Auparavant, l’animal était considéré comme un être de seconde zone, que l’on pouvait exploiter comme bon nous semble, y compris à des fins de divertissement. Cependant, au XXIe siècle, le regard de l’homme sur l’animal change, et l’on assiste peu à peu à des évolutions. La maltraitance animale au nom des traditions va-t-elle enfin se perdre ?

La maltraitance animale sous couvert des traditions se manifeste sous différentes formes et dans différents pays. Nous connaissons tous la corrida. Certains d’entre nous avons entendu parler du Grindaràp aux îles Féroé qui consiste à harponner ou à poignarder des dauphins rabattus sur la plage… Venues d’un autre temps, certaines de ces fêtes perdurent encore de nos jours. Tandis que d’autres sont abolies au fil du temps. La science nous montre de plus en plus que l’animal n’est pas aussi « bête » qu’on le considérait au cours des siècles précédents.

Tigre en captivité
Tigre en captivité

La loi du 16 février 2015 stipule désormais que l’animal est une personne, « un être doué de sensibilité ». L’animal domestique n’est plus un bien assimilé à un meuble d’un point de vue légal. Dans le même temps, on assiste à quelques avancées avec l’abrogation de certaines de traditions barbares envers les animaux.

La maltraitance animale, une tradition révolue en Angleterre

Au XIXe siècle, un jeu populaire était couramment pratiqué outre-Manche : le rat pit

Ce qui signifie en anglais « fosse à rats ». On comptait au moins 70 arènes dédiées à ce spectacle à Londres aux alentours de 1835. Ce jeu consistait à lâcher un chien, généralement un terrier, au milieu d’une horde de rats. Il devait alors les chasser et les tuer. Les règles connaissaient plusieurs variantes, mais le but était dans tous les cas de divertir un public qui prenait des paris sur le nombre de victimes que ferait le canidé. Dès cette époque où ce jeu était très en vogue, le Cruelty to Animals Act passa au parlement britannique, qui interdit entre autres cette pratique. Elle resta malgré cela très répandue à travers le pays. Ce n’est qu’en 1912, sous le règne de la reine Victoria, que fermera le dernier rat pit, dont le propriétaire fut d’ailleurs sanctionné.

Récemment, l’Angleterre est devenue pionnière en matière de défense des droits des animaux.

Depuis 2020, la loi Lucy a considérablement alourdi les peines encourues pour tout acte de maltraitance animale. De 6 mois, on est passé à 5 ans de prison ! La vente de chats et de chiens en animalerie est elle aussi à présent prohibée. La loi Lucy tient son nom d’une petite chienne qui vivait dans la cage d’une sinistre usine de reproduction à chiots, et qui a pu être sauvée d’un bien funeste destin.

Chien en cage
Chien en cage

Le footballeur français Kurt Zouma a d’ailleurs bien compris l’ampleur que pouvait susciter la maltraitance animale outre-manche. Suite à la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux où il violente ses chats, le public anglais le siffle désormais à chacun de ses matchs.

De son côté, le Mexique a abandonné la cruelle tradition du Kots kaal pato

Jusqu’en 2016, a perduré dans le village mexicain de Citilcum une tradition d’origine inconnue mais en tout cas cruelle. Connaissez-vous le principe de la piñata ? Il s’agit d’un récipient fait de papier mâché en forme de boîte, de figurine ou tout autre objet rempli de bonbons. Lors d’une fête d’anniversaire par exemple, les enfants doivent casser la piñata à coups de batte pour obtenir ce qu’elle renferme. Dans le cadre du Koots kaal pato, on avait revisité cette pratique festive innocente en un massacre animalier.

On remplaçait alors les bonbons par des animaux vivants ramassés par les enfants du village. Puis les hommes venaient les rouer de coups, le tout sous les cris d’une foule en liesse… Les victimes étaient le plus souvent des opossums et des iguanes. Les animaux qui parvenaient à s’enfuir étaient chassés par les participants ou piétinés par la foule. Et si cela ne suffisait pas, le spectacle se ponctuait par la mise à mort d’oies et canards par décapitation à mains nues (« pato » signifie canard en espagnol). Une tradition qu’il était temps de bannir !

L’Espagne peine à se passer de ses traditions impliquant la mise à mort d’animaux, mais...

L’Espagne est réputée pour sa fameuse corrida

La corrida
La corrida

Tradition également pratiquée dans certaines régions du Sud de la France et aujourd’hui décriée. Mais les pratiques condamnables envers les animaux lors de fêtes ne s’arrêtent pas là. Malheureusement, la maltraitance animale au nom des traditions est encore courante dans la péninsule ibérique. Chaque année, a toujours lieu le Toro de la vega ou « taureau de la plaine » . Cela consiste à pourchasser un taureau en plaine et à le mettre à mort par tous les moyens possibles : lances, couteaux… Sinon, il y a toujours le A rapa das bestas en Galice, à l‘occasion duquel on enferme des chevaux sauvages dans un enclos avant de les mettre à terre et de leur couper le crin sans ménagement. Les blessures occasionnées sont nombreuses, d’autant que les torsions de cous et tirages de queues notamment sont utilisés. La liste des fêtes de ce types est malheureusement encore bien longue.

Toutefois

Même si l’Espagne est le plus mauvais élève en matière de respect de l’animal on peut se réjouir de l’abrogation du lancer de chèvre. Ce rituel avait lieu dans le village de Manganeses de la polvorosa. Selon une légende, une chèvre serait tombée du clocher de l’église locale et serait atterrie sur le sol sans une égratignure. Un miracle que l’on doit à la vierge Marie, dit-on… Depuis, on lançait chaque année une chèvre depuis ce clocher en l’honneur de la Sainte-Vierge… Mais la victime ovine ne parvenait pas à en réchapper indemne. Depuis 2012, fort heureusement, on n’est plus autorisé qu’à lancer une réplique de chèvre ! Les associations espagnoles de défense des animaux se battent dans le pays pour faire interdire la corrida. Elle commence par ailleurs à être en perte de vitesse notamment auprès des jeunes.

Vers la fin de la maltraitance animale au cours du XXIe siècle ?

Si certaines traditions archaïques perdurent encore, d’autres ont été bannies. Les consciences se réveillent peu à peu concernant le bien-être animal. Le ministre de l’Agriculture a annoncé pour 2022 la suppression du broyage des poussins mâles. On se débarrasse dans l’industrie des œufs en raison de leur « inutilité ». Suite à l’ICE, l’initiative citoyenne européenne visant à mettre un terme à l’élevage en cage, la Commission européenne s’engage à interdire l’élevage en cage d’ici 2027.

Cela a été rendu possible avec les pétitions qui se multiplient grâce à internet. Celles-ci dénoncent aussi régulièrement des traditions barbares. C’est le cas du festival chinois de Yulin où l’on mange de la viande de chiens et chats (entassés préalablement dans des cages 3 jours durant). L’association L214 parvient à fermer des abattoirs ou élevages qui ne respectent pas les normes en matière de bien-être animal. La présentation d’animaux sauvages dans les cirques va être progressivement interdite en France. Le XXIe siècle marquera-t-il, à terme, la fin de la maltraitance animale ?

Elevage de poules en cage
Elevage de poules en cage

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Par  Sandra Novelli ,

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