La figure du baron Haussmann est indissociable de l’architecture parisienne. Grâce à lui, la capitale française entre dans le temps moderne des grandes villes.

En 1850, Louis-Napoléon Bonaparte déclare : « Paris est bien le cœur de la France ; mettons tous nos efforts à embellir cette grande cité, à améliorer le sort de ses habitants ».  Au milieu du XIXe siècle, les épidémies, les logements insalubres et le crime rythment la vie du million d’habitants Parisiens. De grands travaux d’urbanisme sont à prévoir. C’est au baron Haussmann, préfet de la Seine, que le nouvel empereur Napoléon III confie cette tâche en 1853. Ainsi débutent 17 années de transformation et de renouveau architectural, aujourd’hui mondialement connu (et copié).

Haussmann, l’homme de la situation

Georges Eugène Haussmann naît en 1809 à Paris, d’un père ancien intendant militaire de Napoléon I. Après un cursus de droit, en parallèle d’études au Conservatoire de musique de Paris, il devient haut-fonctionnaire. Haussmann enchaîne les postes administratifs : sous-préfet de Nérac, sous-préfet de Saint-Girons en Ariège, sous-préfet de Blaye en Gironde. De plus par la suite, il devient préfet du Var, préfet de l’Yonne et enfin préfet de la Gironde. Il souhaite alors faire de Bordeaux la deuxième capitale française. Énergique, autoritaire et audacieux, il se fait remarquer par l’entourage de Napoléon III, notamment par Victor de Persigny ministre de l’Intérieur. Les nombreux projets qu’il entame lui valent la visite de l’empereur en 1852. Napoléon III le fait alors venir à Paris pour lui présenter son plan hors du commun pour la capitale.

Portrait du Baron Haussmann
Portrait du Baron Haussmann

Napoléon / Haussmann : le binôme du Paris moderne

Lors de son exil à Londres entre 1846 et 1848, Louis-Napoléon Bonaparte découvre une capitale britannique moderne. En rentrant à Paris, il s’en inspire pour faire de Paris « le chef-lieu de toute l’Europe ». Assainir, agrandir, embellir. Tels sont les objectifs de Napoléon III. Il imagine de larges trottoirs, des grandes rues, un réseau d’égouts. 

Expliquant ce plan au baron Haussmann, c’est un véritable binôme qui se met en place. Napoléon III a l’imagination quand Haussmann a le sens de l’organisation. L’Empereur préfère l’utilité alors que le baron a un véritable sens de l’esthétique. L’Histoire ne retiendra que le nom d’Haussmann pour ces grands travaux. Cependant, c’est bel et bien ce binôme qui permet à Paris de se moderniser. 

Napoléon III remettant au baron Haussmann le décret d’annexion à Paris des communes suburbaines par Adolphe Yvon, 1860
Napoléon III remettant au baron Haussmann le décret d’annexion à Paris des communes suburbaines par Adolphe Yvon, 1860

Un plan d’urbanisme exceptionnel

Au début du XIXe siècle, Paris est une ville bruyante, poussiéreuse, dangereuse. Le centre est insalubre, fait de rues étroites et sombres. Les travaux entamés sont plus que nécessaires, mais ils demandent 1,4 milliard de francs, soit environ 14 milliards d’euros actuels. Haussmann emprunte donc auprès du Crédit mobilier, banque créée en 1852 par les frères Pereire. 

Le plan d’urbanisme est gigantesque, avec des gares, des espaces verts (Buttes-Chaumont, Bois de Vincennes…). Des réseaux d’égouts dans toutes les rues sont imaginés par l’ingénieur Eugène Belgrand, des réseaux d’eau courante pour le centre-ville… 20 000 immeubles sont détruits et 30 000 sont construits. La ville passe de 12 à 20 arrondissements.

64 kilomètres de percée s’organisent. À partir d’un axe Nord-Sud entre le boulevard Sébastopol et le boulevard Saint-Michel d’un axe Est-Ouest par la rue de Rivoli. Il ne suffit pas de tracer des percées sans direction. Haussmann se sert des monuments principaux (Le Louvre, le Palais-Royal, l’Opéra) comme signalétique.

