Danser est une activité commune à toutes les cultures, une envie irrépressible qui nous anime quand le rythme de la musique nous envahit. De plus, ses bienfaits psychologiques sont bien connus. Invitation au voyage… pour entrer dans la danse !

La danse, une pratique multiforme 

Quand on parle de danses, chacun a son référentiel. Pensez-vous au rock and roll, à la valse, au tango ? Voici les danses de salon, plutôt citadines, dont certaines contribuent à une certaine étiquette internationale. Pensez-vous à la bourrée, au fandango, au rigaudon ? Voilà plutôt des danses traditionnelles, de France pour celles-ci, qui sont généralement plus rurales et à caractère régional. Pensez-vous à la ronde, à la farandole, à la chenille ? Vous avez certainement des enfants dans votre entourage ! Pensez-vous plutôt ballet, pointes ou arabesque ? C’est sans aucun doute la danse classique qui a votre préférence.

Pulp Fiction – Dance Scene

Danser n’est pas seulement bouger

La danse est une combinaison de nombreux éléments. Tout d’abord et bien entendu, la musique. Des artistes contemporains tels que Doris Humphrey ou Trisha Brown ont certes expérimenté la danse sans musique, mais ce n’est pas la règle. Chaque danse se rattache généralement spécifiquement à un style musical, contribuant à la spécificité de ces ensembles culturels.

Au service de la musique se trouvent les instruments. Le sabar, originaire du Sénégal et de Gambie, est par exemple un terme désignant à la fois le tambour utilisé par les musiciens, le style de musique joué, la danse correspondante et la fête populaire qui en découle.

Issus de traditions locales, de symboliques millénaires, de métissages ou répondant à un désir d’amusement ou de prouesse technique, les pas de danse, mouvements et figures composent la danse. Chaque combinaison porte un nom et a ses adeptes. Savez-vous par exemple que la polka diffère de la polka piquée, de la polka à la française ou de la polka-mazurka ? Une danse bien connue pour ses pas est notamment le madison, inventé dans les années 1960 à Philadelphie et popularisée par le film West Side Story. Les danseurs de madison évoluent les uns à côté des autres, ce qui le différencie des danses de couple. Parmi ces dernières, nombreuses sont celles où l’homme guide le pas, ce qui n’est pas le cas du Kazatchok ukrainien, ancienne danse des Cosaques, où ce sont les hommes qui imitent les figures des femmes.

Petit garçon russe dansant le Kazatchok (1985)
Petit garçon russe dansant le Kazatchok (1985)
Photo par Vitrovius

La danse, un patrimoine matériel et immatériel

Quand on cherche « danse » dans la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, on ne trouve pas moins de 211 expressions culturelles inscrites ! Mais ce ne sont pas les seuls pas de danse qui font l’objet de toute cette attention. Les costumes font partie intégrante du spectacle, comme la robe rouge et noire du flamenco sévillan ou les parures d’argent des femmes miao en Chine.

Ce sont parfois des objets qui caractérisent le mieux une danse, tels les bâtons, qu’on retrouve en Catalogne dans le Balls de bastons, qui impulsent un rythme à la chorégraphie, ou encore à Trinité-et-Tobago (et bien au-delà) dans le limbo, où il sert de limite à ne pas franchir, toujours plus bas, toujours plus bas. La danse est également le témoignage ou le véhicule d’une recherche spirituelle. Ainsi, les soufis mevlevis, communément appelés derviches tourneurs, en font une partie intégrante de leurs rites permettant d’accéder à la vérité divine. Le Ka mate ! quant à lui, haka rendu mondialement célèbre par les rugbymen néozélandais des All Blacks, renvoie à la légende du guerrier Te Rauparaha et prémunit contre la défaite.

La danse, choquante ?

« Eh bien ! dansez maintenant », rétorque la fourmi de La Fontaine à la cigale peu prévoyante, comme s’il s’agissait d’une activité répréhensible. Le poète ne croit pas si bien dire, car la danse a pu passer pour une provocation à toutes les époques et être interdite dans bien des pays. L’Allemagne oblige encore les boîtes de nuit à fermer pendant certaines fêtes religieuses, figurez-vous !

