L’arrivée de La Fayette en Amérique, le 13 juin 1777, entraîne un changement de paradigme dans la guerre d’Indépendance américaine.

Dans un premier temps, les officiers français, à la manière de La Fayette, arrivent au compte-gouttes en Amérique. Toutefois, les indépendantistes américains reçoivent rapidement le soutien de la France dans la guerre d’Indépendance qui les oppose à l’Angleterre. On fait le point sur le rôle de la France dans ce conflit anglo-américain et sur ses conséquences.

Portrait du marquis de La Fayette par Joseph Desire Court

Les prémices de la guerre d’Indépendance américaine

Depuis la fin de la guerre de Sept Ans (1756-1763), les relations se dégradent fortement entre l’Angleterre et ses treize colonies américaines. La guerre a en effet ruiné la Couronne britannique, d’où sa décision d’augmenter les taxes. Le 16 décembre 1773 a lieu la Boston Tea Party, révolte politique américaine en réponse aux nouvelles taxations britanniques. La réaction de la Couronne ne se fait pas attendre : elle ferme le port de Boston et demande le remboursement de la marchandise détruite. La tension monte de plus en plus entre l’Angleterre et ses colonies. Elle aboutit finalement le 19 avril 1775 à une déclaration de guerre américaine, la guerre d’Indépendance. George Washington (1732-1799) prend la tête d’une armée d’indépendantistes. Le 4 juillet 1776, les treize colonies anglaises votent la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique.

L’appel américain à la France

À la suite des événements de l’été 1776, les indépendantistes américains, en recherche de renfort, se tournent vers la France. L’animosité française envers l’Angleterre est encore forte, après la défaite essuyée pendant la guerre de Sept Ans et sa perte de colonies. Cependant, Louis XVI décide de ne pas répondre à cet appel américain en jouant la carte de la neutralité. Des officiers français soutiennent toutefois la guerre d’Indépendance à titre individuel et quittent de ce fait la France pour se rendre outre-Atlantique. C’est notamment le cas de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, qui débarque aux États-Unis le 13 juin 1777.

Le rôle du marquis de La Fayette

Gilbert du Motier de La Fayette (1757-1834) intègre la cour du Roi en épousant Marie Adrienne Françoise de Noailles en 1774. Cette proximité de la famille royale lui vaut l’interdiction de se rendre aux États-Unis pour soutenir les indépendantistes. En effet, l’implication d’un membre de la cour de France dans le conflit pourrait nuire à la neutralité française. La Fayette ne l’entend néanmoins pas de cette oreille. Il brave donc l’interdit en embarquant sur la Victoire,direction l’Amérique – à seulement 19 ans !

Il s’engage dans l’armée de George Washington et y est d’ailleurs nommé major général. Le 11 septembre 1777, lors de la bataille de Brandywine, La Fayette est blessé. Il profite de sa convalescence pour s’atteler à convaincre la France de prendre position pour les États-Unis.

Le tournant français dans la guerre d’Indépendance américaine

Hermione : Bachelot Pierre J-P, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
Hermione : Bachelot Pierre J-P, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

La défaite anglaise à Saratoga, le 17 octobre 1777, a un retentissement immense en Europe. Elle entraîne le basculement de la France en faveur des États-Unis. Le 6 février 1778 la France et les États-Unis signent un traité d’alliance commerciale et militaire. Ce traité acte la reconnaissance officielle par la France des États-Unis d’Amérique et promet un soutien dans la lutte pour l’indépendance.

En avril 1778, la France envoie ses premiers navires et renforts d’infanterie en Amérique. La bataille d’Ouessant, le 27 juillet 1778, est le premier combat qui oppose la France et l’Angleterre. En 1779, La Fayette obtient une permission pour rentrer en France. Il embarque en mars 1780 en direction de Boston à bord de la frégate Hermione, suivi de près par des renforts français.

La fin de la guerre et l’indépendance des États-Unis

La victoire française du 5 septembre 1781 dans la baie de Chesapeake contre la flotte britannique est déterminante. En effet, elle empêche l’Angleterre de fournir des renforts à ses troupes assiégées à Yorktown par Washington, Rochambeau et La Fayette. Le 19 octobre 1781, l’armée britannique capitule à Yorktown, entraînant la fin des affrontements militaires.

Le 3 septembre 1783, l’Angleterre et les représentants des treize États-Unis signent un traité de paix : le traité de Paris. Ce traité marque véritablement la fin de la guerre d’Indépendance, en reconnaissant officiellement l’indépendance des États-Unis. Après une consultation des treize anciennes colonies anglaises, la Constitution américaine est adoptée le 17 septembre 1787. George Washington devient le premier président des États-Unis entre 1789 à 1797.

Conséquences françaises et américaines de la guerre

L’implication française dans la victoire américaine permet à la France de réaffirmer son statut de grande puissance militaire. Les indépendantistes américains n’auraient probablement pas gagné la guerre sans le soutien français. Cependant, un endettement important en résulte, puisque des sommes astronomiques ont été dépensées pour l’effort de guerre. La crise économique qui s’ensuit est l’un des éléments déclencheur de la Révolution française (1789-1799) et du renversement de l’Ancien Régime.

Du côté des États-Unis, la création d’une nouvelle nation ex nihilo, sans culture, histoire ou passé communs, est également complexe. Certains se tournent vers le modèle anglais, dont ils se sentent malgré tous les héritiers : c’est le parti fédéraliste. Les autres privilégient plutôt le modèle français, pays qui a aidé à gagner l’indépendance : c’est le parti républicain.

Quel héritage aujourd’hui ?

Le drapeau des indépendantistes américains, composé de treize bandes horizontales et treize étoiles, est à la base du drapeau américain actuel. Le nombre treize renvoie au treize États qui ont fondé les États-Unis. Aujourd’hui, le drapeau américain comporte toujours treize bandes horizontales, mais cinquante étoiles : les États-Unis sont aujourd’hui au nombre de cinquante.

L’implication de La Fayette dans la guerre d’Indépendance américaine lui vaut une postérité importante. Aux États-Unis, il donne son nom à de nombreuses rues, écoles, parcs, et même à certaines villes. En 1917, les États-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne aux côtés de la France. À cette occasion, le colonel américain Stanton prononce ces mots : « La Fayette, nous voilà ! ». L’apostrophe n’est pas anodine : les États-Unis se rallient à la France, comme La Fayette s’était rallié aux États-Unis en 1777. Aujourd’hui encore, La Fayette est volontiers considéré comme une incarnation de la longue amitié entre la France et les États-Unis.

Et si vous êtes friands de visites culturelles, sachez que l’Association Hermione-La Fayette a reconstruit à l’identique la frégate Hermione ! Elle a effectué son voyage inaugural à Boston en 2015, et s’arrête aujourd’hui dans de nombreux ports.

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Article concocté par Noémie Wavrer ,

Diplômée d’histoire de l’art, je m’intéresse plus généralement à tout ce qui touche à la culture de près ou de loin. Grâce à ma formation universitaire, je suis très sensible à l’accessibilité de la culture. Quoi de mieux pour cela que d’écrire pour Cultur’easy? Et sinon, mes trois grandes passions dans la vie : les voyages, la gastronomie et l’Antiquité romaine (un drôle de mélange, je vous le concède) !

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