Percement de l’avenue de l’Opéra par Charles Marville
Percement de l’avenue de l’Opéra par Charles Marville

Les Champs-Elysées

Avant les travaux, l’avenue des Champs-Elysées n’était dans le paysage parisien qu’un axe entre le Palais des Tuileries et le château de Versailles. Le baron Haussmann confie le réaménagement de la Place de l’Etoile, appelé Promenoir de Chaillot jusqu’en 1863, à l’architecte Jacques Hittorf. Celui-ci avait déjà réaménagé les jardins des Champs-Elysées. Hittorff dessine douze percées, principe urbain si cher au baron, pour remplacer les quatre anciennes avenues. De nombreux hôtels particuliers se construisent très vite de chaque côté des percées.

Les Champs-Elysées deviennent sous le Second Empire le lieu à la mode, où il faut se montrer. Tout est prétexte à y organiser de grandes célébrations somptueuses.

Avenue des Champs-Élysées vue du haut de l'Arc de Triomphe par Félix Benoist, vers 1850
Avenue des Champs-Élysées vue du haut de l’Arc de Triomphe par Félix Benoist, vers 1850

L’immeuble haussmannien

Avec les grands travaux, Haussmann codifie et généralise la construction des immeubles. Les immeubles haussmanniens forment ce qu’on appelle une « rue mur », de par l’alignement de toutes les façades. La hauteur de l’immeuble dépend de la largeur de la rue. Plus la rue est étroite, moins l’immeuble sera haut ; plus la rue est large, plus l’immeuble sera haut. 

L’organisation est toujours identique : le rez-de-chaussée et le premier étage sont réservés aux commerces et aux concierges. Le 2e étage, appelé « l’étage noble » comporte de grands appartements avec balcon pour l’aristocratie et la grande bourgeoisie. Au 5e étage, un balcon s’élance tout le long de la façade. Dans les combles, de minuscules chambres accueillent les employés de maison.

Ces immeubles voient l’arrivée du gaz et de l’eau courante. Ces équipements, additionnés au décret de ravalement obligatoire des façades, provoquent une augmentation de près de 300 % des loyers.

Grand Hotel sur la Place de l’Opera par John W. Illif & Co, 1892
Grand Hotel sur la Place de l’Opera par John W. Illif & Co, 1892

Les dessous des travaux d’Haussmann

Les travaux entrepris par Napoléon III et Haussmann à Paris étaient nécessaires, mais ils n’ont pas toujours été bien perçus. 

Principalement, parce que la destruction du centre de la capitale a entraîné l’expropriation des classes moyennes et des ouvriers. Puis l’exode de ces populations de travailleurs vers les nouveaux arrondissements et les communes de banlieue. Éclatement désiré ou non par le pouvoir en place, il a permis de prévenir d’éventuels soulèvements populaires en 1830 et en 1848.

De nombreux monuments historiques, de l’époque médiévale et moderne, ont également disparu pour permettre le tracé des grandes percées haussmanniennes. 

Enfin, les travaux ont coûté le double de ce qui était prévu. Les Parisiens ont remboursé les emprunts de la ville pour ce grand plan d’urbanisme jusqu’en 1914.

M. Haussmann et Mlle. Lutèce, couverture de « Paris-Comique », 1870
M. Haussmann et Mlle. Lutèce, couverture de « Paris-Comique », 1870

Les travaux entrepris par Napoléon III et Haussmann relevaient d’une volonté politique de montrer que la France était un pays prospère. Aujourd’hui, c’est ce Paris façonné par le baron que viennent voir les 17 millions de visiteurs chaque année.

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Article concocté par Alexandra Monet ,

Passionnée d’Histoire et de patrimoine, j’ai eu la chance de commencer ma carrière entre les colonnes de Notre-Dame de Paris, et de la poursuivre sur les pas de Madame de Maintenon et de Simone Veil. Je n’en oublie pas la musique, pratiquant guitare et piano, chantant cantiques et airs d'opéra, à qui veut bien m’écouter.

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