Bien entendu, il y a des danses qui prêtent plus que d’autres au scandale. Il en est ainsi du French cancan, né à Paris à la Belle Epoque et réinterprété en ballet par l’anglais Charles Morton en 1868. Depuis, le Galop infernal d’Orphée aux Enfers d’Offenbach reste une musique caractéristique du Moulin Rouge ou des Folies Bergères, de même que l’aura sulfureuse des jambes levées et des froufrous. En Egypte, le Raqs Sharqi, surnommé danse du ventre, fut popularisé à l’Opéra Casino au début du XXe siècle puis dans le cinéma égyptien mais reste licencieux et les représentations principalement réservées aux touristes.

Danseuses de cancan, affiche de la fin du XIXe siècle
Danseuses de cancan, affiche de la fin du XIXe siècle

La danse, une passion planétaire

Ce qui peut surprendre, c’est que ce patrimoine protéiforme se transmette de génération en génération depuis des siècles. Il existe très peu de partitions chorégraphiques, surtout pour les danses populaires, car elles se transmettent essentiellement par imitation. Outre les bals populaires et fêtes traditionnelles, de nombreux groupes folkloriques ont permis cette diffusion contemporaine. Les émissions télévisées telles que Danse avec les stars ou La France a un incroyable talent sont aussi très populaires et contribuent à alimenter la flamme. Dans la haute société, ce sont les rallyes dansants qui permettent l’apprentissage des danses de salon.

Les spectacles et concerts sont aussi un vecteur de partage, parfois à une échelle internationale, comme le concert de Calypso Rose à Coachella en 2019 ou encore les tournées internationales des Celtic Legends et de Shen Yun, qui est en réalité composé de sept compagnies se produisant dans le monde entier.

Celtic Legends France 2015

La danse, un patrimoine en perpétuelle réinvention

Malgré leur fort caractère régional, les danses sont souvent des espaces de métissage. Un exemple bien connu est la danse Bollywood. Inspirée au départ des danses indiennes classiques, à l’image du cinéma éponyme qui reprend les codes scéniques millénaires, on y retrouve depuis les années 1960 de plus en plus d’influences : rock, hip hop, danses latino ou orientales, etc.

En outre, et du fait aussi de ces échanges culturels, de nombreuses danses devenues iconiques ont en réalité été inventées au cours du dernier siècle. C’est le cas du Charleston, inventé vers 1900 aux Etats-Unis et incarné par l’indétrônable Joséphine Baker.

(1925) Josephine Baker dancing the original charleston

Plus proche de nous, des danses continuent de s’inventer et prennent une ampleur mondiale avec l’influence d’artistes et plus tard d’Internet. Le fameux Moonwalk de Michael Jackson, révélé sur Billie Jean en 1983, est un exercice du mime Étienne Decroux.

Étienne Decroux La marche sur place

Puis, l’accélération des modes se fait sentir depuis le tournant du millénaire : la Macarena de Los del Rio (1993), la Tektonik (2007), le Gangnam style de Psy (2012), le Floss de Backpack Kid (2017), le skibidi de Little Big (2018)…

Comme le dirait le chanteur HK : « nous on veut danser encore ».

HK – Danser encore (Officiel)

L’info pratique

Envie d’en apprendre plus sur la danse, sur les danses ? La médiathèque du Centre national de la danse est une véritable mine d’or, avec des archives audio et vidéo, des revues, des ouvrages, des partitions chorégraphiques…

L’info insolite

Saviez-vous que le sirtaki n’est pas une danse traditionnelle grecque ? Elle fut créée pour le film Zorba Le Grec (1964) sur la base d’une danse réelle, le hasapkos, et la chorégraphie modifiée le matin même du tournage car l’acteur Anthony Quinn s’était foulé la cheville ! Et son nom ? Sir (titre honorifique anglais) – Taki (Anthony en Grec).

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Par  Laure Armand d’Herouville,

Après avoir vécu son enfance à travers le monde et mené à bien des études d’Histoire et de gestion de projets culturels, Laure Armand d’Hérouville exerce depuis 10 ans dans cet univers créatif et exaltant. Elle est désormais consultante indépendante, en particulier dans le domaine des musées et du patrimoine.

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