Cérémonie religieuse traditionnelle de l’Empire inca, l’Inti Raymi célèbre le Dieu Soleil chaque 24 juin au Pérou. Cette fête coïncide avec le solstice d’hiver dans l’hémisphère sud.
L’Inti Raymi est une fête traditionnelle célébrée principalement au Pérou. Mais également dans d’autres pays d’Amérique latine qui ont une forte présence de la culture andine. Comme la Bolivie, l’Équateur, la Colombie et l’Argentine… La fête peut varier légèrement en fonction du pays et de la région où elle est célébrée. Nous nous concentrerons uniquement sur la version péruvienne.
Aujourd’hui, cette fête rassemble plus de 100 000 personnes, des touristes étrangers mais aussi des Péruviens. Mais comment se déroule-t-elle et que symbolise-t-elle pour les Péruviens ? Cette célébration a-t-elle connu des évolutions au fil du temps ? Le peuple péruvien réussit-il encore de nos jours à préserver l’authenticité de ce patrimoine culturel ?
Les origines de la fête Inti Raymi
L’Inti Raymi est une fête ancestrale célébrée par les Incas pour honorer le dieu soleil Inti. Cette célébration tire ses origines du Wawa Inti Raymi. Instaurée par Inca Pachacutec en 1430 afin de réaffirmer le pouvoir inca sur les cultures conquises par l’empire. C’est la commémoration du début du solstice d’hiver où l’Inca, gouvernant suprême, rend hommage au dieu Soleil. Il le remercit pour les abondantes récoltes et l’implore pour avoir des terres fertiles et que le Tahuantinsuyo continue de prospérer. Elle marque donc la fin des récoltes et un nouveau cycle de récoltes qui débutait à partir du 21 juin. C’est la plus importante festivité du Tawantinsuyu, d’une durée de 15 jours.
Les rituels et traditions associés à la fête Inti Raymi
L’Inti Raymi comprend une série de rituels, de danses et de cérémonies qui se déroulent sur plusieurs jours. Les participants portent des vêtements traditionnels, jouent de la musique et dansent pour honorer le dieu soleil. Les hommes suivaient une diète stricte 3 jours avant la célébration. Manger uniquement du maïs blanc cru, quelques herbes, de l’eau, et… interdiction de dormir avec une femme !
Outre la cérémonie principale qui a lieu sur la place Sacsayhuamán de Cusco, d’autres activités se tiennent dans la ville. Telles que des danses, des parades et des festivals. La fête est également devenue un symbole de la culture péruvienne. Elle est célébrée dans d’autres parties du pays, en particulier dans les régions andines.
Les lieux importants de la fête Inti Raymi
La fête se déroule principalement dans la ville de Cusco, l’ancienne capitale de l’Empire inca. L’empire le plus grand d’Amérique et l’un des plus grands empires du monde d’ailleurs. On compte trois sites historiques principaux : la Plaza de Armas de Cusco, le Qorikancha ou temple du Soleil, et Sacsayhuaman, une forteresse inca dans les hauteurs de Cusco.
Une fête interdite par les colons espagnols puis réhabilitée au 20ème siècle
À l’arrivée des Espagnols sur le territoire andin, la fête de l’Inti Raymi fût interdite. En bons catholiques, les colons ne voyant que les côtés païens de la célébration, décidèrent de la transformer en fête de la Saint-Jean. Pendant des années, elle était donc célébrée clandestinement par les communautés d’Amérique du Sud. En 1944, Faustino Espinoza, réussit l’exploit de remettre au goût du jour cette fête ancestrale en se basant sur les chroniques de de Garcilaso de la Vega. Depuis, chaque année à la même époque, Cuzco devient le théâtre de la plus grande célébration d’Inti Raymi au monde.
Inti Raymi : une réappropriation de sa propre histoire par le peuple péruvien
L’Inti Raymi est une façon pour les Péruviens de se réapproprier leur histoire et de revaloriser les racines incas de leur culture. En célébrant la fête du Soleil, les Péruviens honorent la mémoire de leurs ancêtres et leur culture, qui ont été opprimés pendant la période coloniale. En réintroduisant l’Inti Raymi dans leur vie culturelle, les Péruviens prennent le contrôle de leur histoire et de leur identité culturelle.
De plus, la célébration de l’Inti Raymi permet aux Péruviens de renforcer leur lien avec la nature et leur environnement. Les Incas considéraient le Soleil comme une divinité et l’Inti Raymi était une façon de remercier la nature pour les récoltes et la vie. En célébrant la fête du Soleil, les Péruviens peuvent se connecter à leur environnement et renouer avec leur spiritualité.
Les défis pour la préservation de la fête aujourd’hui
Malgré son importance culturelle, l’Inti Raymi est menacé par plusieurs facteurs, tels que la pollution et la destruction de l’environnement, ainsi que la perte de connaissances traditionnelles. Il est donc important de sensibiliser le public à l’importance de préserver cette fête ancestrale. L’Inti Raymi continue d’être célébré aujourd’hui et cette fête est devenue un événement annuel important au Pérou qui attire de nombreux touristes du monde entier. Certains voient dans le développement du tourisme de masse un danger pour préserver l’authenticité de la fête de l’Inti Raymi. En effet, on peut penser que le « folklore » est poussé à son paroxysme pour « séduire » les touristes et forcer le trait.
Au fil des ans, l’Inti Raymi a subi des évolutions pour s’adapter aux changements sociaux et culturels du Pérou moderne. Bien que l’Inti Raymi ait connu des évolutions, la signification et l’importance culturelle de cette fête sont toujours présentes dans la société péruvienne moderne.
En conclusion, l’Inti Raymi représente donc un moyen pour les Péruviens de reprendre le contrôle sur leur histoire et leur culture
en renouant avec leurs racines incas et en honorant leur environnement naturel. La célébration de l’Inti Raymi témoigne de la résilience de la culture andine face à la colonisation et à la mondialisation, et de l’importance de préserver les traditions culturelles pour les générations futures. En 2001, le congrès péruvien a inscrit cette célébration au Patrimoine culturel de la Nation. Cela donne du poids et de la reconnaissance pour la culture andine. Une fierté pour le peuple péruvien peut-être tiraillé entre l’envie de valoriser leur histoire sans pour autant transformer cette tradition ancestrale en énorme « attrape-touriste » commercial ! Gageons que les Péruviens sauront trouver des solutions pour faire perdurer cette fête sans pour autant la vider de sa substance originelle…
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Par Anne-Elise Grosbois ,
