Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès est assassiné dans le café du croissant à Paris. Retour sur un événement qui a lieu quelques jours avant l’entrée en guerre de la France dans la Première Guerre Mondiale.

Alors que gronde la menace d’une guerre dans laquelle l’Europe et une partie de la planète pourraient s’engager, des hommes tentent de sauver la paix. Parmi eux, peut-être le plus respecté des tribuns socialistes : Jean Jaurès, dont le destin va basculer un soir de juillet 1914…

Un tir fatal

31 juillet 1914, 21h40. Jean Jaurès est en train de dîner avec plusieurs collaborateurs du journal l’Humanité qu’il dirige. La salle du bistrot du café du croissant est noire de monde en cette soirée étouffante de fin juillet. Alors qu’il est dos à la fenêtre, un homme s’arrête et lui tire dessus deux fois. Une des balles termine dans son crâne, le tuant sur le coup. L’assassin se nomme Raoul Vilain. Jeune étudiant catholique, il est proche des mouvements d’extrême-droite qui appellent à la guerre contre l’Allemagne. Le socialiste Jaurès, favorable à la paix, est pour lui un ennemi de la nation.

La guerre débute trois jours après l’assassinat. Le procès de Vilain est repoussé à mars 1919. Il sera non seulement acquitté mais la veuve de Jaurès sera condamnée à payer les frais du procès. La raison ? Si Jaurès n’était pas mort, il n’y aurait peut-être pas eu de guerre et donc pas de victoire à célébrer ! Avec la mort de Jean Jaurès, ce sont les derniers espoirs de paix qui disparaissent avec lui…

Assassinat de Jean Jaurès. Une du quotidien Le Matin / DP Wikimedia Commons
Assassinat de Jean Jaurès. Une du quotidien Le Matin / DP Wikimedia Commons

« Mon père était tellement de gauche, qu’on habitait rue Jean Jaurès »

Cette phrase tirée d’une chanson du groupe Fatals Picards pourrait résumer à elle seule la carrière politique de Jean Jaurès. Une carrière qui débute pourtant loin des bancs de l’Assemblée nationale. Lui qui devait être professeur. Après son agrégation de philosophie à l’Ecole normale supérieure, il enseigne du côté de Toulouse. Profondément républicain et adepte des lois laïques de Jules Ferry, il devient, un peu malgré lui, député du Tarn lors des élections législatives de 1885.

C’est le début d’une carrière politique qu’il va passer à gauche. Socialiste convaincu, il prend la défense du capitaine Dreyfus avant de rédiger une Histoire socialiste. En 1904, il fonde le quotidien l’Humanité, qui devient l’un des organes de la S.F.I.O (Section française de l’Internationale ouvrière). Défenseur du mouvement ouvrier, il est certain que la lutte des classes va permettre de construire un avenir meilleur. Populaire et respecté, il est également sûr que c’est au niveau international que doit s’organiser l’unité socialiste.

Portrait de Jean Jaurès / DP Wikimedia Commons
Portrait de Jean Jaurès / DP Wikimedia Commons

Jaurès, le défenseur de la paix

Depuis le début du XXe siècle, les socialistes européens s’inquiètent de la conduite à tenir en cas de guerre. Ils considèrent tous le capitalisme comme la cause qui risque d’entraîner les pays dans la guerre. Jaurès dira « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Patriote, il veut réorganiser l’armée. Il préfère au service militaire un service de milice qui, selon lui, saura défendre le pays. Ce système de milice interdit toute action offensive.

Les années 1913 et 1914 sont marquées par un accroissement des tensions internationales. Jaurès sillonne le pays et plaide pour la paix, lui le tribun à l’éloquence maîtrisée. Le 25 mai 1913, il prononce un discours devant 150 000 personnes au Pré-Saint-Gervais en Seine-Saint-Denis. A la loi sur le service militaire de trois ans, il oppose son projet de milice. Il appelle à la grève générale en cas de conflit et déclare « La guerre à la guerre ».

Jean Jaurès lors de la manifestation au Pré-Saint-Gervais / DP Wikimedia Commons
Jean Jaurès lors de la manifestation au Pré-Saint-Gervais / DP Wikimedia Commons

Le lendemain de la mort de Jaurès, la mobilisation générale est décrétée et les espoirs de paix de l’Internationale ouvrière s’effondrent. L’Union sacrée pour la défense nationale prend le pas et les socialistes font bloc autour du gouvernement pour partir en guerre.

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Par Pierre-Luc Fourny ,

Originaire d’une petite bourgade de Loire-Atlantique, je suis diplômé d’un master en valorisation du patrimoine culturel. Amoureux de football et d’Histoire (qui a dit que les deux ne vont pas ensemble ?), j’aime transmettre cette passion aux personnes qui m’entourent. Travaillant aujourd’hui dans la médiation culturelle, je suis prêt à vous faire voyager à travers le temps !

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