Au cours de l’opération Citadelle, Allemands et Russes s’affrontèrent férocement pour la domination du Front de l’Est. La bataille de Prokhorovka, le 12 juillet 1943, resta célèbre comme la plus grande bataille de chars de l’Histoire… du point de vue soviétique. Alors, réalité ou propagande ?

Le 12 juillet 1943, les troupes du IIIe Reich rencontrent celles de l’Armée rouge à Prokhorovka, près de Koursk. Des centaines de blindés s’affrontent, faisant de la bataille de Prokhorovka la plus grande bataille de chars de tous les temps. Du moins, c’est ce que dit la légende… Car des recherches historiques récentes tendent plutôt à nuancer cette histoire. Les Allemands, ont-ils vraiment été défaits par les Soviétiques ? S’agit -il bien de la plus grande bataille de chars blindés de l’Histoire ? Rendez-vous sur l’un des plus mythiques champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale…

Prokhorovka, 12 juillet 1943 : le déroulé de la bataille

Depuis une semaine, les Allemands mènent l’opération Citadelle sur le territoire soviétique. L’objectif avoué est de raccourcir la ligne de front, qui s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres. Pour la Wehrmacht, il s’agit surtout de stopper son repli en s’emparant du Front de l’Est. Toutefois, les Soviétiques ont anticipé les actions allemandes et leur ligne de défense se tient prête. Le maréchal Joukov a également convaincu Staline de lancer une contre-offensive, dès que les Allemands auront usé leurs réserves.

Ces derniers sont stoppés au nord de Koursk, mais réalisent une percée au sud. Les divisions de la Wehrmacht et des Waffen-SS se rapprochent de Prokhorovka, où se tiennent les troupes de réserve de l’Armée rouge. Le 12 juillet, le IIe SS Panzerkorps et la 5e armée blindée de la Garde engagent le combat. Les affrontements, aériens puis terrestres, sont particulièrement violents. Du côté allemand, on parle de plus de 400 chars, dont des Tiger et des Panther. Les troupes russes, elles, auraient comptabilisé entre 800 et 850 blindés, parmi lesquels des T-34 et des T-70. Toutefois, ces chiffres sont à considérer avec précaution. Encore aujourd’hui, les effectifs réels sont incertains, les sources historiques étant incomplètes. Il est donc impossible d’affirmer avec certitude que la plus grande bataille de chars eut lieu à Prokhorovka. Il se pourrait en effet qu’il s’agisse plutôt de la bataille de Brody, en 1941, où 1 600 blindés s’affrontèrent.

Au final, aucun des deux camps n’atteint son objectif. L’épuisement et le manque de ressources ont raison des Allemands, qui, d’un point de vue strictement tactique, auraient remporter la victoire. Quant à l’Armée rouge, elle subit de lourdes pertes, mais parvient à maintenir sa défense. En revanche, sa contre-offensive est un désastre. Au total, plus de 6 000 soldats sont tués, tous camps confondus, dans le fracas du métal et des obus.

Deux chars se croisent sur le champ de bataille de Prokhorovka / Wikimedia Commons
Deux chars se croisent sur le champ de bataille de Prokhorovka / Wikimedia Commons

De Barbarossa à Citadelle : comprendre la guerre sur le Front de l’Est

Le 23 août 1939, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique signent un Pacte de non-agression. Les deux gouvernements prévoient aussi de se partager les territoires de plusieurs pays européens, dont la Pologne. L’invasion de cette dernière, en septembre 1939, marque le début de la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, en 1941, Hitler rompt le pacte avec l’URSS et planifie une attaque sur le territoire soviétique. Ce revirement tient autant à des raisons idéologiques que politiques et économiques. L’opération Barbarossa est lancée le 22 juin par trois millions de soldats allemands. L’objectif est d’établir une ligne de défense le long de la Volga et de détruire l’Armée rouge avant l’hiver, mais celle-ci tient bon. C’est le début du Front de l’Est, le plus important et le plus féroce théâtre d’opérations de la Seconde Guerre mondiale.

Après l’échec de la bataille de Stalingrad, la Wehrmacht n’est plus en mesure de conquérir le territoire soviétique. En revanche, ses divisions blindées peuvent toujours causer des dégâts. En avril 1943, les efforts allemands se portent alors sur le saillant de Koursk, afin de détruire l’armée russe. Cependant, l’attaque est repoussée plusieurs fois, Hitler souhaitant que davantage de chars Tiger soient envoyés au front pour assurer l’avantage technique. Les commandants soviétiques apprirent les intentions du Führer et firent renforcer les lignes de défense. Canons antichar, mines, tranchées et mortiers furent déployés tandis que l’état-major allemand déclenchait l’opération Citadelle, le 5 juillet 1943.

Les troupes soviétiques avancent à Prokhorovka / Wikimedia Commons
Les troupes soviétiques avancent à Prokhorovka / Wikimedia Commons

Déclin allemand et puissance russe

Les affrontements à Prokhorovka et à Koursk marquent, avec la bataille de Stalingrad, une étape importante pour la suite du conflit. Dès le lendemain de la bataille, Hitler convoqua deux de ses généraux pour leur annoncer qu’il abandonnait l’opération Citadelle. À la place, les blindés de la IIe SS PanzerKorps devaient rejoindre l’Italie. Les Allemands cessent ensuite toute mission offensive sur le Front de l’Est. Ils doivent opter pour un recul stratégique face à l’armée soviétique, qui n’en finit pas d’avancer. Ils doivent aussi faire face aux initiatives alliées, comme le débarquement en Normandie. En avril 1945, Berlin tombe aux mains des Alliés, et l’Allemagne nazie capitule sans condition.

Si l’état-major allemand ne s’étendit pas sur ce qui s’était passé à Prokhorovka, il en va autrement des Soviétiques. D’après l’historien Bill Purdue, le lieutenant-général Rotmistrov, commandant de la 5e Armée, dut justifier les lourdes pertes occasionnées auprès de Staline. Pour cela, il enjoliva le nombre de chars allemands détruits et, donc, le prestige de l’Armée rouge. La bataille devint l’un des fers de lance de la propagande soviétique !

Pour réellement comprendre ce qu’a été la bataille de Prohkorova, il faut donc pouvoir démêler le vrai du faux

Plusieurs historiens, dont l’allemand Roman Töppel, se sont attelés à cette tâche immense. Leurs recherches ont donné un nouvel éclairage aux événements, qui alimentent passion et débats depuis presque 80 ans. Reste le souvenir d’un immense champ de bataille, commémoré par une cathédrale et un mémorial depuis 1995.

Une sculpture commémorant la bataille de Prokhorovka, à côté de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul / Wikimedia Commons
Une sculpture commémorant la bataille de Prokhorovka, à côté de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul / Wikimedia Commons

La bataille de Prokhrovka est connue pour être la plus grande bataille de chars de l’Histoire et une victoire écrasante de l’URSS sur l’Allemagne nazie. Si les recherches récentes tendent à nuancer cette image d’Épinal, reste un affrontement impressionnant entre des milliers de blindés.

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Par  Gwennaelle Massart,

Passionnée de littérature, d’art et d’Histoire, j’ai grandi au milieu des livres avant d’entamer des études de Lettres. Depuis, je suis devenue rédactrice web SEO freelance pour vivre mes propres aventures. Dans mes articles, je voyage à travers l’espace et le temps pour partager avec vous mes découvertes culturelles. On y va ?

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