Saladin est une figure historique emblématique de la culture musulmane et arabe. Le 22 mai 1176, il manque de se faire assassiner par les « Hashashins ».

À la fois combatif et tenace, Saladin a marqué un tournant dans l’histoire du Moyen-Orient. Son ambition ? Réussir à unifier le monde musulman. Il est notamment célèbre pour avoir résisté contre les croisés européens lors des Croisades et pour avoir repris la ville de Jérusalem. Sa renommée traverse les siècles et les continents. Il est souvent considéré comme un héros mythique de l’Orient. Retour sur ce personnage iconique du monde arabe.

Statue de Saladin à Damas
Statue de Saladin à Damas

Saladin, une icône de la culture arabe et musulmane

De son vrai nom Salah ad-Din Yusuf al-Ayyubi, Saladin est un kurde musulman sunnite. Il est le premier sultan de Syrie et d’Égypte. Fondateur de la dynastie ayyoubide, qui a régné sur une grande partie du monde arabe et musulman pendant plusieurs siècles.

Il est entré dans la légende aussi bien en Occident qu’en Orient, après avoir restauré le pouvoir musulman au Proche-Orient et récupéré Jérusalem. Saladin est considéré comme un véritable héros, le réunificateur des Arabes et le conquérant de Jérusalem. Il incarne la libération et la résistance face à l’occupation occidentale. C’est un modèle de souverain qui a su redonner dignité et fierté aux Arabes.

Chef militaire très habile, c’est un dirigeant juste et pieux. Admiré pour sa générosité et son honnêteté. On le cite souvent comme un exemple de chevalerie et de noblesse d’esprit dans la culture arabe et musulmane.

Et pour cause, Saladin signifie « la rectitude de la foi ». Pendant son règne, on le nomme également An-Nāsir, qui signifie « celui qui reçoit la victoire de Dieu ».

Les premières armes de Saladin au service des Turcs

Saladin nait à Takrit, en Mésopotamie (l’actuel nord de l’Irak) autour de 1138. Dans un contexte politique où le Moyen-Orient s’agite. En effet, les Francs sont présents dans toute la région et la civilisation musulmane traverse une période de transition avec un vide politique, qui servira plus tard à Saladin. Il n’est ni arabe, ni turc : il est kurde. Ses origines le dispensent, à l’époque, des préjugés défavorables et des règlements de compte.

Son père Najm ad-Din Ayyub, est un officier kurde au service des Turcs. Il est alors gouverneur de la ville de Takrit sous le sultan de Perse. Il est aussi le loyal vassal du gouvernement de Mossoul, le Seldjoukide Zanzi, puis de son fils, Nour al-Din.

Saladin se forme au métier d’armes sous la houlette de son père et de son oncle Chirkuh. Lui et sa famille font partie des plus fidèles soutiens du prince turc lorsque celui-ci unifie la Syrie sous son autorité en 1154.

Saladin va en Égypte, au côté de son oncle, à plusieurs reprises entre 1164 et 1169. Ils ont pour mission de défendre le Caire de l’attaque des Francs et de reconquérir la région, sous domination de la dynastie des Fatimides chiites. C’est à cette période que le jeune Saladin prouve son habileté militaire et surtout politique. 

Saladin, vizir et sultan d’Égypte

À la tête d’une armée syrienne puissante, Saladin ressort victorieux des batailles. Le calife fatimide, Al-Adid, lui promet la cession d’un tiers du territoire égyptien en échange du retrait des troupes syriennes. Son vizir, Chawar, n’est pas de son avis. Ce qui lui vaut d’être assassiné par les cavaliers du bouillant kurde et de son oncle. Chirkuh devient alors vizir, mais n’en profitera point, car il meurt rapidement. Saladin lui succède et reçoit à son tour le titre de vizir.

Pendant les deux années qui suivent 1169, il est dans une position sensible : il est à la fois vassal du calife abbasside sunnite de Bagdad et exerce sous l’autorité du calife chiite fatimide. En 1171, il renverse le califat fatimide et rétablit la suzeraineté du califat abbasside au Caire. Il devient le rival de son ancien maître Nour al-Din.

En 1174, celui-ci meurt et Saladin lutte, pendant une dizaine d’années, pour imposer son pouvoir en Syrie et en Haute-Mésopotamie. N’ayant aucune légitimité dynastique, Saladin recherche la reconnaissance du calife de Bagdad pour imposer son autorité. Il vante ses mérites religieux et militaires. Il insiste sur la nécessaire unification musulmane. Ses arguments lui valent le titre de sultan en 1175 par le calife de Bagdad.

