La chasse, nécessité ou aberration ? Le débat fait rage ces dernières années, notamment depuis la survenue de fâcheux accidents en territoires forestiers. Pour autant, faut-il ou non condamner cette pratique ?

Connaissez-vous les bienfaits de la chasse ?

La chasse a aujourd’hui mauvaise presse auprès de la majorité de la population française. Il existe cependant des arguments en sa faveur qui en surprendraient plus d’un.

Respect du bien-être animal

Un premier argument étonnant en faveur de la chasse, c’est le respect de l’animal. D’aucuns bondiraient en entendant une telle affirmation. N’est-ce pas une boutade que d’avancer qu’ôter la vie d’un animal, c’est lui témoigner du respect ? En définitive, tout n’est pas si simple.

De nos jours, la plupart des animaux que nous mangeons sont élevés dans des conditions que l’on peut sans exagération qualifier d’abominables. Entassés dans des enclos ou des cages malpropres et exigus. Ils sont abattus à un âge très jeune pour arriver sur les étals de supermarchés. Les cochons connaissent une existence limitée à 6 mois, les poulets ne vivent pas plus de 35 jours dans l’industrie.

Dans les filières bio et particulièrement chez les petits producteurs, il est indéniable que les animaux de ferme jouissent d’une vie autrement meilleure. Et généralement plus longue. On peut toutefois déplorer que le principe reste le même. Ces êtres doués de sensibilité connaîtront inexorablement le même funeste destin à l’abattoir.

En ayant recours à la chasse, on laisse tout animal mener une vie libre dans son milieu naturel. Et l’âge auquel sa vie prendra fin sera bien plus variable. Cette méthode représente d’autant moins une fatalité que seul un nombre restreint de membres au sein d’une espèce donnée (cerf, sanglier…) sera la proie des chasseurs. Dans le monde de l’élevage, à l’inverse, la totalité du bétail est amenée tôt ou tard à finir dans nos assiettes.

Tradition, goût et convivialité

Chasse en cours
Chasse en cours

Il y quelques siècles en arrière, tout roi de France digne de ce nom se devait de participer à la chasse chaque jour de son règne. C’était notamment le cas de Louis XIV. La chasse, qui autrefois faisait partie intégrante des traditions, est aujourd’hui décriée, et les chasseurs souffrent d’une réputation entachée. Certains d’entre eux accusent le sketch des Inconnus paru dans les années 90 de les avoir présentés comme des alcooliques décérébrés.

La FNC (Fédération Nationale de la Chasse) a lancé une campagne en août 2020 visant à redorer l’image des chasseurs à travers le numérique. Sur son site web, elle présente des vidéos mettant en scène des femmes, des jeunes et des personnes issues de classes sociales aisées et supérieures. Le but de la FNC est de montrer que la chasse peut séduire divers pans de la population. Et de rappeler qu’il s’agit d’une activité qui favorise la cohésion de groupe et le divertissement.

De plus, partager un plat de chevreuil le soir venu est un moment de convivialité par excellence. En Corse, il serait impensable de priver la population de la chasse au cochon sauvage dans le maquis suivie d’un dîner à base de porcelet soigneusement assaisonné.

Pourquoi la chasse est-elle nécessaire : la régulation des espèces

Les sangliers font partie des animaux les plus chassés. En France, leur population ne cesse d’augmenter et comme tous les ongulés, ils n’ont pas de prédateur naturel. C’est là que peut intervenir la chasse avec pour rôle d’empêcher cette espèce de proliférer. C’est d’autant plus utile que ces suidés sont particulièrement invasifs et raffolent de nos récoltes.

Existe-t-il une alternative à la chasse dans un cas comme celui-ci ? Pas vraiment.

Les arguments contre la chasse restent néanmoins importants

Chasseur
Chasseur

Pour autant, faut-il perpétuer cette tradition ? Du reste, la chasse s’est modernisée. Le temps où elle consistait systématiquement en la traque du gibier en forêt est révolu. On peut, notamment pour cette raison, la remettre en cause.

Chasse et élevage intensif, du pareil au même ?

Si la chasse traditionnelle peut être considérée comme préférable d’un point de vue éthique vis-à-vis des animaux, on peut néanmoins regretter qu’aujourd’hui, il en aille différemment. Le repérage et la traque d’un cervidé dans la nature font place à des élevages de gibiers analogues aux élevages intensifs fermiers.

En outre, les conditions de vie des chiens de chasse ne sont guère plus enviables. Parqués dans des cages dans lesquels ils tournent en rond, privés d’activités et d’affection, ils développent des stéréotypies (troubles du comportement) et des dépressions intenses. On les prive également de nourriture avant le jour J afin d’exacerber leur agressivité. Par ailleurs, ils sont abattus dès lors qu’ils présentent une blessure grave ou que leurs performances diminuent.

Les accidents liés à la chasse

Depuis le XXe siècle, le territoire de l’espèce humaine n’a cessé de s’étendre. Nos infrastructures sont omniprésentes, difficile de parcourir plus de 10 kilomètres dans les pays Occidentaux sans tomber sur une route ou un poteau électrique. À mesure que nos aires d’habitation ou d’installations diverses s’étendent, les zones habitables par la faune sauvage reculent… et humains et animaux se croisent sur les terrains de chasse !

En conséquence, on ne compte plus les scandales liés aux balles de chasseurs qui ont provoqué la mort de joggers ou de promeneurs dans les campagnes. Une fois de plus, la modernisation de notre monde rend la chasse et la vie humaine difficilement compatibles.

Les prédateurs : une meilleure alternative pour réguler les espèces ?

Si certains militants écologistes défendent la chasse avec pour argument le maintien ou le rééquilibrage de la biodiversité, d’autres, au contraire, la condamnent. En effet, outre les accidents que peuvent causer cette activité, ils déplorent son inutilité.

Afin d’assurer le maintien de la biodiversité, quoi de mieux que la présence de prédateurs naturels dans nos campagnes ? La réintroduction du loup dans les forêts de Yellowstone aux États-Unis a fait des merveilles dans les années 90.

En outre, s’il est vrai que les sangliers représentent une menace réelle pour les récoltes du fait de leur absence de prédateur naturel, il en va différemment pour une écrasante majorité des espèces aujourd’hui chassées. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les oiseaux, comme les canards ou les perdrix. L’augmentation des populations de gallinacés n’a aucunement besoin d’être contenue.

Pour les pro-chasse, un loup ou un ours représenteraient un trop grand danger pour l’humain, plus important encore que les éventuelles balles perdues.

Le débat sur la chasse est encore loin d’être clos. Mais au final, faut-il avoir un avis tranché sur la question ? Peut-être une solution idéale consisterait-elle à encadrer cette pratique avec notamment une importante restriction du nombre des espèces chassables.

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Par  Sandra Novelli ,


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