Quand on pense aux jeux de cartes, on pense forcément au poker et aux clichés qui l’entourent. Pourtant, loin des stéréotypes, une pratique accessible à tous existe. Je suis parti à la découverte du poker associatif.

C’est au début du 19ème siècle qu’apparaît le poker dans sa version moderne en Louisiane, à la Nouvelle-Orléans. Profitant de la ruée vers l’or, les premiers joueurs professionnels plument les aventuriers et cowboys partis à la conquête de l’Ouest, dans les saloons ou sur les bateaux descendant le Mississipi. Le film Maverick de 1994 avec Mel Gibson et Jodie Foster illustre d’ailleurs magnifiquement le sujet.

Les règles du poker ne sont alors pas celles que l’on connait aujourd’hui. C’est pendant la guerre de Sécession que ces dernières s’établissent puis se stabilisent. Elles sont ensuite apportées jusqu’en Europe dans les bagages des militaires venus du continent américain.

Des clichés bien ancrés

Si l’on me parle de poker, je pense immédiatement à l’ambiance enfumée d’un casino de Monaco et à une partie endiablée entre mafieux ou espions. James Bond, ce chanceux, aura forcément la bonne main pour gagner au bout du suspense et au péril de sa vie.

De la chance, il en faut pour remporter cette liasse de billets, tout cet argent entassé au milieu de la table. Comment pourrait-il en être autrement ? Derrière son chapeau de cowboy et ses lunettes noires, comment ce joueur professionnel pourrait-il jouer stratégiquement, après quelques verres de whisky ?

Vous l’aurez compris, je ne connais que très peu le poker et tous ces clichés sont ceux auxquels je m’attendais en partant à la découverte de ce jeu.

Le poker associatif, pour casser les stéréotypes ?

Pokerasso - Aurélien Mocq
Pokerasso – Aurélien Mocq

Les 6, 7 et 8 mai 2023 avait lieu à Annecy la finale du championnat de France de poker associatif, le championnat national individuel des clubs. Ce rendez-vous annuel organisé par le Club des Clubs de poker regroupe les meilleurs joueurs amateurs de l’hexagone.

Alors, ces 400 joueurs sont-ils vraiment venus pour la beauté du jeu ?

Derrière les tenues estampillées avec le logo de leur club, certains semblent détendus et à la recherche d’un moment de plaisir entre amis. Pour une autre partie des joueurs, la concentration est évidente et l’enjeu important, celui de décrocher le titre de champion de France.

Si la finale est accueillie par le casino Impérial d’Annecy, on est à mille lieues des clichés. La salle est grande et lumineuse, les joueurs tournent à l’eau et au Coca-Cola et les jetons ne représentent qu’une valeur symbolique. Pas question de ruiner qui que ce soit pendant le week-end !

Poker associatif ou professionnel, une frontière étroite

Lors de la finale du CNIC 2023 à Annecy - Aurélien Mocq
Lors de la finale du CNIC 2023 à Annecy – Aurélien Mocq

Dans la salle du casino Impérial, aucun chapeau de cowboy, mais une grande partie des joueurs se cache tout de même derrière une paire de lunettes, une casquette ou une capuche.

Dès le coup d’envoi des parties, le silence règne et l’atmosphère devient pesante : la tension est palpable.

Les 60 meilleurs joueurs du week-end se partagent un pactole de 48 000 euros, dont plus de 7000 euros reviennent au vainqueur (le Saône et Loirien Garry Amps).

On parle donc finalement d’argent, même dans le poker associatif ? Oui, mais pas seulement.

Les 9 finalistes, bien qu’amateurs, se voient offrir des packages pour participer à des tournois professionnels. Le champion de France est même plongé dans le grand bain, en bénéficiant d’une invitation pour un tournoi à Las Vegas, la Mecque du poker et de ses clichés.

De là à dire que la boucle est bouclée, il n’y a qu’un pas…

Geoffroy Marcheix, amateur avec un pied dans le poker professionnel

Geoffroy "Maverick" Marcheix, joueur de poker associatif et ancien candidat de la téléréalité "La Maison du Bluff"
Geoffroy « Maverick » Marcheix, joueur de poker associatif et ancien candidat de la téléréalité « La Maison du Bluff »

Jouez-vous uniquement dans le monde amateur ?

Je connais les deux côtés du poker, le côté amateur mais aussi celui du poker payant. Mais je joue avec des limites qui sont assez basses de l’ordre de 500 euros.

Le championnat de France associatif, c’est pour vous un plaisir de jouer ou un réel objectif de victoire ?

Je ne viens pas du tout pour le plaisir de jouer. Je suis passionné par le poker depuis 15 ans, c’est une vraie passion pour le jeu. Et la compétition est un plaisir pour moi. Je viens pour faire mieux que l’année dernière, j’avais atteint la table finale et la 7ème place. Mon côté compétiteur fait que je viens pour gagner, cette année. » (Geoffroy terminera 15ème du championnat).

Il y a de l’argent en jeu dans cette compétition d’amateurs, la frontière avec le poker professionnel est étroite ?

Il y a un peu d’argent à gagner mais ce n’est pas ce qui me motive. La frontière est assez mince, oui et non. Dans le poker associatif, on est souvent sur des tournois gratuits. Pour la finale, l’engagement est de 100 euros mais j’ai la chance que mon club prenne en charge le tournoi. Il n’y a donc pas cet engagement de frais qui existe dans le milieu professionnel.

Chez les pros, avec l’inscription, le trajet, l’hébergement, il faut être rentable. En arrivant sur la fin des tournois, les prix alloués rentrent dans la réflexion. Pour moi, il n’y a aucun impact sauf si j’arrive dans les 3 ou 4 premières places. L’an dernier, j’avais 750 euros en cash et la même somme en valeur de tickets pour participer à des tournois.

C’est une difficulté, lorsqu’on passe de l’associatif au pro, de ne pas avoir l’habitude de gérer l’argent. Les paliers représentent beaucoup chez les professionnels. Quand on commence à parler de 1000 euros, on parle presque d’un SMIC, net d’impôts ! Finalement, pour moi la frontière est très large entre ces deux mondes.

Vous servez-vous du poker amateur comme d’un entraînement pour les tournois professionnels ?

Oui, je le prends comme un entraînement, comme quand je joue chaque semaine. C’est en faisant qu’on apprend ! Comme on ne vit pas de cela et qu’on a une vie de famille, cela prend du temps. Le poker est un sport cérébral, il n’y a pas de hasard et sans pratique régulière, on perd les repères.

Petit bilan

Les stéréotypes sont toujours bien ancrés dans les esprits et le poker n’est toujours pas reconnu comme un sport à part entière. Limitant d’ailleurs la structuration autour de la discipline puisque si ce n’est pas un sport, il ne peut y avoir de fédération pour l’encadrer.

Pour ma part j’aurais croisé, pour sûr et en un week-end, 400 sportifs compétiteurs et plusieurs coachs mentaux pour les accompagner.

Chacun continuera à se faire son propre avis mais ça m’aura au moins donner envie d’essayer. Suite au prochain numéro.

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Par Aurélien Mocq ,

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