La pêche à la mouche est une technique qui allie nature et éthique, sport et patience et enfin plaisir loisir. La mouche est un leurre soit en insecte, soit sa larve. Benoît est un pêcheur à la mouche (moucheur) de 45 ans qui vit à Evreux en Normandie, il est ingénieur de métier et nous livre sa vision et son parcours dans un entretien cash à propos du monde de la pêche qui revêt un lien indéniable avec dame nature. Interview.

Quels modes de pêche as-tu pratiqué et pourquoi ?

J’ai démarré vers l’âge de 6 ans avec mon père. C’était l’occasion d’un moment de partage entre père et fils et également une découverte et un apprentissage de la nature et de l’environnement.

Dans un premier temps ce fut la pêche au coup car le plus simple pour commencer avec des poissons blancs tels que gardon, brême, ablettes…

Ensuite vers l’âge de 10 ans, j’ai commencé la pêche de la truite au toc. Et depuis l’âge de 16/17 ans je pêche exclusivement à la mouche tous les types de poisson (truites, ombres communs, brochets…). La pêche est pour moi un moment d’évasion et de tranquillité, c’est là que je me ressource.

Lors d'une session de pêche de Benoît
Lors d’une session de pêche de Benoît

On ne peut résister à l’envie de te demander pourquoi tu as pris la mouche ?

C’est pour moi la pêche la plus complète qui combine, au-delà de l’apprentissage du lancer, une approche complète autour des modes d’alimentation des poissons, leur comportement et aussi une connaissance dans les insectes et invertébrés dont les poissons se nourrissent. Et à cela vient s’ajouter la partie montage. Car cette pèche utilise des imitations d’insectes que l’on fabrique avec des plumes et des poils d’animaux.

Pour les amateurs de cinéma, un film représente bien cet esprit. C’est le film « Et au milieu coule une rivière » avec Brad Pitt. 

Affiche du film "Et au milieu coule une rivière"
Affiche du film « Et au milieu coule une rivière »

Quel budget faut-il compter pour l’achat de matériel ?

Il existe tous les prix. On peut débuter avec un minimum d’équipement pour moins de 150€. Après et comme tout autre loisir, il est possible d’acheter du matériel très haut de gamme. Il y des cannes qui peuvent couter jusqu’à plus de 800€.

Mais désormais et avec internet, il y a toujours moyen de faire de bonnes affaires.

Une mouche fabriquée à la main
Une mouche fabriquée à la main

Et l’écologie dans tout cela ?

C’est un long débat qui divise énormément et je pourrais écrire un roman sur le sujet… Pour moi c’est primordial ! Tout d’abord, je pratique comme beaucoup de pécheurs ce que l’on appelle le No-Kill. Le principe est de rendre un poisson à son milieu en le manipulant le moins possible et en le laissant dans l’eau pour le décrocher. Nous pêchons également sans ardillon.

Cela permet de blesser le moins possible le poisson. Comme je le dis souvent, c’est comme si nous péchions avec une aiguille juste tordue.

Mouche de pêche sans ardillon
Mouche de pêche sans ardillon

Autre point important, les pêcheurs sont au bord de l’eau. Et sont donc en sorte les gardiens des rivières. La plupart des pollutions sont constatées par les pêcheurs eux-mêmes, et pas par des néo-écolos qui pour la plupart du temps ne connaissent pas bien le milieu aquatique et son fonctionnement.

La valorisation halieutique et le développement durable, parle-nous de ce fondement écologiste

C’est un autre sujet primordial, qui nous concerne tous et pas seulement les pécheurs. Les rivières en France se portent très mal, l’écosystème a été affaibli depuis des années par les pollutions, la production intensive, et des aménagements qui ne respectent pas la circulation des poissons (barrage, seuil, centrale électrique). Les rivières manquent d’eau et la quantité de poisson diminue d’année en années.

Les associations de pêche travaillent énormément sur ces sujets et ont même des obligations sur la gestion de leurs parcours de pêche. Mais les pêcheurs ne sont pas écoutés. La pêche reste assez mal perçue dans l’esprit des gens et les clichés sont toujours là. Le Bob Ricard, bière au bord d’un étang, et tout le reste.

Le monde de la pêche a pourtant beaucoup changé depuis des années. Les pêcheurs sont devenus des sentinelles, des gardiens et respectent bien plus l’environnement que l’on peut le penser.

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Il faut faire de la pédagogie auprès des non-pécheurs. Expliquer, faire découvrir, pour montrer que, au-delà des poissons, l’eau est une ressource indispensable à l’homme et qu’il faut la préserver, la protéger. Si un jour les poissons disparaissent, l’étape suivant sera le manque d’eau. Et quand nous n’aurons plus d’eau à nos robinets… il sera certainement trop tard.

La pêche pourrait-elle être une discipline olympique et pourquoi ?

Non je ne pense pas. Cela doit rester un loisir avant tout. Il existe des compétitions (nb :la France est d’ailleurs Championne du monde de la pêche à la mouche), mais c’est un type de pêche bien particulier bien loin d’un loisir et de la détente.

Benoît pêche
Benoît pêche

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Propos recueillis par Magali Bouchez,

Originaire du nord, végétarienne depuis l’enfance, curieuse boulimique et passionnée, j’ai essayé de me limiter aux langues, à l’art, au sport. Essayer fut un doux euphémisme. Parents fatigués par mon envie de globe trotteur. Ce qui me touche le plus : la cause animale. Suite à un burn out, j’ai découvert la méditation, effet salvateur garanti.

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