Grâce à ses victoires militaires, il obtient la suzeraineté sur l’Égypte, la Syrie, le Yémen et la Nubie. Il est officiellement reconnu comme le « prince des croyants, couronne des émirs, chef des armées, le victorieux, l’honneur de l’empire, le soutien de l’imam, le glaive de l’Islam, le glorificateur de la dynastie ».

La tentative d’assassinat de Saladin du 22 mai 1176

À de nombreuses reprises, Saladin échappe à des tentatives d’assassinat par des membres de l’Ordre des Assassins. Les « Hashashins », comme ils aimaient se faire appeler, sont une secte ismaélienne connue pour conduire des assassinats politiques.

Pendant le siège d’Alep, Saladin survit à une deuxième tentative d’assassinat le 22 mai 1176. Cette nuit-là, un assassin réussit à s’infiltrer dans sa tente pour lui porter un coup meurtrier. Mais ce n’était pas sans compter sur le fait que le sultan dormait avec une cotte de maille. Voyant que ses coups n’avaient pas d’effets, l’assassin vise la carotide de Saladin. Au même moment, un de ses généraux entre dans la tente, interpellé par les bruits inhabituels et tue le criminel. Saladin ne s’en tire qu’avec une blessure à la joue.

Un fervent combattant du Jihad

Après avoir unifié les territoires du Proche-Orient sous son autorité, Saladin continue de mener sa lutte contre les croisés. Il encourage le Jihad (la guerre sainte) en l’orientant contre les Francs. Il concentre ses efforts sur la ville de Jérusalem, troisième ville sainte de l’Islam, occupée par les Francs depuis 1099.

De 1187 à 1193, Saladin mène de nombreuses batailles qu’il remporte, sans pour autant mettre fin à la présence des Francs sur le territoire. Il marquera l’histoire en juillet 1187, grâce à sa victoire écrasante à Hattin, qui lui permet d’accéder à Jérusalem et de s’en emparer quelques mois plus tard. Bienfaisant, il permet aux Francs de quitter la ville, sains et saufs, contre le paiement d’une rançon.

L’année suivante, il remporte un grand nombre de forteresses franques en Syrie du Nord. Saladin est au sommet de sa gloire.

Il est cependant freiné par l’arrivée de la Troisième Croisade. Elle-même conduite par le roi d’Angleterre Richard Coeur de Lion et le roi de France, Philippe Auguste. Leur armée réussit à reprendre la ville d’Acre, ce qui force Saladin à accepter la signature du traité de paix de Jaffa avec Richard Coeur de Lion. Les musulmans conservent la Syrie et la Palestine, avec Jérusalem, et les chrétiens récupèrent le littoral de Jaffa à Tyr.

À sa mort, en mars 1193 à Damas, son empire s’étend de la Libye à l’Arménie et au Yémen.

Et aujourd’hui ?

Dans notre monde contemporain, le légendaire Saladin perdure en tant que grande figure arabe. Citons quelques exemples : des dictateurs se rêvent en Saladin des temps modernes, comme l’Irakien Saddam Hussein ou l’Égyptien Gamal Abdel Nasser. Des statues sont érigées en son nom, comme celle de Damas. Les noms de ses victoires sont repris par des groupes palestiniens. Et bien sûr, Saladin est célébre dans la culture populaire à travers des films, des séries télévisées et des livres.

Son image s’est façonnée au fil du temps, d’abord en Occident, puis en Orient à la fin du XIXe siècle. Il n’est d’ailleurs pas rare de la voir resurgir lorsque le monde arabe est attaqué par les pays occidentaux ou se sent humilié. Le mythe de Saladin a pris de l’ampleur suite à un contexte politique marqué par le nationalisme, l’échec de l’unification arabe, la colonisation européenne, les diverses interventions américaines sur le territoire, l’annexion de Jérusalem. Pour le peuple et les dirigeants, Saladin apparaît toujours comme un modèle à suivre pour résister à l’occupation occidentale.

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Par Margaux Simonnet ,

D’abord attachée de presse et chef de projet événementiel, j’ai pris le virage de la rédaction web après une aventure néo-zélandaise. Ma curiosité intarissable se nourrit dans mes voyages et la culture sous toutes ses formes. Ce qui m’anime ? La découverte et le partage de sujets exaltants.

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