Au cœur de la culture hip hop, la battle de danse fait partie des codes caractéristiques de ce mouvement. Connu de tous et popularisé par les compétitions de breakdance. À mi-chemin entre l’art et le sport, l’origine et le but de cette pratique sont souvent méconnus. Retour sur son histoire !

La battle de danse, cet affrontement de rue issu du courant Hip Hop voit le jour aux États-Unis pour se développer rapidement outre Atlantique. Présente dans différentes formes d’expression du mouvement : rap, musique, graffitis, c’est surtout en danse qu’elle a une place symbolique. Désormais, les battles de breakdance sont pratiquées dans le monde entier et des championnats internationaux distinguent les plus grands danseurs.

Pourtant l’enjeu de cette pratique reste le même : l’envie de se défier, de se mesurer lors d’un combat symbolique où performance artistique et sportive se mêlent. Alors comment la pratique de la battle est-elle considérée aujourd’hui ? Si cette discipline flirte de plus en plus avec la notion d’art et de sport, il faut revenir à ses racines pour en comprendre la démarche.

Le Bronx, terre de la battle de danse : histoire d’un contexte social

Enfants du Bronx
Enfants du Bronx

La pratique de la battle est liée à la naissance du mouvement Hip Hop. Ce courant voit le jour dans le quartier du Bronx à New York dans les années soixante dix. En réponse à un contexte social, économique et politique violent. Une prise de conscience qui va donner à la culture Hip Hop son ADN. L’idée est de canaliser cette violence pour la transformer en un message positif : « love peace and unity » (« amour paix et unité » slogan du mouvement).

En parallèle, c’est le début des « block parties » ces fêtes de rue où l’on voit émerger les différentes pratiques du Hip Hop. On s’affronte aux battles de rap, en musique avec la pratique du « Djing » (art de jouer avec les platines), on se défie sur les murs de la ville à « coups de » graffitis. Et surtout on se mesure en danse. Les figures et les démonstrations s’enchaînent tour à tour, c’est à celui qui sera le plus performant, le plus audacieux.

Pratique de rue et goût du défi

Terrain de jeu de la battle, la rue est l’espace d’expression privilégié de cette pratique. C’est au départ une danse informelle basée sur l’improvisation. Un cercle se forme naturellement autour de danseurs qui vont s’affronter tour à tour en rentrant dans le cercle. Démarre alors une sorte de combat symbolique des corps. Ils exécutent une succession de mouvements sur fond de musique Hip Hop.

On peut parler de « démo », le but sera d’enchaîner les figures toujours plus spectaculaires. Il faut montrer à son adversaire sa puissance, sa technique et sa créativité. Ainsi tout au long des différentes manches, le défi est de dépasser l’autre, de surenchérir la performance. Au cœur du processus de la battle, il y a donc cette idée de confrontation, cette envie de se mesurer à l’autre qui découle directement du contexte de la culture Hip
Hop. On veut exprimer symboliquement sa rage, sa violence par la performance physique.

Lors de la battle, les adversaires se toisent, se charrient par le mouvement mais jamais par la parole. Cette ambiance d’affrontement est renforcée par l’émulation de la foule qui va soutenir son adversaire et désigner le vainqueur. C’est la naissance des « crews » (groupe). On pratique la battle en groupe, on se crée son identité, son nom.

Championnat Redbull
Championnat Redbull

La théâtralisation tient une place importante dans la battle et prend sa source dans l’histoire même du hip hop. Ce besoin de répondre par la performance à la violence du contexte. Le message délivré est celui de la tolérance, du dépassement de soi. Quand une battle se déroule, il y a également une volonté de domination. Il faut triompher, vaincre son adversaire. L’improvisation et la réaction en direct sont des dimensions fondamentales. Il faut pouvoir réagir à la performance de son adversaire comme dans un combat.

Succès viral de la battle , passage de la rue à la scène

La pratique de la battle s’est largement popularisée s’exportant outre Atlantique et diffusant la philosophie Hip Hop partout en Europe. Un succès qui voit naître les premières compétitions de breakdance. La modalité de la pratique va toutefois évoluer. Si l’objectif est toujours celui de se défier face à face, les conditions sont plus encadrées. Les battles s’organisent lors de championnats, de rencontres ou de festivals. Il y a désormais des
jurys, des notations, des classements. Chaque pays ou presque possède son championnat. On veut se mesurer entre les pays, découvrir les techniques et chorégraphies selon les cultures. Si le Red Bull BC One en est un exemple parlant (compétition internationale de breakdance), la France avec ses grands événements comme le Battle Pro ou le Juste Debout organise parmi les plus importantes compétitions internationales.

Le spectacle vivant aussi s’approprie et joue avec les codes de la culture hip hop, de plus en plus de créations mêlent le contemporain au breakdance. Tout comme le développement des championnats qui mettent à l’honneur la pratique de la battle se pose la question de l’évolution de cette discipline. Va-t-on vers une pratique plus encadrée, moins spontanée ? La battle peut-elle être considérée comme un sport ou comme un art ?

Performance sportive ou artistique ?

La pratique de la battle, qui intègre donc le breakdance, fera partie des futures disciplines des Jeux Olympiques de 2024. Une annonce qui fait resurgir un débat : la battle, sport ou art ?

Si pour certains cette nouvelle est accueillie positivement puisqu’elle contribuerait à une reconnaissance de leur travail, à une consécration pour la culture urbaine. Cette décision serait pour d’autres une menace. Une remise en cause du fondement même de cette discipline. À savoir une danse de combat basée sur la liberté d’expression et la spontanéité. La frontière entre art et sport reste mince, on peut considérer que le breakdance est avant tout un art qui repose sur une performance sportive.

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Par  Marie Dardenne ,

Parisienne mais pas que, un temps dans l'événementiel, elle est à l'affût des nouveautés. Expo, festival, resto, voyage ... toujours une bonne raison de sortir et de partager ses expériences ! Bref le bon mélange pour vous proposer des articles pétillants !

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