Depuis décembre 2022, la ville de Sotteville-lès-Rouen accueille Module 763, la première sculpture pérenne de l’artiste Claude Blo Ricci. Réalisée avec le soutien de la Fondation Desperados pour l’Art Urbain, cette œuvre dynamique est directement inspirée par la pratique de collage composition en patchwork de l’artiste. Réunissant des formes abstraites dans un jeu d’équilibre, elle a su susciter de nombreuses réactions de la part des habitants, qu’ils soient sensibles ou non à cet art. Pari réussi donc car n’est-ce pas là, la vocation d’une œuvre finalement ?

Claude Blo Ricci_Module763_2022 © photo Jules Hidrot#3
Claude Blo Ricci_Module763_2022 © photo Jules Hidrot#3

Module 763 n’est ni le titre d’un nouveau roman d’espionnage ni celui d’un thriller cinématographique

C’est le nom de la nouvelle sculpture pérenne créée par l’artiste Claude Blo Ricci, plus connu dans le milieu artistique sous le nom de Blo. Pour réaliser sa première œuvre pérenne en milieu urbain, Blo a reçu le soutien de la Fondation Desperados pour l’Art Urbain, qui se positionne là, comme un véritable mécène de l’art urbain. Stéphane Carricondo, son directeur artistique, nous présente ici le soutien matériel et financier qu’a apporté la Fondation à ce projet artistique original. Quant à Blo, il décrypte pour nous la démarche artistique qu’il a menée pour créer son Module 763.

Stéphane Carricondo, quelle est la vocation de la Fondation Desperados ?

« La Fondation Desperados a été créée en 2018. Elle est née de la collaboration historique et privilégiée avec le collectif d’artistes du 9ème Concept, qui depuis 1989, ne cesse de partager et diffuser auprès du plus grand nombre, son esthétique à travers différentes expositions, résidences, concepts interactifs et happenings, afin de rendre l’art accessible à tous. La vocation de la Fondation est ainsi double : la promotion et la diffusion de l’art urbain dans l’ensemble de la société, et le soutien à la création artistique et l’accompagnement d’artistes émergents. »

D’où l’accompagnement de Blo pour ce projet ?

Stéphane Carricondo. Exposition La grande utopie de Kijno. Manège Royal. Saint Germain en Laye le 22 avril 2017. © Michel Lunardelli
Stéphane Carricondo. Exposition La grande utopie de Kijno. Manège Royal. Saint Germain en Laye le 22 avril 2017. © Michel Lunardelli

« Tout à fait ! Mais au-delà du financement, l’objectif de la Fondation est de faire travailler tous les acteurs du secteur pour travailler en bonne intelligence. C’est donc tous ensemble que nous avons œuvré pour faire naître Module 763. Le projet a vu le jour en cinq mois grâce aux différents contacts que l’artiste et la Fondation avaient déjà dans la région de Rouen. Dans ce projet, comme dans tous les projets accompagnés par la Fondation, l’artiste a eu carte blanche. Nous avons décidé de soutenir Blo car pour ce projet, l’artiste a décidé de sortir de son support mural. Un peintre qui se met à la sculpture est une démarche artistique intéressante. La Fondation ne pouvait pas manquer ce rendez-vous. D’autant plus que nous avions déjà soutenu le travail de Blo en faisant l’acquisition d’une de ses œuvres pour notre collection. »

Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’art urbain ?

« L’art urbain est aujourd’hui très pluriel. Durant de nombreuses années, plusieurs générations d’artistes ont souhaité s’exprimer hors les lieux mais depuis environ une dizaine d’années, l’art urbain entre dans les expositions. Nous sommes aujourd’hui dans une situation assez inédite car d’un côté, l’art urbain entre dans les institutions et de l’autre, il garde un côté très alternatif. Ce qui caractérise cet art est finalement sa liberté ! La liberté du côté des artistes mais également la liberté du regard du côté du public. Dans la rue, chacun peut s’arrêter ou non devant une œuvre. C’est offert à la personne qui passe. Quand on peint dans la rue, le rapport au public est très touchant car il y a une interaction très forte. »

Claude Blo Ricci, connu sous le nom de Blo, est né en 1982 à Lyon en région lyonnaise

Photo de l'artiste Blo © photo Jules Hidrot
Photo de l’artiste Blo © photo Jules Hidrot

Il a commencé à graffer dès son adolescence mais c’est à Berlin, où il a vécu durant treize ans, qu’il a réellement commencé à peindre. D’abord en parallèle de son poste de directeur artistique, qui lui permettait d’être connecté avec la scène artistique berlinoise, ensuite à temps plein en vivant de son art.

