La bataille de Marignan est surtout connue pour sa date facile à retenir. Il s’agit cependant d’un jalon crucial de l’histoire franco-italienne. Elle est remportée par François Ier, tout juste couronné roi de France. Allié à Venise, ces deux jours de bataille lui permettent de dominer la région de Milan. Marignan fait partie des victoires françaises décisives des guerres d’Italie. Cet épisode aura par la suite des conséquences politiques considérables dans le Sud de l’Europe.

Les 13 et 14 septembre 1515 voient s’affronter les armées franco-vénitiennes et milano-suisses à Marignan, au Sud-Est de Milan. L’enjeu, pour François Ier, est de s’approprier le convoité duché de Milan. Le roi de France est fasciné par l’Italie, pays riche et à l’origine de grandes innovations artistiques. Alors âgé de seulement 21 ans, il s’assure une sécurité en signant des traités de pays avec Venise, l’Angleterre et la future Espagne. Ce combat l’opposant au duc Maximilien Sforza fait 16 000 morts en deux jours et marque la première victoire du jeune souverain.

Peinture de 1550 représentant la bataille avec les armoiries des forces en présence, Picryl
Peinture de 1550 représentant la bataille avec les armoiries des forces en présence, Picryl

Les guerres d’Italie, une histoire de famille

Au début de l’époque moderne, les rois de France cherchent à revendiquer leurs droits sur certains territoires italiens. Ils fondent leur légitimité sur l’appartenance du royaume de Naples à la maison d’Anjou jusqu’en 1442, lorsque l’Aragon (actuelle Catalogne) s’en empara. Le royaume de France tente tout au long du siècle suivant de s’emparer de régions de la péninsule, notamment le royaume de Naples et le duché de Milan.

Ces guerres ont des conséquences techniques et artistiques très importantes pour la France. La tactique militaire est renouvelée. Par exemple, les cavaliers sont relégués au second rang au profit des fantassins, qui se déplacent à pied. Les armées françaises n’hésitent plus à faire appel à des mercenaires piquiers et hallebardiers de Suisse et d’Espagne. Enfin, les armes à feu telles que l’arquebuse et les canons gagnent en importance.

Du point de vue artistique, les guerres d’Italie permettent à la France de s’imprégner de l’art du pays. Communément appelé l’art de la Renaissance, il propose des innovations plastiques majeures comme l’usage de la perspective en peinture comme en sculpture. C’est à la suite de ces conflits que ces nouveautés essaiment en France. Le cas le plus probant est l’arrivée de Léonard de Vinci au service de François Ier , arrivé avec sa célèbre Joconde.

François Ier initie la cinquième guerre d’Italie

Peinture de Noël Bellemare représentant François Ier chargeant sur les Suisses, Picryl
Peinture de Noël Bellemare représentant François Ier chargeant sur les Suisses, Picryl

François Ier accède au trône en janvier 1515. Il s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur Louis XII en poursuivant ses ambitions militaires. Pour conquérir Milan, le roi emprunte dans un premier temps la voie diplomatique. Les négociations échouent : il construit alors une armée de 50 000 hommes. Des militaires originaires des pays germaniques et du Sud de la péninsule Ibérique y sont également présents.

Vers avril 1515, l’armée de François Ier franchit les Alpes. Les Suisses cherchent à ralentir son chemin et l’attendent d’abord dans les cols du Piémont. Les Français parviennent à déjouer le piège en passant par une route secondaire. Pour la première fois, les chemins empruntés sont élargis par l’usage d’explosifs. Ce passage rapide de l’armée effraya une partie de l’armée suisse, qui proposa… de prendre les armes pour la France !

Face à cette division au sein de l’armée suisse, François Ier commença à se diriger vers Marignan. Le jeudi 13 septembre 1515, le cardinal italien Schiner lance les hostilités. Il provoque la France en envoyant en premier combat la garde du duc de Milan et des cavaliers pontificaux sur la cavalerie de son adversaire. La bataille de Marignan vient de commencer.

Une bataille âpre pour une victoire éclatante

Vue actuelle du champ de bataille, Wikimedia Commons
Vue actuelle du champ de bataille, Wikimedia Commons

L’armée française subit dans un premier temps le terrain très marécageux. L’avant-garde est mise à mal mais l’artillerie compense par son efficacité. La première partie de la bataille dure plus de six heures d’affilée. Les trompettes sonnent la fin de la lutte et ne s’arrête que peu avant minuit. En effet, l’obscurité totale ne permettait plus de distinguer les ennemis des alliés. Une anecdote, à la véracité douteuse, raconte que François Ier a dormi contre le canon d’un bataillon suisse…

Les combats reprennent dès l’aube. L’artillerie cause des dommages aux Suisses et aux Italiens mais l’armée française pâtit de l’endurance ennemie. Ce n’est qu’à huit heures que la situation se retourne : les Vénitiens arrivent ! Avec leurs 3 000 hommes frais, ils réduisent à néant une majorité de Suisses. Trois heures plus tard seulement, les Suisses se retirent à Milan. Au total, près de 10 000 Suisses et Italiens sont morts sur le champ de bataille. Cela représente près de la moitié de leurs forces en présence. En face, les armées française et vénitienne ont subi entre 5 000 et 8 000 pertes.

Deux jours de bataille, mais des conséquences durables

Cette victoire décisive permet à François Ier de contrôler la Lombardie pendant une décennie. Il ne la cède qu’en 1525, lorsqu’il est fait prisonnier par Charles Quint à Pavie. Suite à la bataille de Marignan, le pape Léon X reconnaît par traité la souveraineté française sur le duché de Milan. Le roi de France signe un engagement de paix avec les Suisses en échange de compensations financières. Parallèlement, il récupère certains de leurs mercenaires.

Marignan entraîna également un renouvellement des relations entre la royauté française et la papauté. Quelques mois après la bataille, le concordat de Bologne est signé. Il s’agit d’un document attestant la désignation des évêques et archevêques par le roi, qui doivent être ensuite confirmés par le Vatican, et non plus l’inverse. Un an plus tard, en août 1516, c’est Charles de Habsbourg, jeune roi d’Espagne, qui reconnaît l’autorité française sur Milan. En échange, François Ier renonce à la conquête du royaume de Naples.

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Article concocté par Sarah Gouin-Béduneau ,

Sarah est historienne de l’art et s’est spécialisée dans la gestion du patrimoine culturel. Elle aime toutes les formes de création visuelle, s’intéresse énormément à la musique et au patrimoine industriel et travaille actuellement dans la conservation et la documentation des biens mobiliers.

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