l’auto. Pardon… Bref, on critique le capitalisme pour mieux le vendre.

Et j’entend tout à fait le raisonnement de ceux qui disent que cette publicité géante est d’un cynisme effroyable de ce point de vue là

C’est vrai, on rigole, on rigole, on ne voit pas le fond du bol. Parce que Mattel accepte d’ironiser sur les problèmes de Ruth Handler avec le fisc, ça, ok. Sur quelques échecs commerciaux de la marque, pas de soucis, pour le reste, on repassera. Mais le pire, c’est que quand, dans le film, Barbie découvre qu’il n’y a la tête de cette entreprise que des hommes, ils lui disent : “Si, si, on a eu une femme PDG dans les années 90 et une autre à un autre moment, ça fait deux déjà.

Et puis moi je suis le fils d’une mère, le neveu d’une tante”. Et on rit, on rit parce que la blague est réussie et que les personnages sont un peu pathétiques, mais dans le fond, c’est un peu comme si Mattel l’assumait, choisissait d’en rire et ne nous en faire rire avec eux, comme si ce n’était pas un vrai problème. Bon, ça se passe de commentaire.

Après on est pas dupes, Barbie est un film de Franchise et oui, une énorme publicité qui surfe aussi sur une certaine nostalgie pour le produit phare de la marque.

Mattel se sert de ce qui lui permet de vendre plus. Si c’est le féminisme, qu’à cela ne tienne, en avant Guingamp. L’image de la femme objet n’a pas le vent en poupe ? Réinventons un peu l’histoire. D’ailleurs, c’est la même chose côté inclusion. Oui, on trouve dans le film et dans les nouvelles gammes Barbies, des Barbies et des Kens racisés, on trouve des Barbies en fauteuil roulant, et une Barbie dite “Curvy”. Mais on le sait bien que c’est pas Mattel qui lance le mouvement, Mattel il finit par accepter le mouvement de l’inclusion pour pas rester sur le carreau, nuance.

Cela dit, même si à la suite du film les ventes ont augmenté, je pense qu’on en est pas non plus à penser que Mattel est le nouveau chevalier blanc du féminisme intersectionnel

Mc Do propose des bâtons de kiwi dans ses happy meals, mais personne ne pense que ça fera du bien à son corps de manger un Big Mac.

Au fond la question, c’est La fin justifie-t-elle les moyens. Est-ce que parce que c’est financé par Mattel pour se faire des sous, c’est nécessairement vide de sens ? Est-ce que le film en lui-même n’amène pas un nouveau type de discours sur le devant de la scène ? Et puis on dit beaucoup que Mattel utilise l’étiquette de féministe issue du cinéma indépendant de Greta Gerwig pour se racheter une image. Soit, c’est le cas. Mais est-ce qu’on ne peut pas aussi considérer que peut-être que Margot Robbie et Greta Gerwig se servent des sous de Mattel pour financer un film qui utilise l’image d’une icône de la pop culture pour passer un message féministe à grande échelle ?

Et puis d’un point de vue plus global, je suis entièrement alignée avec l’idée que la sortie de ce film qui tend à revaloriser une marque ultra capitaliste semble totalement hors sol, écologiquement parlant.

Mais à ce moment là, est-ce que qu’on est toujours en train de parler du film en lui-même là ? Parce que moi je veux bien qu’on reproche à un film co-produit par Mattel de ne pas être suffisamment radical d’un point de vue féministe. Même si, bon, je trouve que déjà on tient quelque chose de pas trop mal. Mais de là à reprocher à un film produit par Mattel de ne pas être anti-capitaliste, ça me semble un peu gros. Je dis pas, j’aurais adoré voir ça. Mais on commence à lui en demander beaucoup à Greta là, non ?

Mais je m’étale, je vous le conseille si vous voulez voir Ryan Gosling se rétamer sur une vague en polystyrène, si vous avez envie de faire la connaissance de Tanner, le chien de Barbie qui mangeait ses crottes, qu’un film un peu loufoque aux couleurs acidulées vous ferait du bien ou que vous avez envie de vous faire votre propre avis sur la question.

Bisette,

PS : Ah et si on constate une hausse de 20% des ventes sur les produits Mattel

Ca on s’y attendait, sachez que depuis la sortie du film, il paraît qu’on est au bord de la rupture de stock chez Birkenstock, et ça c’est quand même très marrant. Le succès de Barbie qui provoque une rupture de stock de Birk, on ne va pas se mentir, celle-là on l’avait pas vu venir.

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