Blo, comment est né Module 763 ?

« Je travaillais à l’écriture d’un projet d’une autre sculpture depuis quelques temps et j’ai décidé de solliciter la Fondation, avec laquelle j’entretiens des liens étroits depuis ses débuts, afin de mûrir ensemble ce nouveau projet. C’est ma première sculpture pérenne et l’accompagnement de la Fondation a été très important pour moi. Mon travail était déjà connu dans la région de Rouen puisque j’ai réalisé en 2020 une fresque sous une arche, pour l’édition de « Rouen Impressionnée » curatée par Olivier Landes. Cette création enveloppante et colorée a bénéficié d’un large écho. Ce n’est peut-être donc pas un hasard si la ville de Sotteville-lès-Rouen a répondu favorablement au projet d’une sculpture pérenne. »

D’un point de vue purement artistique, quelle a été votre démarche ?

« Comme je l’ai dit, Module 763 est ma première sculpture pérenne. J’avais mon idée mais les contraintes techniques ont évidemment façonné sa création. La circonférence de la sculpture fait 4 mètres par 3. C’est volontaire de ma part car j’aime travailler sur la surface d’un panneau publicitaire, y compris pour mes peintures. Pour ce projet, j’ai mis à plat le panneau et j’ai créé une œuvre toute en volume grâce à sept facettes assemblées. Chacune a son identité graphique propre, son type de forme et son univers chromatique. C’est lorsqu’elles sont assemblées que le volume se crée car l’espace est ainsi investi avec la planéité des facettes. L’illusion de l’espace est ainsi créée. »

Module 763 s’inscrit donc parfaitement dans votre démarche artistique !

« Le travail de la couleur et de la forme est l’axe principal de mon travail. Et je le fais de la manière la plus libre possible. J’aime travailler la texture et la forme dans un mélange de gestuelle, de théorie et de ressenti de la couleur. Module 763 m’a permis d’exprimer l’environnement artistique qui m’est cher, le surréalisme et l’expressionisme abstrait. Cette création rappelle le collage, le découpage voire le patchwork et se mêlent au graffiti que j’ai pratiqué durant mon adolescence. J’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser cette œuvre ! »

Avez-vous eu des échos de la part du public depuis l’installation de la statue à Sotteville-lès-Rouen ?

« En qualité d’artiste, je souhaite que mon travail puisse stimuler l’imagination. J’avais envie de proposer au spectateur l’expérience de circuler autour de la sculpture. De se mesurer à cet objet. De l’appréhender à travers différents angles, voire de le traverser. Les premières réactions sont très positives et le public semble avoir été touché. Je suis donc très satisfait. Et le serai encore plus si mon travail suscitait des vocations chez les jeunes. Je tiens d’ailleurs à renouveler ici mes remerciements à la ville de Sotteville-lès-Rouen, qui une nouvelle fois, s’est engagée en faveur de la promotion de l’art urbain. »

Pour découvrir encore plus d’articles inspirants, téléchargez l’application Cultur’easy sur Applestore ou Playstore.

Propos recueillis par Celine Chaudagne ,

Produit des 70’, je ne suis pas vieille mais vintage ! Femme de lettres, grande bavarde, curieuse du monde qui m'entoure. J’aime aller à la rencontre des autres et coucher sur le papier leur expérience de vie. Jouer avec les mots est dans mon ADN. La vie n'est certes pas un long fleuve tranquille, mais je vis chaque jour comme le meilleur.

Commenter cet article


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.